Aux mains de la gendarmerie nationale : L’ordinateur de Séka Séka livre des secrets


Les limiers de la gendarmerie nationale, qui enquêtent sur Yapo Séka Anselme, le très craint ex-garde du corps de Simone Ehivet Gbagbo, tombé dans la « gueule » de la police ivoirienne, le samedi 15 octobre 2011, alors qu’il était en transit pour la Guinée-Conakry, ont commencé à faire « parler » son ordinateur qu’ils ont saisi, en sa possession. En consultant cet ordinateur portable, ils sont tombés sur une « véritable mine d’informations », selon un magistrat militaire proche du dossier. « Nous nous sommes rendus compte que son ordinateur renfermait des fichiers contenant des informations militaires sensibles relatives à la sûreté de l’Etat de Côte d’Ivoire » a indiqué notre source, sans entrer dans des détails. Néanmoins, il ressort de nos investigations que cet ordinateur à la disposition des gendarmes renferme des données, ainsi que les coordonnées des militaires. Des fichiers renfermant des documents et des noms des militaires, leurs numéros de téléphone portable ou encore des adresses électroniques des cadres de l’ex-Lmp en exil… Cette masse considérable d’informations est en train d’être soigneusement exploitée par les enquêteurs et Séka Séka devrait, cette semaine, être présenté à un juge d’instruction militaire. Le parquet militaire, d’ordinaire assez prolixe, s’est mué dans un silence cette fois. Toutes nos démarches auprès d`Ange Kessy, le commissaire du gouvernement sont restées lettre morte. Il reste que cet ordinateur, selon une source bien introduite, est aujourd’hui un outil décisif aux mains des autorités ivoiriennes et pourrait servir de fil conducteur à de nouvelles interpellations…

Le commandant Séka Séka, selon des sources proches du dossier, a été arrêté, en même temps qu’un citoyen biélorusse, pour « vérification d’informations ». Il se rendait à Conakry où il devait rencontrer un officier général. A quelle fin ? Du pays d’Alpha Condé, qui n’a toujours pas digéré l’invitation de ses opposants, notamment Sidia Touré et Celou Dalen Dialo à l’investiture du président Alassane Ouattara, Séka Séka devait mettre le cap sur Buchanan, au Liberia, dans le comté de Grand Gedeh, à la frontière ivoiro-libérienne. Les enquêteurs ont mis la main sur ses contacts dans ces deux pays. Séka Séka est parti d’Accra, le 15 octobre dernier. En transit à Abidjan où son vol, de la compagnie Sky s’est posé pour une escale, le commandant a été mis aux arrêts par la gendarmerie nationale aux environs de 16 h à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny. Il avait, en sa possession, la somme de 10.000 dollars, l’équivalent de 5 millions de Fcfa lors de son arrestation. Séka Séka, en plus de deux passeports ordinaires ivoiriens dont l’un déclinait le nom de Bececon Ohuoi Anicet, avait sur lui un passeport angolais et un ordinateur portable qui, est aujourd’hui, est en train de livrer des informations « jugées sensibles » par des spécialistes des renseignements.

Il y a deux mois, peu avant l’attaque des villages frontaliers de l’ouest ( Nigré et Zriglo), d`importantes quantités d`armes et de munitions avaient été saisies dans diverses zones de l`est et du sud-est du Liberia, près de la frontière ivoirienne, avaient annoncé les services libériens de l`Immigration, le 10 août 2011, deux mois après une découverte similaire dans la région. Ces armes sont de la dotation de l’armée ivoirienne avec lesquelles, les mercenaires et miliciens avaient fui vers le Liberia. Les armes ont été trouvées dans les comtés de Nimba, River Gee, Grand Gedeh et Maryland, frontaliers de la Côte d`Ivoire, grâce "au soutien maximal du ministère de la justice " et "à la collaboration de quelques ex-combattants", avait déclaré le commissaire libérien Chris Massaquoi. Parmi les armes et munitions saisies, figuraient des roquettes, des mitrailleuses, des Kalachnikov, avait ajouté ce commissaire libérien. Elles ont été récupérées "par des officiers d`une patrouille des services de l`Immigration, suivant des renseignements collectés dans certaines villes le long de la frontière entre le Liberia et la Côte d`Ivoire". Au mois de juin 2011, la police libérienne avait également découvert d`importants stocks d`armes et de munitions dans le district d`U`gbo Barro (comté de Rivergee). Selon elle, ces armes ont été envoyées au Liberia après la crise postélectorale en Côte d`Ivoire (de novembre 2010 à avril 2011), marquée par des violences dans lesquelles des Libériens sont accusés d`avoir participé comme mercenaires.

Aujourd’hui, avons-nous appris, le Libéria a fermé ses frontières avec la Côte d’Ivoire.

Armand B. DEPEYLA

( Abdijan.net )
Mercredi 19 Octobre 2011