DAKARACTU.COM L’idée la plus malheureuse du Mouvement des forces vives du 23 juin (M23) est celle d’avoir lancé un ultimatum au chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, pour qu’il retire sa candidature avant la fête de la Tabaski. Cet ultimatum est politiquement inopérant et symboliquement dégradant. Abdoulaye Wade n’est pas homme à se plier à une injonction de cette nature. Ce combattant dans l’âme, aguerri sous les feux de vingt-six d’opposition et de brimades de toutes sortes, n’est au sommet de ses capacités que dans l’adversité. Jamais il n’acceptera de céder à la moindre contrainte publique. Et à juste titre. Il n’est pas un vulgaire dictateur ni un roi nègre ordinaire pour être chassé dans l’indignité. Abdoulaye Wade est un personnage central du militantisme panafricain et de l’évolution démocratique du Sénégal. Elu et réélu à la faveur d’élections, il est à l’origine de l’une des alternances au pouvoir qui ont accéléré la marche de l’Afrique vers la démocratie. Un homme de cette dimension a droit à une sortie dans des conditions qui sauvegardent sa respectabilité.
Le M23 se trompe totalement d’approche s’il estime que Wade veut continuer à s’accrocher au pouvoir. Une volonté qu’il a murie, étayée par ses médecins français et marocains, l’emmène aujourd’hui à se tenir à l’écart de la course en février 2012. Fonder un combat politique sur la base du refus de sa candidature, on ne peut plus incertaine, relève d’une grande cécité politique. Le chef de l’Etat n’aspire plus à la candidature, mais plutôt à deux choses : être respecté après le pouvoir et être protégé avec les siens.
Ses adversaires doivent lui donner des gages que ces aspirations seront réalisées. Ils doivent dialoguer avec lui sans conditions, et accepter ses conditions. Ils doivent susciter au moins deux réformes légales : une première qui lui confère un véritable statut d’ancien chef d’Etat (place dans l’ordre protocolaire de la République, conditions matérielles décentes, protection rapprochée, titre de membre de jure du Conseil constitutionnel…) ; une seconde réforme qui lui accorde une immunité totale à lui et aux membres de sa famille.
Ceux qui, nombreux, sont obsessionnellement attachés à demander des comptes à Karim Wade, le fils du président, vont être choqués. Mais il faut se rendre à l’évidence : on ne peut pas régler le problème Abdoulaye Wade sans passer entre pertes et profits la donne Karim Wade. Faire sentir au président la moindre menace contre son fils est humainement indélicat et politiquement inintelligent.
Le chef de l’Etat peut être un arbitre neutre de l’élection présidentielle de février 2012 s’il est rassuré, après le pouvoir, sur sa sécurité et sur celle des siens. C’est pour les garantir qu’il entreprend de se faire succéder par un homme qui lui inspire confiance. Le choix de Madické Niang, puis celui de Djibo Kâ sont sous-tendus par une seule logique : trouver un candidat qui concilie chance de gagner et potentiel pour protéger la famille présidentielle.
Il faut ôter à Abdoulaye Wade toute raison de vouloir infléchir dans un sens le jeu démocratique. Cela commence par reconnaître un principe simple : toute transmission du pouvoir, y compris dans les démocraties les plus avancées, se négocie. Les adversaires de Wade doivent également accepter que nul n’a le droit de l’humilier. La modernisation de notre vie politique passe par un traitement « civilisé » de nos anciens chefs d’Etat.
Leader étudiant au sein de la Feanf, panafricaniste, militant de l’indépendance, avocat, professeur d’université, économiste, consultant international, ministre d’Etat puis président de la République, Abdoulaye Wade est un personnage symbolique du Sénégal indépendant. Une fois au pouvoir, il a fait ce qu’il a pu et n’a pas démérité. Ce qu’il a gravé dans la pierre va marquer notre pays pour au moins cinquante ans. Il a droit à ce que ses adversaires lui aménagent une sortie honorable.
Le M23 doit lui parler, lui donner des gages, œuvrer à fixer ces garanties dans le marbre de la loi. Jouer à lui faire peur ne peut que le pousser à des réflexes d’autoconservation, y compris se présenter malgré lui s’il sent qu’aucun de ses poulains n’est en mesure de gagner.
Le M23 se trompe totalement d’approche s’il estime que Wade veut continuer à s’accrocher au pouvoir. Une volonté qu’il a murie, étayée par ses médecins français et marocains, l’emmène aujourd’hui à se tenir à l’écart de la course en février 2012. Fonder un combat politique sur la base du refus de sa candidature, on ne peut plus incertaine, relève d’une grande cécité politique. Le chef de l’Etat n’aspire plus à la candidature, mais plutôt à deux choses : être respecté après le pouvoir et être protégé avec les siens.
Ses adversaires doivent lui donner des gages que ces aspirations seront réalisées. Ils doivent dialoguer avec lui sans conditions, et accepter ses conditions. Ils doivent susciter au moins deux réformes légales : une première qui lui confère un véritable statut d’ancien chef d’Etat (place dans l’ordre protocolaire de la République, conditions matérielles décentes, protection rapprochée, titre de membre de jure du Conseil constitutionnel…) ; une seconde réforme qui lui accorde une immunité totale à lui et aux membres de sa famille.
Ceux qui, nombreux, sont obsessionnellement attachés à demander des comptes à Karim Wade, le fils du président, vont être choqués. Mais il faut se rendre à l’évidence : on ne peut pas régler le problème Abdoulaye Wade sans passer entre pertes et profits la donne Karim Wade. Faire sentir au président la moindre menace contre son fils est humainement indélicat et politiquement inintelligent.
Le chef de l’Etat peut être un arbitre neutre de l’élection présidentielle de février 2012 s’il est rassuré, après le pouvoir, sur sa sécurité et sur celle des siens. C’est pour les garantir qu’il entreprend de se faire succéder par un homme qui lui inspire confiance. Le choix de Madické Niang, puis celui de Djibo Kâ sont sous-tendus par une seule logique : trouver un candidat qui concilie chance de gagner et potentiel pour protéger la famille présidentielle.
Il faut ôter à Abdoulaye Wade toute raison de vouloir infléchir dans un sens le jeu démocratique. Cela commence par reconnaître un principe simple : toute transmission du pouvoir, y compris dans les démocraties les plus avancées, se négocie. Les adversaires de Wade doivent également accepter que nul n’a le droit de l’humilier. La modernisation de notre vie politique passe par un traitement « civilisé » de nos anciens chefs d’Etat.
Leader étudiant au sein de la Feanf, panafricaniste, militant de l’indépendance, avocat, professeur d’université, économiste, consultant international, ministre d’Etat puis président de la République, Abdoulaye Wade est un personnage symbolique du Sénégal indépendant. Une fois au pouvoir, il a fait ce qu’il a pu et n’a pas démérité. Ce qu’il a gravé dans la pierre va marquer notre pays pour au moins cinquante ans. Il a droit à ce que ses adversaires lui aménagent une sortie honorable.
Le M23 doit lui parler, lui donner des gages, œuvrer à fixer ces garanties dans le marbre de la loi. Jouer à lui faire peur ne peut que le pousser à des réflexes d’autoconservation, y compris se présenter malgré lui s’il sent qu’aucun de ses poulains n’est en mesure de gagner.