Dakar, Sénégal
Trouver du travail, aider ses parents, se marier... Wally Faye, 29 ans, espérait voir sa vie se débloquer avec l'arrivée en mars 2024 d'un nouveau pouvoir au Sénégal. Un an après, sa situation est toujours au point mort, ravivant ses craintes pour l'avenir.
Au chômage depuis 2019 malgré un Master 2 en géographie, il fait partie des nombreux jeunes qui ont voté pour le tandem Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko, aujourd'hui respectivement président et Premier ministre, porteurs d'un immense espoir de changement dans le pays.
"Jamais je n'aurais pu imaginer que j'en serais encore là. Je croyais qu'après cinq, six mois, les choses allaient vraiment changer... Mais il n'en est rien", regrette l'homme originaire de Touba (centre), qui assure néanmoins avoir toujours confiance en ces dirigeants.
Au Sénégal, 75% de la population a moins de 35 ans. A l'instar de Wally Faye, un grand nombre de ces jeunes est confronté au chômage et lutte au quotidien pour joindre les deux bouts.
Mais l'éclatante victoire du duo Faye-Sonko, porté au pouvoir par la promesse d'une rupture, a suscité un grand espoir chez une jeunesse fortement engagée dans le combat qui a mené au pouvoir le Pastef, parti du nouveau régime.
- "Sur la bonne voie" -
Cette jeunesse a été au cœur des violentes manifestations contre l'ancien régime qui ont secoué le pays entre 2021 et 2024. Elle a été profondément marquée par la répression qui a suivi. Des dizaines de personnes sont mortes lors des manifestations, en majorité des jeunes tués par balles.
Malgré le changement, la problématique de l'insertion des jeunes est toujours d'actualité. Selon l'Agence nationale de la statistique et de la démographie du Sénégal (ANSD), le taux de chômage est passé de 19,5% au troisième trimestre de l'année 2023 à 20,3% à la même période en 2024.
MM. Faye et Sonko étaient également attendus sur la réforme de la justice, la réédition des comptes, le coût de la vie... Mais depuis leur accession au pouvoir, ils affirment avoir trouvé le pays dans une situation catastrophique, limitant ainsi leur action politique.
Toutefois, de nombreux jeunes interrogés par l'AFP assurent garder espoir en eux, même s'ils disent attendre beaucoup plus du duo.
"Il n'y a pas encore lieu de s'inquiéter", assure Wally Faye. "Un an, c'est bien trop peu pour évaluer un régime. On va leur accorder deux à trois ans pour voir".
Pour Cheikh Astal Gadiaga, 26 ans, les nouveaux dirigeants, qui prônent le souverainisme, ont hérité d'une situation compliquée, ce qui explique, selon lui, leurs difficultés à tenir leurs promesses.
"Ca tâtonne un peu, certes. Mais ils sont sur la bonne voie. Il faut juste que le peuple soit patient", estime cet étudiant en gestion.
Il considère toutefois que le gouvernement doit travailler à nouer de nouveaux partenariats à l'étranger afin de trouver des financements pour sa politique. "Le souverainisme, c'est bien, mais ce n'est pas ce qui va régler le problème du Sénégal. Ils doivent plus s'ouvrir au monde", plaide-t-il.
- Emigration clandestine -
Conducteur de moto-taxi, Baye Zale Sarr, 19 ans, et ses camarades ont pris possession avec leurs motos d'un des trottoirs d'un grand marché de Dakar où ils attendent d'éventuels clients. Tous assurent avoir voté pour le Pastef lors de la dernière présidentielle.
En cet après-midi de ramadan, leurs débats tournent autour de la première année du président Faye et de M. Sonko, populaire auprès des jeunes.
"Rien n'a changé dans ce pays depuis leur arrivée. Au contraire, les choses sont devenues plus difficiles et l'argent ne circule pas", lance l'un d'eux.
"L’État, ce n'est pas comme une maison, on ne peut pas tout changer en un an seulement", rétorque Baye Zale Sarr.
S'il se dit convaincu par les premiers pas du nouveau pouvoir, il souhaite que ce dernier crée des industries pour faciliter l'insertion de jeunes comme lui. Car "faire du moto-taxi, ce n'est pas un travail qui assure un avenir", dit-il.
En attendant, le gouvernement encourage les jeunes à lancer leurs propres activités et multiplie les financements de projets à travers la DER, une structure dédiée à la promotion de l'entrepreneuriat.
Depuis 2024, la DER a financé 40.000 projets pour près de 26 milliards de francs CFA (39 millions d'euros), selon le responsable du financement de la structure, Modiène Joe Ndiaye.
Le 19 mars, le président Faye a par ailleurs pressé son gouvernement à finaliser avant fin avril "une nouvelle politique nationale de l'emploi".
Malgré cela, les périlleux départs clandestins vers l'Europe par la mer se multiplient, causant la mort de centaines de jeunes Sénégalais l'année dernière.
Pour Mame Sidi Sarr, pêcheur de 19 ans acquis au nouveau régime, prendre la mer n'avait jamais été une option. Mais il y réfléchit sérieusement depuis cette année car, selon lui, "l'avenir est sombre et la mer ne nourrit plus son homme: les poissons se font rares et le carburant est cher".
© Agence France-Presse
Trouver du travail, aider ses parents, se marier... Wally Faye, 29 ans, espérait voir sa vie se débloquer avec l'arrivée en mars 2024 d'un nouveau pouvoir au Sénégal. Un an après, sa situation est toujours au point mort, ravivant ses craintes pour l'avenir.
Au chômage depuis 2019 malgré un Master 2 en géographie, il fait partie des nombreux jeunes qui ont voté pour le tandem Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko, aujourd'hui respectivement président et Premier ministre, porteurs d'un immense espoir de changement dans le pays.
"Jamais je n'aurais pu imaginer que j'en serais encore là. Je croyais qu'après cinq, six mois, les choses allaient vraiment changer... Mais il n'en est rien", regrette l'homme originaire de Touba (centre), qui assure néanmoins avoir toujours confiance en ces dirigeants.
Au Sénégal, 75% de la population a moins de 35 ans. A l'instar de Wally Faye, un grand nombre de ces jeunes est confronté au chômage et lutte au quotidien pour joindre les deux bouts.
Mais l'éclatante victoire du duo Faye-Sonko, porté au pouvoir par la promesse d'une rupture, a suscité un grand espoir chez une jeunesse fortement engagée dans le combat qui a mené au pouvoir le Pastef, parti du nouveau régime.
- "Sur la bonne voie" -
Cette jeunesse a été au cœur des violentes manifestations contre l'ancien régime qui ont secoué le pays entre 2021 et 2024. Elle a été profondément marquée par la répression qui a suivi. Des dizaines de personnes sont mortes lors des manifestations, en majorité des jeunes tués par balles.
Malgré le changement, la problématique de l'insertion des jeunes est toujours d'actualité. Selon l'Agence nationale de la statistique et de la démographie du Sénégal (ANSD), le taux de chômage est passé de 19,5% au troisième trimestre de l'année 2023 à 20,3% à la même période en 2024.
MM. Faye et Sonko étaient également attendus sur la réforme de la justice, la réédition des comptes, le coût de la vie... Mais depuis leur accession au pouvoir, ils affirment avoir trouvé le pays dans une situation catastrophique, limitant ainsi leur action politique.
Toutefois, de nombreux jeunes interrogés par l'AFP assurent garder espoir en eux, même s'ils disent attendre beaucoup plus du duo.
"Il n'y a pas encore lieu de s'inquiéter", assure Wally Faye. "Un an, c'est bien trop peu pour évaluer un régime. On va leur accorder deux à trois ans pour voir".
Pour Cheikh Astal Gadiaga, 26 ans, les nouveaux dirigeants, qui prônent le souverainisme, ont hérité d'une situation compliquée, ce qui explique, selon lui, leurs difficultés à tenir leurs promesses.
"Ca tâtonne un peu, certes. Mais ils sont sur la bonne voie. Il faut juste que le peuple soit patient", estime cet étudiant en gestion.
Il considère toutefois que le gouvernement doit travailler à nouer de nouveaux partenariats à l'étranger afin de trouver des financements pour sa politique. "Le souverainisme, c'est bien, mais ce n'est pas ce qui va régler le problème du Sénégal. Ils doivent plus s'ouvrir au monde", plaide-t-il.
- Emigration clandestine -
Conducteur de moto-taxi, Baye Zale Sarr, 19 ans, et ses camarades ont pris possession avec leurs motos d'un des trottoirs d'un grand marché de Dakar où ils attendent d'éventuels clients. Tous assurent avoir voté pour le Pastef lors de la dernière présidentielle.
En cet après-midi de ramadan, leurs débats tournent autour de la première année du président Faye et de M. Sonko, populaire auprès des jeunes.
"Rien n'a changé dans ce pays depuis leur arrivée. Au contraire, les choses sont devenues plus difficiles et l'argent ne circule pas", lance l'un d'eux.
"L’État, ce n'est pas comme une maison, on ne peut pas tout changer en un an seulement", rétorque Baye Zale Sarr.
S'il se dit convaincu par les premiers pas du nouveau pouvoir, il souhaite que ce dernier crée des industries pour faciliter l'insertion de jeunes comme lui. Car "faire du moto-taxi, ce n'est pas un travail qui assure un avenir", dit-il.
En attendant, le gouvernement encourage les jeunes à lancer leurs propres activités et multiplie les financements de projets à travers la DER, une structure dédiée à la promotion de l'entrepreneuriat.
Depuis 2024, la DER a financé 40.000 projets pour près de 26 milliards de francs CFA (39 millions d'euros), selon le responsable du financement de la structure, Modiène Joe Ndiaye.
Le 19 mars, le président Faye a par ailleurs pressé son gouvernement à finaliser avant fin avril "une nouvelle politique nationale de l'emploi".
Malgré cela, les périlleux départs clandestins vers l'Europe par la mer se multiplient, causant la mort de centaines de jeunes Sénégalais l'année dernière.
Pour Mame Sidi Sarr, pêcheur de 19 ans acquis au nouveau régime, prendre la mer n'avait jamais été une option. Mais il y réfléchit sérieusement depuis cette année car, selon lui, "l'avenir est sombre et la mer ne nourrit plus son homme: les poissons se font rares et le carburant est cher".
© Agence France-Presse
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