Comment s'est réellement déroulé l'assaut de « l'appartement conspiratif » de Saint-Denis, cette nuit du 18 novembre 2015 ? Le jour même, beaucoup a été dit sur l'intensité hors-norme du feu tiré par les deux terroristes du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh, et la cousine du premier, Hasna Aït Boulahcen. Un feu nourri observable par l'ampleur des dégâts subis par l'immeuble où les terroristes s'étaient retranchés ainsi que par la durée de l'assaut et des échanges de tirs, de 4h30 à 7h30. Pourtant, la réalité semble être bien différente. C'est ce qu'a révélé Mediapart ce week-end en dévoilant le contenu d'un rapport de la police scientifique.
Des déclarations éloignées de la réalité
Le jour même de l'assaut, les autorités ont multiplié les déclarations témoignant de la violence de l'intervention. Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, a ainsi affirmé que les membres du RAID ont « essuyé des tirs pendant de nombreuses heures dans des conditions qu'ils n'avaient jusqu'à présent jamais rencontrées ». Le procureur de la République, le très respecté François Molins, a lui évoqué « des tirs très nourris et quasi ininterrompus » de la part des terroristes. Jean-Michel Fauvergue, le patron du RAID, raconte dès le lendemain dans le Figaro et le Parisien un premier « échange de tirs qui dure entre une demi-heure et trois quart-d'heure » avec au minimum « deux à trois kalachnikovs ».
Sauf que les experts sont formels, aucune kalachnikov n'a été retrouvée dans les gravats de l'immeuble dont deux étages se sont effondrés. Pire, la police scientifique n'a recensé que onze munitions pouvant être attribuées aux terroristes sur les 1576 cartouches recensées. L'arme utilisée par les terroristes serait un pistolet automatique browning. Les éléments nécessaires à la confection d'une ceinture d'explosifs ont aussi été retrouvés.
Les policiers ont tirés sur... des policiers
Le RAID a donc tiré plus de 1500 balles, pourtant, aucune des trois personnes tuées ce jour ne l'a été par le RAID, révèle Mediapart. Les balles tirées par les forces de l'ordre ont fait de terribles dégâts aux murs, perçant certains de part en part sous la puissance de feu, et aux mobiliers. Mais aucune n'a atteint les terroristes. « Il n'était pas mis en évidence de lésions évocatrices de blessures par arme à feu non plus que d'éléments de nature balistique », écrit dans un de ses rapports le médecin légiste. Les terroristes sont en fait morts du fait de l'explosion de la ceinture portée par Chakib Akrouh, qui l'a lui même déclenchée. Car contrairement à ce qui a été affirmé dans un premier temps, ce n'est pas Hasna Aït Boulahcen qui en était équipée et ce n'est pas non plus sa tête qui a été projetée à l'extérieur de l'immeuble.
En revanche, les balles du RAID ont atteint certains membres du groupe d'intervention. Sur les plateaux de télévision, Jean-Michel Fauvergue avait affirmé que plusieurs d'entre eux avaient été blessés « aux mains, aux bras, et au bas du dos ». Ces dernières blessures seraient ainsi dues aux tirs de leurs collègues placés derrière, comme en témoigne aussi la majorité des impacts de balles visibles sur plusieurs boucliers de défense, sur leur faces internes. Le rapport que s'est procuré Mediapart fait aussi état de la tentative des membres du RAID de « meuler » ces impacts pour en cacher la provenance.
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> Attentats de Paris : les autorités ont identifié le kamikaze de l'appartement de Saint-Denis
Dommages collatéraux
Par ailleurs, trois autres personnes résidant dans l'immeuble ont été blessées lors de l'assaut. Elles ont a priori été touchées aux bras par des snipers en se postant devant les fenêtres où des membres du RAID leurs avaient indiqué d'aller se placer pour être exfiltrées, selon leur témoignage. Jean-Michel Fauvergue, dans un rapport daté du 20 novembre concernant l'assaut de Saint-Denis, a présenté les voisins clandestins comme ayant « une attitude combative ». Le journal pointe lui un probable manque de communication du fait de la confusion.
En outre, Diesel, le chien de combat mort lors de l'assaut, a été tué par une cartouche de « brenneke » issu d'un fusil de chasse ou d'un fusil à pompe, comme l'avait évoqué Jean-Michel Fauvergue. Sachant que les terroristes n'étaient armés que d'un pistolet automatique, il est probable que le chien soit tombé sous les balles du RAID lui-même. Le mystère restera entier, explique Mediapart, les juges d'instruction n'ont pas estimé nécessaire de demander une autopsie sur l'animal.
L'effet de panique ?
Comment expliquer un tel déluge de balles et les ratés qui s'en sont suivis ? Les éléments révélés par le pure player d'investigation font état de la confusion qui a régné lors de l'assaut. Pour entrer dans l'appartement occupé par les terroristes, les membres du RAID ont fait usage d'un explosif normalement utilisé contre les portes blindées. Celui-ci a été inefficace contre le bois de la porte.
A partir de là, les policiers ont dû improviser face à une menace nouvelle : celle d'hommes prêts à mourir en se faisant exploser pour emporter le maximum de personnes dans leur destin tragique. Malgré leur entraînement et leur préparation, face aux auteurs des pires attentats qu'a connus la France depuis 1945, les policiers du RAID ont-ils paniqué ? C'est en tout cas ce que suggère le journal.
Des déclarations éloignées de la réalité
Le jour même de l'assaut, les autorités ont multiplié les déclarations témoignant de la violence de l'intervention. Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, a ainsi affirmé que les membres du RAID ont « essuyé des tirs pendant de nombreuses heures dans des conditions qu'ils n'avaient jusqu'à présent jamais rencontrées ». Le procureur de la République, le très respecté François Molins, a lui évoqué « des tirs très nourris et quasi ininterrompus » de la part des terroristes. Jean-Michel Fauvergue, le patron du RAID, raconte dès le lendemain dans le Figaro et le Parisien un premier « échange de tirs qui dure entre une demi-heure et trois quart-d'heure » avec au minimum « deux à trois kalachnikovs ».
Sauf que les experts sont formels, aucune kalachnikov n'a été retrouvée dans les gravats de l'immeuble dont deux étages se sont effondrés. Pire, la police scientifique n'a recensé que onze munitions pouvant être attribuées aux terroristes sur les 1576 cartouches recensées. L'arme utilisée par les terroristes serait un pistolet automatique browning. Les éléments nécessaires à la confection d'une ceinture d'explosifs ont aussi été retrouvés.
Les policiers ont tirés sur... des policiers
Le RAID a donc tiré plus de 1500 balles, pourtant, aucune des trois personnes tuées ce jour ne l'a été par le RAID, révèle Mediapart. Les balles tirées par les forces de l'ordre ont fait de terribles dégâts aux murs, perçant certains de part en part sous la puissance de feu, et aux mobiliers. Mais aucune n'a atteint les terroristes. « Il n'était pas mis en évidence de lésions évocatrices de blessures par arme à feu non plus que d'éléments de nature balistique », écrit dans un de ses rapports le médecin légiste. Les terroristes sont en fait morts du fait de l'explosion de la ceinture portée par Chakib Akrouh, qui l'a lui même déclenchée. Car contrairement à ce qui a été affirmé dans un premier temps, ce n'est pas Hasna Aït Boulahcen qui en était équipée et ce n'est pas non plus sa tête qui a été projetée à l'extérieur de l'immeuble.
En revanche, les balles du RAID ont atteint certains membres du groupe d'intervention. Sur les plateaux de télévision, Jean-Michel Fauvergue avait affirmé que plusieurs d'entre eux avaient été blessés « aux mains, aux bras, et au bas du dos ». Ces dernières blessures seraient ainsi dues aux tirs de leurs collègues placés derrière, comme en témoigne aussi la majorité des impacts de balles visibles sur plusieurs boucliers de défense, sur leur faces internes. Le rapport que s'est procuré Mediapart fait aussi état de la tentative des membres du RAID de « meuler » ces impacts pour en cacher la provenance.
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Dommages collatéraux
Par ailleurs, trois autres personnes résidant dans l'immeuble ont été blessées lors de l'assaut. Elles ont a priori été touchées aux bras par des snipers en se postant devant les fenêtres où des membres du RAID leurs avaient indiqué d'aller se placer pour être exfiltrées, selon leur témoignage. Jean-Michel Fauvergue, dans un rapport daté du 20 novembre concernant l'assaut de Saint-Denis, a présenté les voisins clandestins comme ayant « une attitude combative ». Le journal pointe lui un probable manque de communication du fait de la confusion.
En outre, Diesel, le chien de combat mort lors de l'assaut, a été tué par une cartouche de « brenneke » issu d'un fusil de chasse ou d'un fusil à pompe, comme l'avait évoqué Jean-Michel Fauvergue. Sachant que les terroristes n'étaient armés que d'un pistolet automatique, il est probable que le chien soit tombé sous les balles du RAID lui-même. Le mystère restera entier, explique Mediapart, les juges d'instruction n'ont pas estimé nécessaire de demander une autopsie sur l'animal.
L'effet de panique ?
Comment expliquer un tel déluge de balles et les ratés qui s'en sont suivis ? Les éléments révélés par le pure player d'investigation font état de la confusion qui a régné lors de l'assaut. Pour entrer dans l'appartement occupé par les terroristes, les membres du RAID ont fait usage d'un explosif normalement utilisé contre les portes blindées. Celui-ci a été inefficace contre le bois de la porte.
A partir de là, les policiers ont dû improviser face à une menace nouvelle : celle d'hommes prêts à mourir en se faisant exploser pour emporter le maximum de personnes dans leur destin tragique. Malgré leur entraînement et leur préparation, face aux auteurs des pires attentats qu'a connus la France depuis 1945, les policiers du RAID ont-ils paniqué ? C'est en tout cas ce que suggère le journal.