Même si la Centif a abattu un excellent travail depuis sa création en 2005, la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme est encore freinée par l’absence de sanctions.Sur plus de 80 dossiers transmis à Dame justice, seuls 9 ont jusqu’ici fait l’objet de condamnations.
La justice au banc des accusés. Le temple de Thémis constituerait, en effet, un obstacle majeur à la lutte efficace contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Cela, à cause du traitement fait des dossiers transmis par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif). En effet, sur plus de 80 dossiers, dont 15 dès sa première année, qui ont été transmis depuis la création de cet organe de renseignement financier en 2005, seuls 9 ont fait l’objet de condamnations. Le reste de ces ‘dossiers chauds’, où de gros bonnets de la République sont cités, selon la presse, dort encore dans les tiroirs du ministère public en attendant que les auteurs soient punis ou totalement blanchis. ‘On ne peut pas lutter contre la criminalité financière sans pour autant punir les criminels. Si nous voulons continuer à servir d’exemple, il faut qu’on parvienne à un dénouement pertinent des dossiers transmis à la justice’, dénonce Ngouda Fall Kane, le président de la Centif qui doit quitter la structure dans une semaine. Pour ce dernier, le travail de la Centif s’arrête à la transmission d’un rapport. Une fois le rapport transmis, elle est dessaisie. Et, il appartient aux autorités judiciaires de faire le leur. ‘La justice a 80 dossiers entre ses mains et le monde entier nous attend et nous écoute. Donc, il faut qu’il y ait une évolution’, poursuit Fall qui s’exprimait hier lors d’un séminaire avec le barreau du Sénégal sur le thème : ‘L’avocat et la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme’.
Mais, pour le secrétaire général du ministère de la Justice, Mansour Tall, l’Etat est plus que jamais déterminé à lutter contre le blanchiment de capitaux car il y a des procédures en cours et des décisions qui sont déjà tombées. ‘C’est un fléau qui sape nos économies’, dit-il. Avant de faire remarquer : ‘La Justice est un domaine où on doit se hâter lentement. Il n’y a aucune volonté de blocage’.
Cependant, même si Tall semble blanchir l’Etat et affiche la volonté de ce dernier de lutter contre ces fléaux, force est de constater que dans les actes posés, il en est autrement. En effet, en mars dernier, le gouvernement avait adopté en Conseil des ministres un projet de loi portant modification de l’article 29 de la loi 2004-09 du 6 février 2004 contre le blanchiment de capitaux. L’Etat cherchait, par cet acte, à ne plus imposer au Procureur de la République, qui ne doit servir que de courroie de transmission avec les juges instructeurs, l’obligation d’ouvrir une information judiciaire à la suite des rapports de la Centif. Si le texte était ainsi voté par le Parlement, le maître des poursuites serait alors seul à décider de la suite à donner aux déclarations de soupçon de la Centif. Le texte de loi prévoyait également de placer désormais la très ‘gênante’ cellule de renseignement financier, qui est actuellement dans le giron du ministère de l’Economie et des Finances, sous la tutelle de la Primature et de nommer un magistrat à sa tête.
Mais, avec les pressions de l’Uemoa et de la Banque centrale, et sans doute conscientes que cela menacerait le dispositif national, les autorités ont fait machine arrière.
Pendant que la justice traîne encore les pieds, les criminels, eux, continuent de plus belle leur sale besogne. En effet, le président de la Centif informe que, pour l’année 2010, pas moins de 1 119 milliards de francs Cfa de fonds ont été suspectés.
Seyni DIOP
( WALF )
La justice au banc des accusés. Le temple de Thémis constituerait, en effet, un obstacle majeur à la lutte efficace contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Cela, à cause du traitement fait des dossiers transmis par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif). En effet, sur plus de 80 dossiers, dont 15 dès sa première année, qui ont été transmis depuis la création de cet organe de renseignement financier en 2005, seuls 9 ont fait l’objet de condamnations. Le reste de ces ‘dossiers chauds’, où de gros bonnets de la République sont cités, selon la presse, dort encore dans les tiroirs du ministère public en attendant que les auteurs soient punis ou totalement blanchis. ‘On ne peut pas lutter contre la criminalité financière sans pour autant punir les criminels. Si nous voulons continuer à servir d’exemple, il faut qu’on parvienne à un dénouement pertinent des dossiers transmis à la justice’, dénonce Ngouda Fall Kane, le président de la Centif qui doit quitter la structure dans une semaine. Pour ce dernier, le travail de la Centif s’arrête à la transmission d’un rapport. Une fois le rapport transmis, elle est dessaisie. Et, il appartient aux autorités judiciaires de faire le leur. ‘La justice a 80 dossiers entre ses mains et le monde entier nous attend et nous écoute. Donc, il faut qu’il y ait une évolution’, poursuit Fall qui s’exprimait hier lors d’un séminaire avec le barreau du Sénégal sur le thème : ‘L’avocat et la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme’.
Mais, pour le secrétaire général du ministère de la Justice, Mansour Tall, l’Etat est plus que jamais déterminé à lutter contre le blanchiment de capitaux car il y a des procédures en cours et des décisions qui sont déjà tombées. ‘C’est un fléau qui sape nos économies’, dit-il. Avant de faire remarquer : ‘La Justice est un domaine où on doit se hâter lentement. Il n’y a aucune volonté de blocage’.
Cependant, même si Tall semble blanchir l’Etat et affiche la volonté de ce dernier de lutter contre ces fléaux, force est de constater que dans les actes posés, il en est autrement. En effet, en mars dernier, le gouvernement avait adopté en Conseil des ministres un projet de loi portant modification de l’article 29 de la loi 2004-09 du 6 février 2004 contre le blanchiment de capitaux. L’Etat cherchait, par cet acte, à ne plus imposer au Procureur de la République, qui ne doit servir que de courroie de transmission avec les juges instructeurs, l’obligation d’ouvrir une information judiciaire à la suite des rapports de la Centif. Si le texte était ainsi voté par le Parlement, le maître des poursuites serait alors seul à décider de la suite à donner aux déclarations de soupçon de la Centif. Le texte de loi prévoyait également de placer désormais la très ‘gênante’ cellule de renseignement financier, qui est actuellement dans le giron du ministère de l’Economie et des Finances, sous la tutelle de la Primature et de nommer un magistrat à sa tête.
Mais, avec les pressions de l’Uemoa et de la Banque centrale, et sans doute conscientes que cela menacerait le dispositif national, les autorités ont fait machine arrière.
Pendant que la justice traîne encore les pieds, les criminels, eux, continuent de plus belle leur sale besogne. En effet, le président de la Centif informe que, pour l’année 2010, pas moins de 1 119 milliards de francs Cfa de fonds ont été suspectés.
Seyni DIOP
( WALF )