Après son départ du Méridien Président, arrivera-t-il en tête au palais ? (Par Cheikh Yérim Seck)


DAKARACTU.COM  C’est dans un décor américain coloré en orange que l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, candidat déclaré à la présidentielle de février 2012, a installé le 15 octobre son directoire de campagne et lancé sa course vers le palais de l’Avenue-Léopold-Sédar-Senghor. Il n’a pas tari d’éloges pour présenter son équipe : « Elle est exceptionnelle à tous égards. Les journalistes qui en ont parlé ont raison. Elle allie jeunesse et expérience, compétences du secteur privé et du secteur public, hommes et femmes, évoluant dans le pays comme dans la diaspora, nourris du savoir-être de notre culture et des outils conçus dans les plus grandes universités du monde.» Pour diriger cette « dream team », « Idy », comme le surnomment ses compatriotes, a jeté son dévolu sur Léna Sène, diplômée de la Harvard Business School, ancienne stagiaire à la Maison Blanche qui fut employée chez Lehman Brothers et chez JP Morgan. C’est par elle qu’Idrissa Seck a été introduit dans le cercle sélect du business club de Harvard. Elle va coiffer d’autres grosses pointures : Momar Dieng, Phd Harvard, professeur dans les plus grandes universités américaines (président de la commission de rédaction du programme) ; Bakary Sambe, docteur en science po, conseiller au sein de la European foundation for democracy (conseiller politique et culture) ; Aziz Guèye, ingénieur polytechnicien (chargé des grands travaux) ; Alassane Ndiaye, ingénieur informaticien, maire de Thiès Nord (conseiller en Ntic) ; Me Nafissatou Diop, notaire (chargée des associations professionnelles et du secteur privé) ; Pape Diouf (conseiller chargé de la stratégie), Oumar Guèye (chargé des opérations électorales), Oumar Sarr (porte-parole politique)…
Idrissa Seck a lancé sa coalition en présence de ses alliés dont Serigne Mamoune Niasse, premier serviteur du Rassemblement du peuple (RP), la caution morale et maraboutique, et Elhadji Malick Badji, leader du Rassemblement démocratique des républicains (RDR), le boutefeu qui monte au front pour défendre Idy et attaquer ses détracteurs. Il poursuit les discussions pour élargir sa coalition. Dans sa ligne de mire, des leaders comme Cheikh Bamba Dièye du Front pour le socialisme et la démocratie / Benno Jubël (FSD/BJ) qu’il tient à avoir comme allié.
Idrissa Seck a des hommes et des femmes pour porter son combat. Au regard des fastes de la cérémonie d’installation de son directoire, il a également de l’argent. Tout au moins ce dont il a besoin pour mener sa campagne. D’autant que Serigne Mamoune Niasse est réputé être un grand contributeur quand il défend une cause. Le leader de Rewmi a des idées qu’il développe avec éloquence, comme en atteste ce moment fort du discours qu’il a prononcé : « Je veux dire à ces millions de Sénégalais, hommes, femmes et jeunes, qui sont en ce moment dans les marchés de Tendjiguène, Soumbédioune, Pikine et Thiaroye, de Lindiane, Boudody, Baba Garage et Moussanté, à ceux qui prennent le chemin des champs de Khelcom, du Sine et du Saloum, de Boulel, de Diacksao, du Ferlo, de la verte Casamance, à ceux qui piquent les semis de l’espoir dans les rizières de l’Anambé, de Kolda, de Vélingara comme dans la vallée du Walo; aux pêcheurs de Guet Ndar, de Kayar et de Mbour affrontant l’océan, risquant tous les jours leurs vies, sur des pirogues mal équipées ; je veux dire aux travailleurs des usines de Taïba, des Mines de Saraya ou encore aux agents de la Sonatel luttant pour sauver leur entreprise, je veux leur dire à tous que leur colère est ma colère, leur souffrance est ma souffrance. »
Ce discours lénifiant suffira-t-il à propulser son auteur en tête de la course vers le palais ? Tous les sondages d’opinion le placent aujourd’hui derrière Abdoulaye Wade et Macky Sall. Il ne s’en émeut guère : « Je me réjouis car certains me disaient mort politiquement. Si, sans même démarrer ma campagne, on me classe troisième, cela me conforte dans ma certitude que je serai bientôt premier. » Il est certes l’homme qui monte. En décembre 2010, il avait cessé d’être une donne politique, après avoir dégringolé en-dessous de 6% des intentions de vote. Six mois et des actions sur le terrain plus tard, il a atteint les abords de 14%. Il sait faire de la politique et a l’art de se faire écouter des Sénégalais. Ses statistiques demeurent toutefois courtes pour le hisser sur le fauteuil d’Abdoulaye Wade. Idrissa Seck a deux écueils à surmonter sur le chemin qui mène au palais : il doit reconstruire sa crédibilité gravement mise en mal par son interminable jeu de yo-yo avec Wade. Peut-on le croire quand il dit qu’il ne retournera plus au PDS dont il a déjà été exclu à deux reprises ? L’autre obstacle à franchir sera sa difficulté à ratisser large s’il arrive au second tour. S’il est en face de Macky Sall, Bennoo Siggil Senegaal, qui sera l’arbitre, votera pour ce dernier. S’il doit en découdre avec un candidat de Bennoo, il n’est pas sûr que Macky le soutienne. Même s’il est opposé à Abdoulaye Wade, au cas extrême où celui-ci se présente, il y en aura qui préféreront garder Wade pour un bail d’un ou de deux ans au lieu de courir le risque de vivre une décennie d’opposition sous un Idrissa Seck jeune, vaillant et suffisamment expert en politique pour conserver le pouvoir. Celui qui se voit en 4ème président du Sénégal, comme l’indique son credo Idi4President, a un travail titanesque à abattre pour pouvoir transformer son rêve en réalité. 
Lundi 17 Octobre 2011