Les nominations, les démissions ou limogeages-reconductions des ministres sous Wade jurent d’avec l’orthodoxie administrative. Sur les allers-retours de Thierno Lô, de Pape samba Mboup, mais aussi du feuilleton Uemoa, l’expert en Management public, Abdoul Aziz Tall, conclut, selon les cas, que le Sénégal n’est plus un Etat. Le candidat libéral déclaré a la psychose de la défaite électorale. Il n’arrive plus à contrôler ses troupes. Mais, il ne veut plus qu’un seul de ses proches le quitte. Son chef de cabinet Pape Samba Mboup, avait déposé sa démission, il l’a refusée. Hier, comme l’a révélé le site dakaractu.com, le ministre du Tourisme, Thierno Lô, avait jeté l’éponge, il l’a prié de rester. Tous les deux ont été retenus au nom d’un «contexte politique délicat», à quelques mois de la Présidentielle. Et peut-être, accepterait-il qu’un de ses proches, même coupable de faute quelle qu’elle soit, reste à ses côtés ! Dans tous les cas, Wade semble avoir perdu la main. Et même l’autorité qui lui est discrétionnairement confiée. Sous son régime et dans son cercle, rares sont ceux qui ont osé penser à une démission, à fortiori, à rendre le tablier de façon aussi spectaculaire. Thierno Lô n’a pourtant pas le poids influent de Papa Samba Mboup, mais il l’a fait. Mieux, il a remis sa démission au Premier ministre, après que le chef de l’Etat a refusé de le recevoir. Des sources confirment qu’il avait bien pris ses distances depuis le fameux coup de colère du Président en plein Conseil des ministres. Wade n’avait pas digéré sa sollicitation pour gracier le jeune socialiste Malick Noël Seck condamné pour outrage à magistrat et menaces contre les «cinq Sages» du Conseil constitutionnel. La nomination de l’ancien Premier ministre Hadjibou Soumaré, à la place de El Hadj Abdou Sakho, comme commissaire de l’Uemoa est de cet ordre. D’autant que le chef de l’Etat n’a pris aucune précaution pour se conformer aux textes de l’organe communautaire. Du reste comme le nom de Mamour Cissé qui s’est retrouvé dans les «mesures individuelles» du Conseil des ministres du 3 novembre 2011, alors que sa nomination était déjà tombée la veille. On aurait compris que le chef de l’Etat ait «simplement» informé les membres du conseil.
CRISE D’AUTORITE
Cette façon de faire du Président ne date pas d’aujourd’hui. Il est arrivé qu’il publie un décret de nomination ou de démission et qu’il en donne les raisons. Thierno Lô et Pape Samba Mboup ont été reconduits, mais leur feuilleton soulève encore le débat sur la crise de l’autorité du chef de l’Etat. Abdoul Abdoul Aziz Tall, expert en Management public analyse toutes ces mesures. «Lorsque l’Etat est source de conflits personnels, il s’affaiblit. Au Sénégal, nous ne sommes plus dans un Etat. Depuis le début de l’Alternance, tout est lié à la seule volonté du chef de l’Etat. Nous sommes dans un système déréglé», regrette-t-il. Le fait le plus rocambolesque reste la décision prise par le chef de l’Etat de remplacer le commissaire El Hadj Abdou Sakho par l’ancien Premier ministre Hadjibou Soumaré à la Commission de l’Uemoa. Ceci, en foulant aux pieds la procédure en vigueur. «C’est une évidence qu’on n’est plus dans un Etat. C’est une hérésie», estime M. Tall. Il n’empêche que le Pape du Sopi nomme et dégomme au gré de ses humeurs politiques.
Des nominations, comme celle de Mamour Cissé promu ministre d’Etat auprès du Président, n’obéissent, poursuit-il, qu’à des «considérations politiques» au moment où «l’heure devrait être à la réduction du train de vie de l’Etat. Ce n’est qu’au Sénégal que le chef de l’Etat peut se lever pour nommer dix ministres d’Etat».
LA PEUR DU DEBALLAGE
Son indignation découle également du traitement des démissions de Pape Samba Mboup et de Thierno Lô, respectivement chef de Cabinet du président de la République et ministre du Tourisme. Il dit : «Si l’intention était d’imposer sa volonté au chef de l’Etat, le comportement de Wade rend l’Etat vulnérable. Cela peut affecter l’autorité du Président». Selon lui, «Wade veut s’épargner des déballages. Pape Samba Mboup pourra trouver d’autres alliés. Compte tenu de la somme d’informations qu’il détient, je suppose que Wade veut éviter des révélations». Certes, admet-il, «on peut démissionner pour des raisons d’éthique et d’orientations politiques. Mais pour la plupart des cas, les gens démissionnent quand ils se sentent à l’étroit, quand ils sont frustrés et mis à l’écart. Ce sont donc des considérations strictement personnelles». Il n’en demeure pas moins que dans le management des conflits, l’Etat peut ne pas vouloir se séparer de quelqu’un pour «des raisons multiples». A partir de ce moment, la seule solution est de négocier pour éviter les préjudices qu’un tel départ engendrerait. Il y a quelques mois, c’est la démission de Cheikh Tidiane Sy qui avait attiré l’attention des observateurs avertis du fonctionnement de l’Etat. L’annonce de son départ du gouvernement renseigne sur «l’amateurisme» des services présidentiels. Le communiqué pouvait faire l’économie d’énoncer que Cheikh Tidiane Sy a demandé à être relevé de ses fonctions. D’ailleurs, Abdoul Aziz Tall avait expliqué, à l’époque, dans les colonnes de l’hebdomadaire La Gazette, qu’il s’agit seulement «de viser des textes et de décréter». C’est cela, ajoutait-il, «le caractère officiel et impersonnel» et que «tout autre chose doit être fait en dehors du décret. Sans quoi, le texte sera dépourvu de toute sa valeur administrative».
( LE Quotidien )
CRISE D’AUTORITE
Cette façon de faire du Président ne date pas d’aujourd’hui. Il est arrivé qu’il publie un décret de nomination ou de démission et qu’il en donne les raisons. Thierno Lô et Pape Samba Mboup ont été reconduits, mais leur feuilleton soulève encore le débat sur la crise de l’autorité du chef de l’Etat. Abdoul Abdoul Aziz Tall, expert en Management public analyse toutes ces mesures. «Lorsque l’Etat est source de conflits personnels, il s’affaiblit. Au Sénégal, nous ne sommes plus dans un Etat. Depuis le début de l’Alternance, tout est lié à la seule volonté du chef de l’Etat. Nous sommes dans un système déréglé», regrette-t-il. Le fait le plus rocambolesque reste la décision prise par le chef de l’Etat de remplacer le commissaire El Hadj Abdou Sakho par l’ancien Premier ministre Hadjibou Soumaré à la Commission de l’Uemoa. Ceci, en foulant aux pieds la procédure en vigueur. «C’est une évidence qu’on n’est plus dans un Etat. C’est une hérésie», estime M. Tall. Il n’empêche que le Pape du Sopi nomme et dégomme au gré de ses humeurs politiques.
Des nominations, comme celle de Mamour Cissé promu ministre d’Etat auprès du Président, n’obéissent, poursuit-il, qu’à des «considérations politiques» au moment où «l’heure devrait être à la réduction du train de vie de l’Etat. Ce n’est qu’au Sénégal que le chef de l’Etat peut se lever pour nommer dix ministres d’Etat».
LA PEUR DU DEBALLAGE
Son indignation découle également du traitement des démissions de Pape Samba Mboup et de Thierno Lô, respectivement chef de Cabinet du président de la République et ministre du Tourisme. Il dit : «Si l’intention était d’imposer sa volonté au chef de l’Etat, le comportement de Wade rend l’Etat vulnérable. Cela peut affecter l’autorité du Président». Selon lui, «Wade veut s’épargner des déballages. Pape Samba Mboup pourra trouver d’autres alliés. Compte tenu de la somme d’informations qu’il détient, je suppose que Wade veut éviter des révélations». Certes, admet-il, «on peut démissionner pour des raisons d’éthique et d’orientations politiques. Mais pour la plupart des cas, les gens démissionnent quand ils se sentent à l’étroit, quand ils sont frustrés et mis à l’écart. Ce sont donc des considérations strictement personnelles». Il n’en demeure pas moins que dans le management des conflits, l’Etat peut ne pas vouloir se séparer de quelqu’un pour «des raisons multiples». A partir de ce moment, la seule solution est de négocier pour éviter les préjudices qu’un tel départ engendrerait. Il y a quelques mois, c’est la démission de Cheikh Tidiane Sy qui avait attiré l’attention des observateurs avertis du fonctionnement de l’Etat. L’annonce de son départ du gouvernement renseigne sur «l’amateurisme» des services présidentiels. Le communiqué pouvait faire l’économie d’énoncer que Cheikh Tidiane Sy a demandé à être relevé de ses fonctions. D’ailleurs, Abdoul Aziz Tall avait expliqué, à l’époque, dans les colonnes de l’hebdomadaire La Gazette, qu’il s’agit seulement «de viser des textes et de décréter». C’est cela, ajoutait-il, «le caractère officiel et impersonnel» et que «tout autre chose doit être fait en dehors du décret. Sans quoi, le texte sera dépourvu de toute sa valeur administrative».
( LE Quotidien )