Alioune Tine :« Sans un audit global et organisationnel systématique de notre administration …. pas de rupture »



La question foncière, les accords de pêche et de l’agriculture sont au menu de l’actualité sénégalaise. Depuis quelques jours, des personnes sont citées dans des scandales foncières et autres suite à l’arrêt des travaux décidé par le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye et la publication des rapports par la cour des comptes. Ce qui a fait réagir certaines personnes à l’image du fondateur d’Africa Jom Center, Alioune Tine.

En à croire ses propos, « Quand on veut avoir le contenu, la matérialisation et la réalité du concept de Système, des acteurs et structures du système politique et administratif, il faut examiner la gestion sauvage et criminelle du foncier au Sénégal, de la pêche, de l’agriculture avec la gestion des semences.

Selon Alioune tine, « Il s’agit d’un héritage lourd pour Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko. Ils font de gros efforts que tout le monde salue, il faut absolument qu’ils prennent le taureau par les cornes, le Sénégal doit relever le défi de réinventer l’état et les institutions post-coloniales. »

Le patron d’Africa Jom Center propose au chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko de faire un « audit global et organisationnel de l’hyper-présidentialisme, de sa centralité, de l’étendue sans limite de ses pouvoirs et pire de son irresponsabilité pénale ».

De son avis, « Il est bon d’encadrer ce pouvoir au regard de l’expérience que nous avons vécue depuis l’indépendance et particulièrement en 2011 et en 2012 avec Wade et de 2021 à 2024, avec Macky Sall.

De plus, « Il faut également, un audit global et organisationnel de l’administration sénégalaise. Car, ce qui s’est passé dans le foncier au Sénégal avec le littoral, Mbour, Thiès, Ziguinchor, l’aéroport Léopold Sédar Senghor et dans tout le pays, donne à voir un effondrement dans les services essentiels de régulation du vivre -ensemble notamment les services des Impôts et des Domaines et les services de l’urbanisme, c’est -à-dire le cœur battant de notre administration, minée par la corruption ».

Il pense que « sans un audit global et organisationnel systématique de notre administration, pas de transformation systémique et pas de rupture ».

Donc, pour lui, « il faut absolument travailler à l’identification des perversions, des dysfonctionnements et des pathologies de notre administration, d’en faire un diagnostic collectif, très large pour se guérir collectivement du Système ».

Car, dit-il « l’enfer est pavé de bonnes intentions, tous les présidents avant Diomaye Faye avaient de très bonnes intentions qui avaient séduit et enchanté, Diouf avait promis la transparence, de construire une maison de verre, Wade pareil, Macky est allé plus loin avec la création de l’Ofnac. Aucun de ses présidents n’a matérialisé la rupture par de nouvelles institutions.

Macky Sall qui avait l’opportunité de marquer la rupture avec les propositions des assises a été littéralement dissout par le système. C’est une nécessité absolue de mettre un terme à la gouvernance chaotique, hors norme et corrompue qui est une menace au vivre ensemble, au faire nation ».

Sur ce, « Ce qui est valable pour le foncier, c’est exactement ce qu’on observe pour la pêche, même gouvernance chaotique, hors norme et corrompue. Quand on examine l’agriculture et la distribution des engrais, c’est pareil. Ce  système ou l’état est contrôlé par une minorité de citoyens prédateurs qui accaparent les biens et les ressources, cet état, dont la vocation est de protéger les plus faibles et les plus vulnérables est un état voué à l’éffondrement. Un citoyen faible et vulnérable est incapable de protéger l’état de droit et la République. Pire, le citoyen désenchanté n’y croit plus, ne croit plus aux hommes politiques et aux institutions, les conséquences sont tragiques : les tensions politiques, les conflits armés, les coups d'État militaires, la migration pour fuir le système  par tous les moyens ».

Il estime que « les sénégalais ont transformé la présidentielle en référendum pour élire dès le premier tour Bassirou Diomaye Faye à 54%. Inédit pratiquement dans la sous -région. Sans audit de l’hyper-présidentialisme et sans audit organisationnel et global de notre administration corrompue, il sera difficile de réussir la rupture systémique, il sera difficile de réinventer notre état, nos institutions, notre démocratie et notre république Diomaye, il faut oser les sénégalais te soutiennent », écrit-il.  
Mercredi 8 Mai 2024
Dieynaba Agne