La vieille affaire qui dure depuis 30 ans et portant sur l’indemnisation suite à une expropriation du terrain immatriculé Tf 1451/R, continue de parler d’elle, à travers des révélations fracassantes. Tout est parti d’une plainte déposée par le leader de Pastef devant le procureur, l’Inspection générale d’Etat et l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Dans la plainte, Ousmane Sonko accuse le nommé Seydou Sarr de s’être tapé la rondelette somme de 94 783 159 000 F Cfa sur le dos du contribuable sénégalais, avec la complicité de Monsieur Mamour Diallo l’ancien directeur général des domaines.
Au départ, une plainte pour détournement de deniers publics
Face à l’opinion, Me El Hadji Diouf l’avocat de ce dernier a servi hier, un film accablant pour l’accusateur en chef. Documents écrits et sonores à la rescousse, la vidéo d’une quinzaine minute, retrace avec une précision chirurgicale des faits, les contours de l’affaire dite des 94 milliards de FCFA. De prime abord, la vidéo s’attache à démontrer que - contrairement aux allégations fournies – Ousmane Sonko, est en fait une partie prenante de cette affaire à travers une structure dénommée Atlas (Afrique tax and law advisor services) créée avec l’un de ses partenaires. De quoi s’agit-il exactement ?
Dans le secret du privé, un protocole est signé le 6 août 2018, à 6 mois de la campagne présidentielle, entre ladite société Atlas et les familles concernées par l’indemnisation consécutive à l’expropriation de leur terrain. Fait important relevé par le film, le cabinet Atlas devait percevoir 12% des montants recouvrés, soit environ 12 milliards de commissions sur la base des 94 milliards. En clair, le politicien qui a mené campagne en brandissant cette supposée affaire de détournement devant l’opinion publique était aussi intéressée.
L’affaire sera ensuite refilée à une autre société, Mercalex, appartenant à Ismaila Bâ, partenaire de Sonko dans Atlas. Tentative de camouflage ou diversion en vue d’effacer toute trace le liant à cette affaire ? Peine perdue : des révélations sur cette affaire de commissions tombent et fortement relayées par la presse sénégalaise.
Cueilli à froid par l’ampleur des faits dont un enregistrement sonore, l’accusateur en chef promet une réponse à la hauteur des révélations qui le découvrent dans sa face cachée.
Celle-ci n’arrivera jamais d’ailleurs malgré les sorties décousues de ses camarades de Parti tout aussi surpris par la tournure que venait de prendre le dossier. En tout cas, le film lève le voile sur les contours d’une vaste campagne menée par le ‘’ Patriote en chef’’ qui avait pour ambition de tirer profit de ce deal via une commission qui devait être normalement versée dans le compte bancaire N° 036184356301 de Mercalex logé à la CBAO. Dés lors, l’enjeu financier devenait clair et les intérêts du leader du Pastef dans ce dossier, bien circonscrits.
Des Sociétés-écranpour effacer toute trace de présence
Mais le deal passé entre la société Atlas et les héritiers du Titre foncier 1451/R sous le vernis de sociétés -écran qui ont joué un rôle d’intermédiaire, n’a pas prospéré. En effet, les mises en demeure de paiement adressées aux structures impliquées dans cette affaire pour le paiement des sommes réclamées s’avéreront infructueuses. Il s’y ajoute que les promoteurs de Mercalex trouvent en face d’eux un concurrent inattendu en l’occurrence la société Sofico dirigée par un certain Tahirou Sarr. C’est cette structure qui obtiendra gain de cause et signera avec l’Etat pour le recouvrement des montants dûs.
L’audit d’acquiescement a été signé contre la somme de 49, 950 milliards de francs. Sofico a donc raflé la mise devant Mercalex et par ricochet Atlas. Tahirou Sarr ou Seydou Sarr avait racheté la créance auprès des héritiers, prenant sur lui le risque lié à l’incertitude du règlement de l’indemnité par l’Etat.
Voilà donc envolés en fumée les espoirs de rétrocession de commission ! Très souvent mis au défi d’apporter la moindre preuve du détournement de 94 milliards de Franc CFA qu’il impute à l’ancien directeur des domaines, Mamour Diallo, Ousmane Sonko n’a jamais apporté de réponses. Il s’est plutôt livré au périlleux exercice d’ouverture de contre feu en évoquant des contrats «scandaleux» selon ses propres termes, sur les ressources minières ou des plaintes (encore !) contre les députés membres de la Commission parlementaire et contre Mamour Diallo. Une surenchère médiatico-politique pour divertir ? Cela en a tout l’air. Mais pour combien de temps pourra t-il encore s’abriter derrière ces faux-fuyants ?
Une ligne d’attaque fragilisée par des contradictions
Pour rappel, les députés avaient mis en place une commission d’enquête parlementaire le 19 avril dernier, à la convocation de laquelle Ousmane Sonko, alors en pleine campagne, refusera de déférer. Cette commission d’enquête a rendu son rapport blanchissant l’ancien directeur national des domaines, Mamour Diallo.
Abou Kane