Les dernières affiches de l’affaire Dias montrent deux Maires réconciliés dans l’acmé d’une tragédie politique. L’un négociant sa chute irréversible et l’autre construisant son ascension incertaine. L’image montrant Khalifa Sall à côté d’un agent de la police et regardant Dias à gauche, les deux entre une voiture aux portières ouvertes, est une capture dont personne ne doute de la compassion sincère, naturelle et profonde qu’elle dévoile chez le Maire de Dakar. Avoir de la compassion pour ceux que frappe une tragédie individuelle ou collective est un acte noble et humain. Mais si dans cette tragédie se joue également, en partie, un destin présidentiel, le tout se mue en un théâtre politique où seuls les actes visibles qu’on pose comptent.
On ne choisit pas les contours des événements favorables à son ascension, mais en acteur averti, on ne rate pas le kairos, qui les accompagne, malgré leur nature. Aucun membre du Parti Socialiste n’aurait souhaité qu’un des leurs soit absent du peloton vert en cette période préélectorale cruciale. L’arrêt, cette semaine, du Maire socialiste de Mermoz, pour crime, est celui d’un élu à la personnalité et au parcours atypiques. Pour la première fois, un militant de la dernière heure, venant d’une structure marginale à celles officielles du Parti Socialiste, Convergence Socialiste, était hissé, par parachutage, à la tête du Mouvement des Jeunesses Socialistes. Ce parcours atypique a fait grincer des dents, notamment chez certains orthodoxes de l’école senghorienne ayant quitté le Parti ou y étant restés. Militant à la dent dure, aux dents longues, et aux dents qui rayent le plancher, le Maire de Mermoz était moins un fidèle inconditionnel du PS, que l’homme de main politique de son Secrétaire Général.
En tout état de cause, ce sont sa posture et ses déclarations qui lui valent cette étiquette. Aux avant-postes d’une prétendue guerre politique entre le Secrétaire Général du PS et le Maire de Dakar, il n’avait pas hésité à attaquer vertement son homologue de la plus grande municipalité du Sénégal. De ces virulentes attaques naquirent, alors, des titres révélateurs : « Prémices de guerre froide entre O-Tanor Dieng et Khalifa Sall : début d’un ‘‘CLAF’’ à la Maison du Parti », lit-on dans le Rewmi du mardi 19 mai 2009. Et le Messager du samedi 02 octobre 2010 de titrer : « Khalifa Sall-Tanor Dieng : les protagonistes d’un match nul ». Pourtant, la compassion du Maire de Dakar vis-à-vis de celui dont il essuyait les véhémentes attaques publiques et les différentes sorties du Secrétaire Général du PS sur cette prétendue guerre contredisent, apparemment, la logique d’une guerre de succession au Trône Vert domicilié à Colobane. Mais cette contradiction ne relève-t-elle pas de la dialectique politique ? En tout cas, elle autorise une interrogation non pas sur l’importance du futur ex Maire de Mermoz, mais plutôt sur l’importance de la structure politique dont il était le Secrétaire Général et l’enjeu qu’elle représente au sein même du PS. Les JS, Jeunesses Socialistes en abrégé, est une structure par le biais de laquelle certains hommes politiques de formation socialiste ont décroché leurs premiers grands galons politiques, y compris l’actuel Maire de Dakar. Elle est l’une des rares structures présente à tous les niveaux d’organisation du PS, du Comité jusqu’au Bureau Politique. Pour ceux qui sont entrés directement dans le Parti par le sommet de la pyramide verte, c’est une structure sans enjeu personnel, car son contrôle peut être acquis sans grande difficulté. Mais pour ceux qui sont partis de la base, son contrôle est une condition au droit de lorgner vers Colobane.
Comment le Maire de Dakar pourra-t-il décrocher le soutien des camarades de Dias, sinon par un oubli des attaques virulentes que celui-ci a proférées à son égard ? Il fallait accompagner et tenter de sauver l’homme que personne ne peut sauver, car le résultat visé n’est pas sa libération, mais plutôt la conquête de sa structure, une structure ayant perdu ses deux plus virulents dirigeants. Au demeurant, l’affaire Dias ouvre au PS le premier front de la bataille de l’après Ousmane Tanor Dieng. Mais ce Général politique courtois, serein et dont le credo semble être la force tranquille perd-il de vue le manège caché dans l’affaire de celui qui fut son protégé ?
Assalma Koor DIOUF
On ne choisit pas les contours des événements favorables à son ascension, mais en acteur averti, on ne rate pas le kairos, qui les accompagne, malgré leur nature. Aucun membre du Parti Socialiste n’aurait souhaité qu’un des leurs soit absent du peloton vert en cette période préélectorale cruciale. L’arrêt, cette semaine, du Maire socialiste de Mermoz, pour crime, est celui d’un élu à la personnalité et au parcours atypiques. Pour la première fois, un militant de la dernière heure, venant d’une structure marginale à celles officielles du Parti Socialiste, Convergence Socialiste, était hissé, par parachutage, à la tête du Mouvement des Jeunesses Socialistes. Ce parcours atypique a fait grincer des dents, notamment chez certains orthodoxes de l’école senghorienne ayant quitté le Parti ou y étant restés. Militant à la dent dure, aux dents longues, et aux dents qui rayent le plancher, le Maire de Mermoz était moins un fidèle inconditionnel du PS, que l’homme de main politique de son Secrétaire Général.
En tout état de cause, ce sont sa posture et ses déclarations qui lui valent cette étiquette. Aux avant-postes d’une prétendue guerre politique entre le Secrétaire Général du PS et le Maire de Dakar, il n’avait pas hésité à attaquer vertement son homologue de la plus grande municipalité du Sénégal. De ces virulentes attaques naquirent, alors, des titres révélateurs : « Prémices de guerre froide entre O-Tanor Dieng et Khalifa Sall : début d’un ‘‘CLAF’’ à la Maison du Parti », lit-on dans le Rewmi du mardi 19 mai 2009. Et le Messager du samedi 02 octobre 2010 de titrer : « Khalifa Sall-Tanor Dieng : les protagonistes d’un match nul ». Pourtant, la compassion du Maire de Dakar vis-à-vis de celui dont il essuyait les véhémentes attaques publiques et les différentes sorties du Secrétaire Général du PS sur cette prétendue guerre contredisent, apparemment, la logique d’une guerre de succession au Trône Vert domicilié à Colobane. Mais cette contradiction ne relève-t-elle pas de la dialectique politique ? En tout cas, elle autorise une interrogation non pas sur l’importance du futur ex Maire de Mermoz, mais plutôt sur l’importance de la structure politique dont il était le Secrétaire Général et l’enjeu qu’elle représente au sein même du PS. Les JS, Jeunesses Socialistes en abrégé, est une structure par le biais de laquelle certains hommes politiques de formation socialiste ont décroché leurs premiers grands galons politiques, y compris l’actuel Maire de Dakar. Elle est l’une des rares structures présente à tous les niveaux d’organisation du PS, du Comité jusqu’au Bureau Politique. Pour ceux qui sont entrés directement dans le Parti par le sommet de la pyramide verte, c’est une structure sans enjeu personnel, car son contrôle peut être acquis sans grande difficulté. Mais pour ceux qui sont partis de la base, son contrôle est une condition au droit de lorgner vers Colobane.
Comment le Maire de Dakar pourra-t-il décrocher le soutien des camarades de Dias, sinon par un oubli des attaques virulentes que celui-ci a proférées à son égard ? Il fallait accompagner et tenter de sauver l’homme que personne ne peut sauver, car le résultat visé n’est pas sa libération, mais plutôt la conquête de sa structure, une structure ayant perdu ses deux plus virulents dirigeants. Au demeurant, l’affaire Dias ouvre au PS le premier front de la bataille de l’après Ousmane Tanor Dieng. Mais ce Général politique courtois, serein et dont le credo semble être la force tranquille perd-il de vue le manège caché dans l’affaire de celui qui fut son protégé ?
Assalma Koor DIOUF
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