Excellence, Mr le Président,
La banlieue de Dakar m’a vu naître, grandir et aujourd’hui je traverse le couloir décennal qui mène à la vieillesse. Depuis près de dix ans, les inondations ont fait de nous des habitants plongés entre rêve et désarroi. Rêve, car nous prétendons que nos maisons sont pieds dans l’eau ; désarroi, puisque Excellence, depuis très longtemps, nous ne vivons plus décemment, et ces moments douloureux que nous traversons, ne sont point comparables à de la survie, tellement la crise perdure ici comme ailleurs. Et dire que je fais parti de ceux qui ont cru en vous en 2000, qui ont continué de vous croire en 2007 et jusqu’à présent, Dieu m’est témoin que vous n’êtes pas sortis de mon cœur.
Mais Excellence, êtes vous réellement au courant de notre profonde souffrance ? Savez-vous que nous ne mangeons que rarement ? Savez-vous le spectacle qu’offrent nos familles une fois réunies le soir ; Le silence règne dans nos foyers, nous sommes installés en permanence dans des deuils, et pourtant nous avons beaucoup de sujets de discussions, mais hélas, nous avons adopté la tactique de moins parler, pour ne pas avoir à crever sous la faim. Ce silence dans le noir que vous nous avez habitué nous plonge dans le sommeil. Excellence, nous sommes fatigués.
Etes-vous vraiment informé de l’arrogance que nous étalent certains de vos collaborateurs, des injures que nous recevons en pleine figure et en permanence ?
Savez-vous qu’il n’y en a peu qui ne se sont pas enrichis devenant des fortunés sur le dos du contribuable ? Ce n’est qu’hier que j’ai su que je faisais parti du contribuable ! Moi qui croyais que contribuable était rimé à Etat ; moi qui pensais que contribuable était dévolu à des personnes bien précises ! Le peuple, n’est au courant que de ses devoirs, et tous ses droits lui sont cachés, comme un trésor enfoui en profondeur.
Excellence,
Avez-vous vu les parkings automobiles dont ils disposent, tous autant qu’ils sont ?
Savez-vous le nombre de titres fonciers qu’ils se sont octroyés ?
Et pourtant ils sont tous au courant de nos calvaires, les méprisant , sans jamais réagir ; sous aucune forme, pour nous venir en aide, tel que Dieu le leur a recommandé ; et parfois les coffres remplis de sous sont à leur côté. Ils ne savent plus quoi faire de cet argent. L’odeur des billets leur est devenue insupportable, mais ils restent quand même attachés à cette manne, souvent inestimable. Quel service ce dernier pourrait-il leur rendre une fois que le peuple sera entièrement sensibilisé et qu’il aura pris conscience qu’il s’agit bien de son dû ? Qu’est devenu Kadhafi, aujourd’hui malgré toute sa richesse ? Qu’est devenue la famille de Bokassa ou celle de Mobutu ? Que sont devenues ces « intouchables » Moubarak et son épouse au train de vie insolent? Que sont devenu Ben Ali et le puissant clan Trabelsi? Ou encore à deux pas de chez nous, Gbagbo et son épouse, plongés dans les rives de l’inconscience ? Beaucoup de questions qui méritent une grande réflexion.
A l’heure où j’écris cette lettre, Excellence, nous nous sommes partagés une bouillie réchauffée par ma sœur, qui a perdu toute saveur ; mais il faut bien que nous remplissions nos ventres, pour bien les rattacher à nos corps fébriles.
J’ai lu dans un livre, qu’un grand dignitaire Zaïrois, du temps de Mobutu, fuyait son territoire pendant la crise, d’il y a une décennie. Mal lui en a pris de vouloir traverser Katanga par la ville de Likasi avec cinq mallettes bourrées de millions de dollars. Au fur et à mesure que ceux qui le poursuivaient s’approchaient, il prenait conscience de la futilité de son gain et jetait une à une les mallettes, pour garder sa souplesse et sa légèreté. Il avait eu la vie sauve en rentrant à la frontière zambienne, mais est resté deux jours sans se nourrir, puisqu’il n’avait plus le moindre sou sur lui. Il mourût dans la faim, dans la souffrance, dans la fatigue et dans l’abandon, les mêmes conditions qu’il avait infligées à son peuple, lui qui avait fini de comprendre qu’il était le contribuable.
Quelle tragédie prévisible ! Quel est l’intérêt d’amasser autant d’argent, si l’on ne peut aider les populations défavorisées à garder leur dignité ?
Excellence, si ce n’était pas notre foi en Dieu, nous aurions tous perdu nos dignités.
Excellence, avez-vous vu nos factures d’électricité ? Ma tante qui habite au Sacré-Cœur III et qui était notre principal soutien ; a reçu une facture de 541.000 F et l’échéance lui a été fixée au 17 décembre ; alors qu’il y a 4 mois seulement, sa facture tournait entre 167.000 et 210.000F. Qu’est ce qui a changé Excellence entre temps ? Vers où allons-nous ? Qu’est ce qui ne va plus dans votre gestion ?
Devons-nous porter notre choix sur un autre candidat qui n’a aucune attache avec la politique ? Car Excellence, nos conditions précaires nous poussent à être déçus, découragés et pessimistes.
La déception tend vers la révolte, et le pessimisme est un signe annonciateur de changement.
Excellence, soyez attentif, vos gens ne nous aident plus, ils sont entrain de vous creuser une tombe, en sapant votre politique.
Et Dieu seul sait qu’à votre âge, vous méritez une fin paisible et non secouée ; d’être choyé et non malmené ; de l’attention et non de la pression.
Donc Excellence, mettez votre sagesse au service du bien, au service du peuple, soyez équitable, si votre équité est désaxée, soyez tolérant envers votre peuple qui souffre de tous les maux et la banlieue de Dakar n’est qu’un petit échantillon de cette grande désillusion.
Nicolas Gramaldi disait : « Imaginer, rêver, espérer, c’est avoir réunit toutes les conditions de la désillusion ».
Et Excellence, vous nous avez laissé imaginer, rêver, espérer et vous êtes entrain de nous montrer le couloir qui mène vers le désenchantement.
C’est un homme blessé qui vous écrit, qui n’a même pas dit le centième de sa douleur, un homme torturé psychologiquement qui tremble sous sa plume et qui tête sa petite fille malade, seul médicament qu’il puisse lui offrir, car il ne songe même pas la conduire dans un centre de santé, où tout est bien sûr payant.
Ma conscience, Excellence, vous donne rendez-vous sur un champ de bataille, où toutes les consciences abusées, malmenées, ont décidé de vous tourner le dos et peut être à jamais !
Que Dieu vous garde et protège votre progéniture, car dire que vous n’avez rien fait pour le Sénégal, ne serait que pure hérésie.
Source :www.assirou.net
Ali Bocar Touré
informaticien Pikine Tally Bou Bess
La banlieue de Dakar m’a vu naître, grandir et aujourd’hui je traverse le couloir décennal qui mène à la vieillesse. Depuis près de dix ans, les inondations ont fait de nous des habitants plongés entre rêve et désarroi. Rêve, car nous prétendons que nos maisons sont pieds dans l’eau ; désarroi, puisque Excellence, depuis très longtemps, nous ne vivons plus décemment, et ces moments douloureux que nous traversons, ne sont point comparables à de la survie, tellement la crise perdure ici comme ailleurs. Et dire que je fais parti de ceux qui ont cru en vous en 2000, qui ont continué de vous croire en 2007 et jusqu’à présent, Dieu m’est témoin que vous n’êtes pas sortis de mon cœur.
Mais Excellence, êtes vous réellement au courant de notre profonde souffrance ? Savez-vous que nous ne mangeons que rarement ? Savez-vous le spectacle qu’offrent nos familles une fois réunies le soir ; Le silence règne dans nos foyers, nous sommes installés en permanence dans des deuils, et pourtant nous avons beaucoup de sujets de discussions, mais hélas, nous avons adopté la tactique de moins parler, pour ne pas avoir à crever sous la faim. Ce silence dans le noir que vous nous avez habitué nous plonge dans le sommeil. Excellence, nous sommes fatigués.
Etes-vous vraiment informé de l’arrogance que nous étalent certains de vos collaborateurs, des injures que nous recevons en pleine figure et en permanence ?
Savez-vous qu’il n’y en a peu qui ne se sont pas enrichis devenant des fortunés sur le dos du contribuable ? Ce n’est qu’hier que j’ai su que je faisais parti du contribuable ! Moi qui croyais que contribuable était rimé à Etat ; moi qui pensais que contribuable était dévolu à des personnes bien précises ! Le peuple, n’est au courant que de ses devoirs, et tous ses droits lui sont cachés, comme un trésor enfoui en profondeur.
Excellence,
Avez-vous vu les parkings automobiles dont ils disposent, tous autant qu’ils sont ?
Savez-vous le nombre de titres fonciers qu’ils se sont octroyés ?
Et pourtant ils sont tous au courant de nos calvaires, les méprisant , sans jamais réagir ; sous aucune forme, pour nous venir en aide, tel que Dieu le leur a recommandé ; et parfois les coffres remplis de sous sont à leur côté. Ils ne savent plus quoi faire de cet argent. L’odeur des billets leur est devenue insupportable, mais ils restent quand même attachés à cette manne, souvent inestimable. Quel service ce dernier pourrait-il leur rendre une fois que le peuple sera entièrement sensibilisé et qu’il aura pris conscience qu’il s’agit bien de son dû ? Qu’est devenu Kadhafi, aujourd’hui malgré toute sa richesse ? Qu’est devenue la famille de Bokassa ou celle de Mobutu ? Que sont devenues ces « intouchables » Moubarak et son épouse au train de vie insolent? Que sont devenu Ben Ali et le puissant clan Trabelsi? Ou encore à deux pas de chez nous, Gbagbo et son épouse, plongés dans les rives de l’inconscience ? Beaucoup de questions qui méritent une grande réflexion.
A l’heure où j’écris cette lettre, Excellence, nous nous sommes partagés une bouillie réchauffée par ma sœur, qui a perdu toute saveur ; mais il faut bien que nous remplissions nos ventres, pour bien les rattacher à nos corps fébriles.
J’ai lu dans un livre, qu’un grand dignitaire Zaïrois, du temps de Mobutu, fuyait son territoire pendant la crise, d’il y a une décennie. Mal lui en a pris de vouloir traverser Katanga par la ville de Likasi avec cinq mallettes bourrées de millions de dollars. Au fur et à mesure que ceux qui le poursuivaient s’approchaient, il prenait conscience de la futilité de son gain et jetait une à une les mallettes, pour garder sa souplesse et sa légèreté. Il avait eu la vie sauve en rentrant à la frontière zambienne, mais est resté deux jours sans se nourrir, puisqu’il n’avait plus le moindre sou sur lui. Il mourût dans la faim, dans la souffrance, dans la fatigue et dans l’abandon, les mêmes conditions qu’il avait infligées à son peuple, lui qui avait fini de comprendre qu’il était le contribuable.
Quelle tragédie prévisible ! Quel est l’intérêt d’amasser autant d’argent, si l’on ne peut aider les populations défavorisées à garder leur dignité ?
Excellence, si ce n’était pas notre foi en Dieu, nous aurions tous perdu nos dignités.
Excellence, avez-vous vu nos factures d’électricité ? Ma tante qui habite au Sacré-Cœur III et qui était notre principal soutien ; a reçu une facture de 541.000 F et l’échéance lui a été fixée au 17 décembre ; alors qu’il y a 4 mois seulement, sa facture tournait entre 167.000 et 210.000F. Qu’est ce qui a changé Excellence entre temps ? Vers où allons-nous ? Qu’est ce qui ne va plus dans votre gestion ?
Devons-nous porter notre choix sur un autre candidat qui n’a aucune attache avec la politique ? Car Excellence, nos conditions précaires nous poussent à être déçus, découragés et pessimistes.
La déception tend vers la révolte, et le pessimisme est un signe annonciateur de changement.
Excellence, soyez attentif, vos gens ne nous aident plus, ils sont entrain de vous creuser une tombe, en sapant votre politique.
Et Dieu seul sait qu’à votre âge, vous méritez une fin paisible et non secouée ; d’être choyé et non malmené ; de l’attention et non de la pression.
Donc Excellence, mettez votre sagesse au service du bien, au service du peuple, soyez équitable, si votre équité est désaxée, soyez tolérant envers votre peuple qui souffre de tous les maux et la banlieue de Dakar n’est qu’un petit échantillon de cette grande désillusion.
Nicolas Gramaldi disait : « Imaginer, rêver, espérer, c’est avoir réunit toutes les conditions de la désillusion ».
Et Excellence, vous nous avez laissé imaginer, rêver, espérer et vous êtes entrain de nous montrer le couloir qui mène vers le désenchantement.
C’est un homme blessé qui vous écrit, qui n’a même pas dit le centième de sa douleur, un homme torturé psychologiquement qui tremble sous sa plume et qui tête sa petite fille malade, seul médicament qu’il puisse lui offrir, car il ne songe même pas la conduire dans un centre de santé, où tout est bien sûr payant.
Ma conscience, Excellence, vous donne rendez-vous sur un champ de bataille, où toutes les consciences abusées, malmenées, ont décidé de vous tourner le dos et peut être à jamais !
Que Dieu vous garde et protège votre progéniture, car dire que vous n’avez rien fait pour le Sénégal, ne serait que pure hérésie.
Source :www.assirou.net
Ali Bocar Touré
informaticien Pikine Tally Bou Bess