Accusée d’avoir immolé son mari avec du pétrole durant son sommeil: le mystère tragique d’Aminata Diop et Mamadou Junior Ba , entre l’accusation de meurtre et la thèse du suicide

Accusée d’avoir immolé son mari avec du pétrole durant son sommeil, Aminata Diop clame son innocence. Mais les témoignages accablants et les zones d’ombre entourant cette affaire divisent la Chambre criminelle du Tribunal Hors Classe de Dakar, où le verdict est attendu le 14 janvier. Retour sur un drame conjugal qui a bouleversé Rufisque.


Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2022, dans un domicile à Rufisque, un conflit conjugal a viré au drame. Mamadou Junior Ba, gravement brûlé, a succombé à ses blessures après une agonie atroce. Son épouse, Aminata Diop, est aujourd’hui accusée d’avoir aspergé son mari de pétrole avant de l’immoler. Cette affaire, rapportée par L’Observateur, expose une relation conjugale chaotique et des témoignages divergents, laissant la justice face à un casse-tête judiciaire.

 

Un couple en crise

 

La relation entre Aminata Diop et Mamadou Junior Ba, parents de deux enfants, était loin d’être paisible. Des disputes fréquentes, des accusations de trahison, et des tensions exacerbées ont marqué leur quotidien. Aminata Diop affirme que ce soir-là, leur conflit a pris une tournure dramatique lorsque son mari, après une dispute, aurait menacé de se suicider en s’aspergeant lui-même de pétrole.

 

« Il m’accusait d’adultère, ce qui m’a profondément blessée. Nous nous sommes disputés, et je lui ai interdit de dormir dans la chambre. C’est alors qu’il a pris le pétrole destiné à tuer les punaises de lit et a menacé de s’immoler. » a-t-elle déclaré à la barre.

 

Aminata Diop a également souligné que son mari avait déjà tenté de se suicider auparavant, évoquant un précédent où il aurait tenté de se pendre.

 

Une nuit fatale à Rufisque

 

Le drame s’est déroulé dans la nuit du 26 au 27 juillet 2022, dans le domicile conjugal à Rufisque. Mamadou Junior Ba, gravement brûlé, a succombé à ses blessures après avoir tenté de se réfugier dans un canal d’évacuation d’eau. Le père de la victime, Ababacar Ba, raconte avec émotion devant la barre :

 

« Les blessures de mon fils étaient d’une gravité innommable. Je n’ai jamais vu ça de ma vie. »

 

Pour Aminata Diop, l’explication est toute autre. À la barre, elle plaide non coupable et avance la thèse du suicide. Selon elle, Mamadou Junior Ba, après une dispute alimentée par des soupçons d’infidélité, aurait menacé de s’immoler, comme il l’aurait déjà tenté par le passé.

 

« Il s’est enduit de pétrole destiné à tuer les punaises de lit et a allumé un briquet. Ce n’était pas la première fois qu’il menaçait de se suicider, » déclare l’accusée, soutenue par sa sœur, qui confirme ces précédents.

 

Des témoignages contradictoires

 

Cependant, d’autres récits viennent fragiliser cette version. Le frère de la victime, qui a assisté à ses derniers moments, rapporte que Mamadou Junior Ba, sur son lit d’hôpital, a rejeté catégoriquement la thèse du suicide.

 

« Il m’a dit qu’il avait senti une vive brûlure dans son sommeil et qu’il voulait se sauver. Il était convaincu que sa femme l’avait attaqué. »

 

Ce témoignage alimente les soupçons d’un meurtre prémédité, d’autant plus que l’homme aurait confié vouloir divorcer et récupérer ses enfants.

 

Les enjeux judiciaires

 

Pour l’avocat de la partie civile, les preuves de culpabilité sont accablantes :

 

« Les brûlures montrent qu’une grande quantité de pétrole a été utilisée, ce qui contredit la thèse d’un suicide accidentel. »

 

De son côté, l’avocat de la défense insiste sur l’absence de preuves directes :

 

« Aucun élément probant ne permet de conclure qu’Aminata a tué son mari. Elle doit bénéficier du doute. »

 

Le représentant du ministère public, lui, demande une stricte application de la loi.

 

Le verdict attendu

 

Après des débats tendus, la Chambre criminelle a mis l’affaire en délibéré. Le 14 janvier prochain, Aminata Diop saura si elle sera condamnée pour meurtre ou acquittée.

 

 

Ce drame tragique, comme le souligne L’Observateur, illustre les conséquences fatales des violences conjugales et des tensions non résolues au sein des ménages. Qu’elle soit coupable ou non, cette affaire laisse derrière elle deux enfants orphelins et une famille dévastée.

 

Alors que la justice s’apprête à trancher, une question demeure : cette nuit fatidique a-t-elle été le théâtre d’un suicide désespéré ou d’un meurtre prémédité ?

Jeudi 26 Décembre 2024
Dakaractu