Abdoulaye Wade et la logique du pire.


DAKARACTU.COM - «Des gens veulent semer le trouble dans le pays. Mais leurs plan et stratégie ne passeront pas. Ce sont les faibles qui font recours à la violence. Et la position des deux forces montre que notre camp représente la force morale. Le monde est avec nous. (...) Il ne faut pas accepter que des gens viennent détruire le pays. Résistez physiquement contre ceux qui veulent semer le trouble dans le pays. Je vous ordonne de les neutraliser et les livrer aux forces de l’ordre pour que la justice se prononce sur leur sort. A bon entendeur salut.» Ce propos va-t-en guerre de Wade, qui se termine par une formule guerrière, a été lâché hier 17 juillet, lors du forum des enseignants libéraux. En clair, Wade  a appelé les siens à se bagarrer contre ses adversaires et à remettre au gout du jour la justice privée en se chargeant eux-mêmes du travail de la police: neutraliser les prétendus fauteurs de troubles. La position du chef de l’Etat vient tendre davantage une situation qui l’est suffisamment déjà. Elle vient s’ajouter à un passage du discours présidentiel du 14 juillet qui a eu le don d’exaspérer l’opposition et la société civile. Dans ce passage, Wade a déclaré avoir été «surpris» par le soulèvement populaire du 23 juin et assuré qu’il n’allait plus l’être à nouveau. Avant d’ajouter qu’il a donné des instructions aux forces de sécurité pour réprimer en l’avenir toute velléité de contestation du régime.
 
Mais Abdoulaye Wade ne fait pas que se limiter à des discours qui jettent de l’huile sur le feu. Joignant le geste à la parole, il a organisé les jeunes de son parti en «comités de défense de la démocratie et des institutions», sortes de contingents destinés à en découdre avec les jeunes qui ont occupé la rue les 23 et 27 juin. Non sans lancer, en pleine réunion avec ses proches : «Ne déménagez pas de vos maisons, c’est un signe de peur, un mauvais signal. Nous pouvons nous aussi nous attaquer à eux et brûler leurs maisons.» Il ne faut manifestement pas compter sur le chef de l’Etat pour apaiser la situation. Pour ceux qui l’ignorent encore, Abdoulaye Wade s’inscrit résolument dans la logique du pire.   
Lundi 18 Juillet 2011