Abdoulaye Wade entre sa « Cour Constitutionnelle », sa « Haute et Bassecour Parlementaire » : la République s’effondre ! (Mohamed El Khoutoub BOP)


Lors de la tenue du dernier comité directeur du PDS auquel Idrissa SECK avait participé, le Président de la République s’était adressé à lui en ces termes : « Toi-même, tu me connais suffisamment pour savoir que si je n’étais pas sûr de ma candidature, je n’allais pas me présenter ». Dans le même temps "Jeune Afrique" nous livrait, dans l’une de ses éditions précédentes que le « Président aurait contacté de manière officieuse le conseil constitutionnel sur la recevabilité de sa candidature ».

Ainsi, Abdoulaye WADE est sûr de la constitutionnalité de sa candidature qui ne peut être reçue et conseillée autrement que conforme et recevable, si ce n’est déjà constaté comme telle par la « cour constitutionnelle ».

D’ailleurs est ce qu’il peut en être autrement. La jurisprudence BAGBO est là pour nous édifier. Mais qu’en sera t-il de ses répercussions politiques au Sénégal. C’est une question à mille inconnue que les protagonistes du champ politique, la société civile, les chefs religieux organisés autour du pouvoir théocratique et enfin tous les citoyens conscients et concernés doivent se poser.

Une superstition culturelle collective a toujours décrété que nos érudits aïeux ont été ensevelis avec de pieux vœux protecteurs à l’égard de notre patrie et que le Sénégal est un et indivisible : « Sénégal bène bop laa kène mounou kookhaar gnaar ».
Bien au contraire, sous le régime de l’alternance, la république de Abdoulaye Wade se résume à sa « haute et basse cour Parlementaire » et sa « Cour Constitutionnelle » et celle politique. En effet on n’est pas à l’abri d’éventuelles transitions politiques conflictuelles ou heurtées qui pourront bel et bien voir le jour au Sénégal.

Le « plan B de WADE pour contourner le verrou constitutionnel » tel que repris dans les colonnes d’un journal de la place au moyens d’une loi constitutionnelle interprétative des articles 27 et 104 de la constitution constitue un coup de force à la démocratie représentative déjà mal représentée par l’assemblée nationale qui est plus une chambre mécanique d’enregistrement. Ainsi, la modification de la constitution par voie législative toujours par sa « cour parlementaire » constituera une injure à la démocratie et aux fondements de la république.

C’est la raison pour la quelle nous pensons foncièrement que Abdoulaye WADE est conscient que les projets de lois interprétatives ou de révision constitutionnelle ouvriront à un conflit électoral et civil intempestifs et n’osera pas s’aventurer vers un tel suicide politique. D’autant plus que le moyen institutionnel que constitue sa « cour constitutionnelle » a déjà validé officieusement la recevabilité et la constitutionnalité de sa candidature d’autant qu’elle a été consultée de manière informelle. Par ailleurs, au delà de sa « cour parlementaire », le Président bénéficie d’un verrou plus malléable que le semblant de verrou constitutionnel. C’est sa « Cour Politique » à travers trois pièces maîtresses du dispositif électoral que sont le Ministre d’Etat Ministre de l’Intérieur, le Ministre d’Etat Ministre de la Justice et le Ministre d’Etat Ministre des Forces armées. Le Ministre de l’intérieur, membre du comité directeur et redevenu militant zélé du PDS en charge de l’organisation des élections jouera un rôle décisif dans la maîtrise du fichier électoral, de l’administration territoriale et surtout reconstruire par des voltiges le capital électoral perdu lors des dernières élections locales de mars 2009, malgré la nomination du nouveau Ministre en charge des élections.
Le Ministre d’Etat, Ministre de la Justice devant abriter et superviser les contentieux juridiques issus du processus électoral est membre du comité directeur du PDS et a été l’un des principaux promoteurs de la motion ayant débouché au vote de la candidature de Abdoulaye WADE lors de leur comité directeur précédent. De même, c’est un secret de polichinelle que de relever le dévouement sans faille à Abdoulaye Wade du Ministre d’Etat, Ministre des Forces armées, membre aussi du Comité Directeur du PDS et ayant la charge d’assurer la sécurité et la sûreté des biens et des personnes en cas de contestations électorales.

Les élections présidentielles en côte d’ivoire ont montré comment les institutions républicaines en Afrique sont manipulées au service d’un Présidentialisme « monarchisant et tyrannisant ». Il est d’ors et déjà intéressant de se projeter sur l’efficacité et l’impact des responsabilités réelles à dédier à une Commission Nationale Electorale Indépendante ou d’une Commission Electorale Autonome. Qu’elle soit indépendante ou autonome, le président n’en aura cure ! Comme précédemment conseillé à Faure EYADEMA : « si on a l’armée, l’argent et le pouvoir que vaudrait une transition démocratique» ?

La séparation et l’équilibre des pouvoirs n’existant pas, l’équilibre démocratique et républicain à travers la clarté des responsabilités dévolues à chaque institution : exécutif, judiciaire et législatif n’est qu’une architecture artificielle dans l’armada institutionnelle de la république de Abdoulaye Wade.

Pouvez vous croire un seul instant que : Cheikh Tidiane Sy Ministre de la justice ayant entériné le vote de résolution du choix de la candidature de Wade lors du comité Directeur, Ousmane Ngom Ministre commis du « monarque » qu’il avait peint comme parlant en « démocrate » et « agissant en monarque » organiseraient des élections pour, que le PDS auquel ils appartiennent et auquel ils ont consacré leurs vies politiques entières, les perdre. Cet aveu de taille de Serigne Mbacké Ndiaye, Ministre Conseiller Politique et Porte-parole du Président WADE comme quoi : « si on perd les élections nous serons tous en prison », doit faire méditer plus d’un sénégalais que ce dispositif mis en place ne peut assurer une neutralité républicaines face à l’enjeu historique et politique des élections présidentielles de février 2012.

Ainsi, il va de l’opposition réunie autour de Benno, du M23 et du mouvement des forces vives de la nation d’intensifier la rupture et la contestation légitime que la poursuite du processus électoral et son dénouement vers des élections apaisées ne peuvent s’opérer dans un contexte de maintien de la candidature de Abdoulaye Wade et de son dispositif administratif partial

Le présidentialisme du parti Etat tel que Abdoulaye Wade le pratique depuis l’alternance, n’est pas adapté à notre mode et identité que l’on conçoit de la gestion du pouvoir où puissance, domination et autorité patrimoniale se confondent avec autorité et puissance publique ; où le monopole de la violence « légitime rendue illégale » et organisée va impunément, où l’autorité juridique de la chose jugée s’applique en fonction de votre appartenance au Sénégal d’en haut ou d’en bas et où la hiérarchisation des normes et les mécanismes d’équilibrage des institutions et pouvoirs ne sont que de façade et malléable au grès des circonstances d’appartenance au parti Etat PDS.

Évidemment soyons en convaincus et si l’on n’y prend pas garde que Abdoulaye Wade rassuré et conforté dans ses doutes d’une irrecevabilité de sa candidature par les certitudes de sa « cour constitutionnelle, parlementaire et politique » ; décidément, que la république du Sénégal s’effondrera.

Mohamed El Khoutoub BOP
Cadre en Gestion et Management des Ressources Humaines et Conduite du Changement Organisationnel
Sociologue des Organisations
Coordonnateur du Mouvement NADAW (Nouvelle Alliance pour Dégager Abdoulaye Wade)
Mardi 9 Aout 2011
Mohamed El Khoutoub BOP