A vos impôts prêts.....payez (Babacar DIOP)


Pour être juste l’impôt doit revêtir la qualité d’équité nous apprend l’économiste ADAM SMITH à travers son célèbre ouvrage : de la richesse des nations. L’observation et le respect de cette qualité constituent un préalable fondamental aux prélèvements fiscaux. Ce rappel des principes nous permet d’aborder la problématique de la gestion des ressources publiques, fruit des contributions des sénégalais, avec la célérité requise. Partant du postulat selon lequel tous les citoyens sans exclusive sont égaux en devoir et en droit, ils doivent tous sans distinction aucune contribuer aux charges publiques en s’acquittant correctement de leurs impôts et taxes. Ce principe est fondateur de la République en ce sens qu’il découle du contrat social qui lie l’Etat aux citoyens. Dés lors, nous assistons dans notre cher pays le Sénégal à une propension sans cesse accrue des pouvoirs publics, qui au lieu de sauvegarder nos maigres ressources, à s’adonner à une véritable opération de gaspillage des deniers publics. Il est évident que ce genre de pratique entraîne l’incivisme fiscal. En effet, lorsque le contribuable est convaincu que sa contribution sert effectivement à couvrir les charges publiques, il ne rechignera pas à s’acquitter de ses obligations. D’où l’impérieuse nécessité de mener une meilleure politique de répartition et de procéder à l’optimisation de notre politique fiscale pour un meilleur rendement de l’impôt. Nous avons suivi avec déception la demande formulée par une certaine catégorie d’éditeurs de presse visant à bénéficier d’une amnestie fiscale et la promesse démagogique qui s’en est suivie. Nous saisissons l’occasion pour sensibiliser les parlementaires à ne point voter ce projet au cas où il serait soumis à leur appréciation car non seulement l’idée pour ne pas dire le projet constitue une hérésie fiscale aux yeux des citoyens épris de justice sociale et du sens de l’intérêt général, mais également il s’agit d’une énième dangerosité qui, sans aucun doute remettra en cause les fondamentaux républicains. Cette mesure est inique étant entendu que si on l’appliquait aux entreprises de presse, on devrait l’étendre aux autres entreprises et particuliers. La manne financière s’évalue à douze milliards d’après le ministre de l’information *. Cet argent pourrait être injecté dans les secteurs prioritaires comme l’éducation et la santé des populations. Par conséquent, si cette ardoise fiscale due par les entreprises de presse est effacée, elle sera supportée par les autres contribuables dans la mesure où toutes choses étant égales par ailleurs. Cela est injuste et dépourvu de sens dans une République qui se respecte dans la mesure où si toutes les entreprises en difficulté la demandaient, le budget national en souffrirait terriblement. Nous devons savoir raison garder. En lieu et place d’une amnestie fiscale, l’Etat pourrait initier un programme de mise à niveau des entreprises de presse afin de les pousser à la performance recherchée dans tout processus de création de richesses. Au demeurant, ce programme sera plus bénéfique pour la presse dont la mission de service public n’est plus à démontrer en ce qu’il permet de réfléchir sur les causes de ses difficultés dans l’optique de formuler une meilleure politique générale intégrant les stratégies marketing et financières susceptibles de booster leurs activités. En tout état de cause, il faut signaler que ces difficultés occasionnées par la conjoncture économique sont inhérentes à toute activité commerciale s’exerçant dans un environnement fortement concurrentiel. A cela s’ajoute la distribution tous azimuts de fortes sommes d’argent au profit de certains lutteurs, politiciens de services et thuriféraires du régime actuel qui non seulement ne s’acquittent pas de leurs obligations fiscales mais aussi ne contribuent guère à la formation du produit intérieur brut (PIB). Cette pratique est destructrice de valeur ajoutée et corrosive au point de vue économique dans un contexte de pauvreté dans lequel le pays manque de tout, même les besoins sociaux les plus basics. La problématique posée ici est la répartition des ressources publiques qui relève de la responsabilité exclusive du Gouvernement. Nous pensons que le Gouvernement doit revenir à l’orthodoxie financière, au respect des principes républicains en vue de garantir l’égalité des citoyens devant la loi et l’équilibre de la Nation. Par conséquent, le Chef du bataillon bleu doit savoir qu’il ne s’éternisera pas au pouvoir par ces pratiques qui ne l’honorent pas et qui participent à la destruction massive des valeurs culturelles de l’homosenegalensis. A bon entendeur salut.

* in émission opinion Walf TV
Lundi 10 Octobre 2011
Babacar DIOP