Des experts du Fonds Monétaire International (FMI) s’amènent à Dakar. Les propos de Mesmin Koulet-Vickot, représentant-résident de FMI à Dakar, sont révélateurs : « Nous n’avons pas encore pu aller au fond des choses. La mission qui arrive va permettre de visiter les services, de faire en quelque sorte l’état des lieux et ainsi évaluer la gestion du trimestre de l’année en cours, avant que nous ne puissions faire des projections macroéconomiques. » C’est que les bandits de la finance mondiale nous tiennent au collet pendant que la classe politique sautille et s’agite pour faire signe de vie. Le Tigre, sa tigritude et la proie.
Les partenaires économiques exercent leur tutelle jusque dans l’orientation, l’arbitrage et la planification budgétaires. La marge de manœuvre de l’action publique nationale est noyée par l’omniprésence des bailleurs de fonds. Les ressources injectées par ces curateurs publics réduisent l’État et ses ouailles à l’interprétation du solfège de Sa Majesté le Capital. Le caractère dépressif des mesures de stabilisation préconisée est difficilement conciliable avec les promesses fermes de réduction du coût de la vie.
Le Ghana avait théorisé la fin de la dépendance à l’aide internationale et s’était refusé à demander de l’aide du FMI. Par la suite, son revirement renseignait sur la nécessité d’une intelligence d’approche en matière de coopération internationale. Avec une inflation à 27% et une dette dépassant les 80% du PIB, le président Nana Akufo-Addo a dû solliciter de nouveau l’aide financière du FMI, quelques jours après des manifestations organisées à Accra contre la vie chère. Ce dernier avait bâti sa popularité sur le slogan « le Ghana sans aides », indépendance économique vis-à-vis de l’occident.
Pour sortir de l’engrenage, il ne suffira pas de se braquer pour faire sexy ni de collaborer pour passer bon élève. L’une comme l’autre posture nous maintient engourdis dans la précarité en nous fixant inconfortablement sur la défensive. Il doit être question de sortir de la logique de dépendance en privilégiant la diversité et en se départant des complexes insufflés. Pour ce faire, il faudra à coup sûr explorer la voie des économies d’échelle et ne plus se cantonner dans des grandeurs macroéconomiques.
Birame Waltako Ndiaye