18e Sommet de la Francophonie : "Il faut prendre en charge le côté sombre de l’outil numérique par une règlementation appropriée, en particulier des réseaux sociaux" (Macky Sall).


Dans le cadre du 18e Sommet de la Francophonie, le président de la République Macky Sall a tenu un discours à l'occasion de la séance thématique sur le numérique, outil prioritaire de la Francophonie (Djerba, Tunisie).
 
Le président de l'UA est revenu sur les avantages du numérique notamment en période de Covid en facilitant les interactions à distance et les inconvénients en terme de cybercriminalité et toutes sortes de dérive.
 
Le président Macky Sall a appelé à une coopération franche entre les États francophones pour un partage des savoirs en vue d'une meilleure organisation de cet espace.
 
Voici son discours...
 
 
"Monsieur le Président Kaïs Saïed, Chers collègues, Mesdames, Messieurs les Ministres, Madame la Secrétaire générale, Mesdames, Messieurs. Je voudrais d’abord vous remercier, Monsieur le Président Kaïs Saïed, pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité conviviale que vous nous avez encore réservé, après la TICAD 8 en août dernier à Tunis. La thématique sur le numérique comme outil prioritaire de la Francophonie soulève en filigrane plusieurs questions, en raison de l’ambivalence même des bouleversements générés par la transformation digitale. Le numérique nous facilite et nous complique la vie à la fois. La révolution du digital continue en effet de transformer de façon positive l’économie et la vie quotidienne, en ouvrant des perspectives et des opportunités toujours plus vastes et plus pormetteuses. Mais par ses dérives multiformes, elle impacte négativement la vie privée des gens, les systèmes sécuritaires, politiques et économiques, en même temps qu’elle porte atteinte à l’ordre social. Elle pose également d’autres défis majeurs liés à la protection des données personnelles, à la place de l’humain dans le processus de production, à la fiscalité des entreprises du numérique et à la diffusion à grand débit des fake news. Mais comme on n’arrête pas le progrès, il faut continuer à soutenir le développement de l’économie numérique. Nous avons d’ailleurs vu comment au plus fort de la pandémie, le digital est venu au secours de la santé, de l’éducation, du commerce et du travail. Mais pour faire du numérique un vrai outil au service de la Francophonie, il me semble important de coopérer davantage au sein de l’espace francophone pour satisfaire quelques préalables notamment : réduire le gap numérique par des investissements plus soutenus dans les TICs dans les pays encore en retard ; créer un environnement propice à la formation de jeunes talents et à l’éclosion de l’écosystème des start up. Partout dans nos pays, il y a un formidable potentiel chez les jeunes dans ce domaine, utiliser davantage les ressources digitales disponibles pour soutenir l’éducation et la formation (par exemple, au Sénégal l’UVS). Enfin, et ce n’est pas le moindre des préalables, il faut résoudre la question de l’accès à l’électricité pour certaines zones, notamment rurales. On ne peut pas se connecter sans électricité. De plus, l’accès à l’électricité est un impératif d’équité territoriale et de justice sociale. Il me semble important que la Stratégie de la Francophonie numérique 2022-2026 intègre ces aspects pour atteindre l’objectif qu’elle s’est fixée d’un espace numérique plus inclusif au service de l’humain. Il faut en même temps prendre en charge le côté sombre de l’outil numérique par une règlementation appropriée, en particulier des réseaux sociaux. Il ne s’agit pas d’étouffer la liberté des personnes ou des entreprises, mais d’en limiter les abus, parce qu’il n’y a pas de liberté absolue. Une liberté sans limite porte atteinte à celle des autres et mène à l’anarchie. L’espace francophone devrait davantage œuvrer à une meilleure coopération en termes de renforcement des capacités humaines et matérielles, et d’échange d’informations sur la cybercriminalité pour mieux tirer parti de la transformation digitale en faisant face à ses dérives. À titre d’exemple, je pourrais citer ici l’École de cybersécurité à vocation régionale de Dakar, produit de la coopération franco-sénégalaise. Je vous remercie".
 
 
Samedi 19 Novembre 2022
Dakaractu