Dakaractu : Les dernières nouvelles font état de l’achat de Tigo par le patron du groupe Wari, pouvez-vous nous révéler comment la transaction s’est faite ? Maintenant que la transaction est officialisée, pouvez-vous nous dire à combien elle s’élève ?
C’est une information publique maintenant, cela a été annoncé. Je vous invite à aller sur notre page Milicom et vous aurez tous les détails de la transaction et aussi le montant. C’est déjà publié dans notre page Web.
Peut-on dès lors considérer TIGO comme un produit local ?
Tigo a toujours été un produit local, je pense. Tous les produits que nous offrons dans la compagnie ont été créés au Sénégal. Donc, bien sûr, ce sont des produits locaux et cela ne va pas changer. Milicom est une multinationale certes, mais nous avons une équipe locale qui comprend le marché, Tigo est un produit local.
Pourquoi Milicom, la maison-mère de l’opérateur, a décidé de vendre ses actifs au Sénégal ?
C’était une décision difficile à prendre croyez-moi, en particulier à cause des bons résultats que nous avons réalisés ces trois dernières années. Nous avons beaucoup investi dans le pays, notre marque s’est beaucoup améliorée en perception, nous avons une équipe très passionnée, engagée, et très professionnelle. Mais, comme vous le savez, nous avons des responsabilités envers les actionnaires. Le groupe Wari est venu avec une offre très intéressante et nous pensons que c’est une grande opportunité pour amener nos deux compagnies à un niveau supérieur. En réalité, cette convergence avec les services financiers et les services télécoms est le futur. En fait, c’est la première fois qu’une compagnie de télécoms est rachetée par un opérateur financier. C’est une grande opportunité, la première en Afrique de voir réellement la convergence dans le monde digital, entre les services financiers et de télécommunications. Donc je suis sûr que le marché Sénégalais verra beaucoup d’innovations découlant de cela, et beaucoup d’offres pertinentes pour s’ouvrir au monde. C’est une fusion très attrayante. Donc Milicom a eu raison d’accepter cette offre du groupe Wari.
La presse avait annoncé récemment votre démission pour rejoindre un groupe installé dans un des pays du Golfe était-ce un signe annonciateur de ce qui vient d’être conclu ?
Cela n’a rien à voir avec la vente de la compagnie. Je voudrais exprimer ma gratitude au groupe Millicom. J’ai passé huit ans avec eux, et ils auraient souhaité que nous continuions ensemble. Mais c’est une décision familiale. Ma famille et moi avons passé huit ans en Afrique. Je pense que c' est le moment de continuer ma carrière dans un continent où je n’ai pas encore travaillé : l’Asie. J’ai voulu d’ailleurs reconsidérer mon projet de départ avec l’arrivée de cette transaction car c’est réellement un challenge attractif et important dans notre industrie. Mais j’ai finalement décidé pour des raisons familiales. Il n’y a vraiment aucun lien avec la vente de la compagnie.
Coïncidence pour coïncidence on parlait de votre démission alors que Tigo faisait l’objet d’un redressement fiscal de 5 milliards de francs CFA. La direction des Impôts, avait même lancé un Avis à tiers détenteur, avant de recueillir un milliard des comptes bancaires de l’opérateur de téléphonie mobile. Quelle est votre part de vérité ?
Toutes les entreprises du Sénégal font face à ces défis à la fin de chaque année. Alors, comme elles, Tigo fait face à ces problèmes de taxes dans la gestion normale de son business. Nous avons réglé cette situation comme toute autre entreprise qui pourrait faire face à des paiements de taxes au Sénégal. Donc encore une fois, mon départ n’a rien à voir avec cela.
Quelle est la situation de l'entreprise que vous laissez au repreneur?
Je pense que le groupe Wari a vu la grande opportunité au regard des performances de la compagnie. Ces trois dernières années nous avons accru notre part de marché et augmenté nos revenus. Nous avons une croissance à deux chiffres ces deux dernières années. Nous avons lancé des innovations comme Tigo business pour nos clients corporate et Tigo cash qui est notre service financier mobile. Nous avons changé complètement notre portefeuille de produits et notre marque est aujourd’hui beaucoup plus forte. Tout cela pour dire que la trajectoire de la compagnie est très claire. C’est pourquoi il a été difficile de prendre la décision de vendre au niveau de Millicom car nous sommes en très bonne position et nous nous améliorons continuellement. Je suis très fier d’en parler. Cela a pu être possible car nous avons une équipe formidable, professionnelle et engagée.
Maintenant que vous partez, que va devenir le grand projet que vous aviez récemment initié, celui du Datacenter de Diamniadio?
C’est en cours. Je vous invite à y aller, les travaux sont en cours. Vous pouvez voir, y entrer et le visiter. Nous projetons d’ici à la fin du mois de mars de terminer les travaux et de le rendre fonctionnel. Rien ne change, nous poursuivons nos plans. Nous avons toujours les mêmes ambitions. Ce projet Datacenter continuera. Je peux vous dire que d’ici à la fin de mars vous verrez un Datacenter fonctionnel comme promis.
Vous partez alors que Tigo n’est pas encore détenteur de la 4 G, cela ne vous donne-t-il pas un goût d’inachevé ?
C’est toujours un plaisir d’avoir la 4G, surtout pour quelqu’un qui dirige une compagnie de télécommunication digitale. Cependant, le sujet est toujours d’actualité, il y a toujours des démarches en cours. En attendant nous nous concentrons sur ce que nous avons. Nous avons agrandi et amélioré notre réseau internet 3G. Nous offrons aujourd’hui de l’internet de haute qualité à nos clients. Et ça a été un grand facteur de notre croissance. Nous sommes très contents de la qualité de l’internet que nous fournissons aujourd’hui. Mais cela, c’est la technologie. Nous parlons aujourd’hui de 4 G, demain on parlera de 5G, 6G. Ceci va avec la mouvance quotidienne des compagnies de technologie, une compagnie digitale. Bien sûr en tant que Directeur général d’une compagnie de télécommunication, on n’aimerait offrir toujours plus à nos clients. Mais en attendant nous nous focalisons sur ce que nous avons et nous nous assurons que le client en tire le meilleur. Et je peux vous assurer et je pense que vous le savez notre internet est de haute qualité, et nos clients le reconnaissent.
Quel bilan tirez-vous de votre gestion à la tête de Tigo ?
Ce qui m’a marqué c’est l’équipe de Tigo Sénégal. J’ai du respect pour l’équipe que j’ai. J’ai une équipe formidable qui fait réellement la différence sur le marché, très engagée, très passionnée, et ils ont accepté le défi avec moi. Mes sentiments, mes remerciements vont à leur endroit car ils ont été vraiment fantastiques.
La position de Tigo dans le secteur des télécoms au Sénégal vous satisfait-elle, aujourd’hui que vous partez? Comment appréciez-
Vous savez, le marché de la téléphonie est un marché très concurrentiel. Mais c’est un environnement est assez positif, je dirais. Nous avons reçu le soutien des autorités, du gouvernement. Il y a de la concurrence certes, mais le plus important est que le marché soit équilibré. Et nous avons bénéficié du soutien des autorités pour améliorer cet équilibre sur le marché. C’est vraiment un bon partenariat qui a été mis en place .
Quels conseils donneriez-vous à Kabirou Mbodje qui va assurer la relève ?
Kabirou est un Directeur général très expérimenté. Ce qu’il a bâti à la tête du groupe Wari, est impressionnant. Je lui demanderais plutôt des conseils pour savoir comment il y est arrivé. Il a été entreprenant, il a construit un business assez grand, et aujourd’hui il veut accélérer sa croissance. Alors les conseils seraient plutôt dans l’autre sens.
Un mot sur votre présence au Sénégal ?
Je ne sens que de la gratitude envers le Sénégal. Ils m’ont accueilli ainsi que ma famille. Nous nous sommes sentis chez nous dès le premier jour, les gens sont formidables. Donc je n’ai rien d’autre à exprimer si ce n’est de la gratitude envers les autorités, ma grande équipe, le marché… Merci Sénégal ! C’est une grande partie de ma vie.
Peut-on savoir la prochaine destination de Diego Camberos et ses projets ?
Nous vivons dans un petit monde, spécialement dans l’univers des télécommunications. Je serais dans la télécommunication avec un groupe différent et un autre défi. On ne sait jamais. Je serai quelque part à côté...
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