En 1960, année de l’accession du pays à la souveraineté internationale, le Sénégal opte pour un modèle politique assez proche du modèle français antérieur à 1958, avec des pouvoirs très importants donnés au Président du Conseil un rôle limité au Président de la République. Cette répartition des pouvoirs va être au cœur d’une grave crise politique.
Elle oppose le Président du Conseil Mamadou Dia et le Président de la république Léopold Sédar Senghor, les deux chefs du premier exécutif sénégalais, en réalité déjà en désaccord à la veille de l’indépendance du Sénégal. En effet, en 1958, lorsque le Général De Gaulle propose un référendum aux différentes colonies françaises débouchant sur une communauté franco-africaine, les deux hommes font état, à Gonneville-sur-Mer, en Normandie, de leurs divergences. M. Dia souhaite la « rupture », alors que le Senghor propose le maintien du Sénégal dans une communauté avec la France. La seconde option l’emporte sur la première, mais, après l’indépendance, les divergences entre les deux hommes s’accentuent en outre sur la manière de gouverner le pays. (Cf. Repères chronologiques en pied de page)
En effet, selon la constitution initiale, Mamadou Dia, en sa qualité du Président du Conseil, représente le Sénégal sur le plan international. Senghor, qui, initialement, ne souhaitait pas être en charge de l’exécutif, finit par trouver cette situation inconfortable, lui l’Homme de lettres mondialement connu, car elle le prive d’une tribune internationale. En décembre 1962, après la tenue à Dakar d’un colloque international où Mamadou Dia tient un discours en totale contradiction avec les visions de Senghor et des ministres, la crise entre les deux chefs du pays atteint son paroxysme. Une grande partie des députés dépose une motion de censure. Le Président du Conseil Dia s’y oppose en faisant évacuer l’Assemblée par l’armée. Le 17 décembre 1962 au soir, la motion est néanmoins votée au domicile d’un député. Le lendemain, Mamadou Dia est arrêté avec plusieurs de ses amis. Du 9 au 13 mai 1963, il est jugé pour haute trahison par la Haute Cour et condamné à la déportation perpétuelle à l’extrême sud-est du Sénégal (Kédougou), à plus de 750 km de la capitale. Cet éloignement de Mamadou Dia [14] le prive du soutien de ses partisans qui se rassemblaient préalablement devant l’endroit où il était détenu à Dakar.
Il résulte de cette crise politique une importante révision constitutionnelle en 1963 avec la suppression du poste de premier Ministre et l’instauration d’un régime présidentiel.
Dr Seydou KANTE
seydoo@hotmail,com
Elle oppose le Président du Conseil Mamadou Dia et le Président de la république Léopold Sédar Senghor, les deux chefs du premier exécutif sénégalais, en réalité déjà en désaccord à la veille de l’indépendance du Sénégal. En effet, en 1958, lorsque le Général De Gaulle propose un référendum aux différentes colonies françaises débouchant sur une communauté franco-africaine, les deux hommes font état, à Gonneville-sur-Mer, en Normandie, de leurs divergences. M. Dia souhaite la « rupture », alors que le Senghor propose le maintien du Sénégal dans une communauté avec la France. La seconde option l’emporte sur la première, mais, après l’indépendance, les divergences entre les deux hommes s’accentuent en outre sur la manière de gouverner le pays. (Cf. Repères chronologiques en pied de page)
En effet, selon la constitution initiale, Mamadou Dia, en sa qualité du Président du Conseil, représente le Sénégal sur le plan international. Senghor, qui, initialement, ne souhaitait pas être en charge de l’exécutif, finit par trouver cette situation inconfortable, lui l’Homme de lettres mondialement connu, car elle le prive d’une tribune internationale. En décembre 1962, après la tenue à Dakar d’un colloque international où Mamadou Dia tient un discours en totale contradiction avec les visions de Senghor et des ministres, la crise entre les deux chefs du pays atteint son paroxysme. Une grande partie des députés dépose une motion de censure. Le Président du Conseil Dia s’y oppose en faisant évacuer l’Assemblée par l’armée. Le 17 décembre 1962 au soir, la motion est néanmoins votée au domicile d’un député. Le lendemain, Mamadou Dia est arrêté avec plusieurs de ses amis. Du 9 au 13 mai 1963, il est jugé pour haute trahison par la Haute Cour et condamné à la déportation perpétuelle à l’extrême sud-est du Sénégal (Kédougou), à plus de 750 km de la capitale. Cet éloignement de Mamadou Dia [14] le prive du soutien de ses partisans qui se rassemblaient préalablement devant l’endroit où il était détenu à Dakar.
Il résulte de cette crise politique une importante révision constitutionnelle en 1963 avec la suppression du poste de premier Ministre et l’instauration d’un régime présidentiel.
Dr Seydou KANTE
seydoo@hotmail,com
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