La médiation algérienne aux pourparlers de paix sur le Mali a présenté aux parties un nouveau projet d'accord, accueilli favorablement par le camp gouvernemental, mais avec réserves par la rébellion du nord du pays, a appris vendredi l'AFP auprès des intéressés.
Dans un souci d'équilibre entre les exigences contradictoires de souveraineté et d'autonomie, ce texte de 30 pages, comprenant trois annexes, dont l'AFP a obtenu copie, appelle à reconstruire l'unité nationale du pays sur des bases novatrices, qui respectent son intégrité territoriale, tiennent compte de sa diversité ethnique et culturelle.
Il mentionne l'Azawad, par laquelle les groupes rebelles à dominante touareg désignent cette région, comme une réalité socio-culturelle, mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du nord Mali.
Daté du 25 février au soir, le texte a été remis aux délégations jeudi, a indiqué le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop dans une déclaration à la presse à Alger.
Nous nous sommes félicités de la qualité de ce projet d'accord qui, de notre point de vue, est un document équilibré, a-t-il dit, souhaitant qu'un compromis se fasse rapidement autour de ce document.
Le ministre s'est réjoui qu'il ne soit pas question dans le projet de s'engager dans une fédération ou une autonomie quelconque et que l'intégrité territoriale du Mali, le caractère laïc et républicain de l'Etat, soient préservés en toutes circonstances.
Un représentant de la Coordination des mouvements de l'Azawad, qui regroupe les rebelles du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et du Mouvement arabe de l'Azawad-dissident (MAA-dissident), a en revanche indiqué que celle-ci ne s'était pas encore prononcée.
On est en train d'écouter les commentaires de la médiation. Dans la journée de demain (samedi) on va leur renvoyer le document avec quelques suggestions, a indiqué à l'AFP Mohamed Ousmane Mouhamedoun, expliquant qu'il s'agissait de rendre le document beaucoup plus comestible, acceptable par nous qui portons les revendications.
Notre souci est d'aller vers un accord. Depuis huit mois, nous avons fait le choix d'aller vers un accord, a-t-il assuré.
'Développement du Nord'
Un porte-parole des mouvements armés pro-gouvernementaux, Harouna Toureh, a salué un document équilibré, affirmant qu'il serait paraphé à Alger et signé à Bamako dans les prochains jours.
Les populations vont pouvoir se prendre en charge, assumer ensemble leur destin sans contrainte. Les questions de sécurité qui sont importantes pour la survie de notre pays sont au centre de cet accord, a-t-il dit à l'AFP.
Le projet prévoit l'instauration d'une période intérimaire de 18 à 24 mois dès la signature d'un accord de paix.
Pendant cette période, une Conférence nationale devra conduire un débat approfondi entre les composantes de la nation malienne sur les causes profondes du conflit, afin d'aboutir à une Charte pour la paix, l'unité et la réconciliation nationale.
Le texte propose la création d'Assemblées régionales élues au suffrage universel direct, dotées de pouvoirs importants, dirigées par un président élu lui aussi directement, ainsi qu'une plus grande représentation des populations du nord au sein des institutions nationales.
Le projet dispose qu'à partir de 2018 le gouvernement mette en place un mécanisme de transfert de 30 % des recettes budgétaires de l'Etat aux collectivités territoriales (...) avec une attention particulière pour les régions du Nord.
Il porte création d'une Zone de développement du Nord dotée d'une stratégie visant à le hisser au même niveau que le reste du pays en termes d'indicateurs de développement dans un délai de 10 à 15 ans.
Cette stratégie serait financée notamment par la communauté internationale, appelée à contribuer promptement et généreusement à une Conférence d'appel de fonds.
Sur le plan de la sécurité, le projet prévoit le déploiement progressif d'une armée restructurée, notamment par l'intégration de combattants des mouvements armés, avec des patrouilles mixtes au plus tard deux mois après la signature de l'accord, et la création d'une police territoriale.
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