J’ai beaucoup de respect pour Khalifa Sall. C’est un homme courtois, disponible, simple et j’ai toujours apprécié ses qualités. Mais hélas, en politique les erreurs se paient cash et il a commis de graves erreurs.
Il sait très bien que les mairies n’ont pas de caisse politique, ni de fonds occultes. En ancien ministre, il doit aisément comprendre que la nomenclature budgétaire sénégalaise, la charte des crédits publics, ne comporte pas de rubrique fonds spéciaux pour les collectivités locales. Dès lors, toute forme d’interprétation est erronée, voire ridicule. Dans cette affaire, il y a du faux et le témoignage du vendeur de café Touba dont la signature était usurpée chaque quinze jours par sa soeur, secrétaire de son directeur financier, montre largement que notre cher ami, Khalifa Sall a trempé dans un scandale financier sans précédent. Votre première erreur a été de signer pendant de longues années un document consistant à se faire livrer du riz et du mil en sachant que vous trichez. S’il s’agissait de fonds politiques, aviez-vous besoin de confectionner de faux documents, de faux bordereaux de livraison et j’en passe, pour se faire livrer du faux riz ou du faux mil ? L’État a-t-il besoin de tricher pour sortir ses propres ressources ? Il y a des fonds politiques à la Présidence, c’est connu. Il y a des fonds politiques à la Primature, c’est connu. Il y a des fonds politiques à l’assemblée nationale, c’est connu. Je suis conseiller municipal comme vous, dans les budgets qui nous sont présentés, il n’y a aucune rubrique dite fonds spécial. Si votre argument devrait prospérer toutes les municipalités auraient cette ligne de crédit et c’est pas possible. Je suis conseiller municipal, comme lui, c’est une rubrique qui ne figure nulle part dans le budget.
A mon avis, en attendant la dé-classification du rapport de l’Inspection générale d’Etat, qui va sans doute révéler d’autres secrets, je suis outré par les dépenses somptuaires du budget de la mairie de Dakar. Les dakarois et les dakaroises comme vous dites, doivent bien regarder les charges qui sont engagés en leurs noms. Prenez la rubrique, Fêtes et cérémonies publiques (hôtels et restauration, cérémonies officielles, réceptions publiques, locations de véhicules) : Le montant à dépenser est de 1 milliard 308 millions. Soit plus de 3, 5 millions par jour. Je veux bien savoir quelles sont les fêtes et cérémonies officielles auxquelles participe la mairie de Dakar pour dépenser autant. Et dans cette rubrique fourre-tout, on retrouve les frais d’hôtel. Pour qui ? Sans doute pour Khalifa Sall qui faisait la tournée des villes européennes, sans rien apporter à sa municipalité, les conventions internationales signées étant peu connues. L’édile de Dakar partageait sa vie entre les grands hôtels européens et les avions, passant plus de jours dans l’année à voyager que de temps de travail dans ses bureaux de l’hôtel de ville. Il faudrait bien aussi qu’il nous explique quels sont les restaurants qui ont consommé autant de crédit et qui conduisaient les véhicules loués pour autant d’argent.
Dans le budget 2017, la mairie de Dakar va dépenser 500 millions de carburant soit l’équivalent de 1700 litres par jour. Alors qu’il est convenu que seuls une bonne dizaine de membres de son administration ont droit à ce carburant pour moins de 100 litres par mois. Il est temps que Khalifa Sall et ses partisans expliquent comment et à qui ils ont donné ce carburant. Une telle dépense, en attendant que les corps de contrôle se prononcent sur cette rubrique, me paraît disproportionnée.
Il faudra aussi que Khalifa Sall nous explique comment il dépense 2 milliards pour acheter quelques milliers de litres de lait aux écoliers dakarois. Ce juteux marché est exécuté par l’un de ses amis appartenant à la communauté libanaise que nous connaissons tous. On voit souvent Khalifa Sall faire du sport sur la Corniche avec ce sénégalo-libanais et il partage avec lui beaucoup de choses…
Il faudra aussi que Khalifa Sall nous explique un jour combien de m2 de pavées il a fait à Dakar après avoir dépensé plus de 5 milliards et ce programme n’a jamais été terminé. Même pas 5 communes de Dakar n’ont reçu la visite de techniciens chargés de ce programme. Il faut qu’il nous explique également pourquoi ce programme n’a jamais repris.
Il faudra aussi que Khalifa Sall nous explique comment une centaine de « feux rouges » à Dakar ont coûté 2, 5 milliards soit 25 millions en moyenne par feu de signalisation ! S’il a une explication, on aimerait bien savoir.
Le maire de Dakar s’est fourvoyé. Si la gestion de la mairie de Dakar est fouillée de fond en comble, je suis persuadé que d’autres cafards seront découverts. Ceux qui pensent que le Président Macky Sall, le combat politiquement se trompent. Il n’appartient pas au Président Macky Sall de le protéger, ni de le couvrir.
El Malick Seck (Journaliste, homme politique et conseiller municipal à Thiès)
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