L’objectif de ce texte est de réfléchir sur les raisons de la nouvelle destination des immigrants notamment africains et maghrébins en provenance principalement des pays européens. Plutôt que de faire une approche comparative des modèles d’immigration, il serait peut-être plus pertinent de se questionner sur le phénomène de la deuxième émigration des travailleurs qualifiés et/ou étudiants étrangers faisant du Canada leur nouveau pays d’accueil et d’établissement.
L’immigration canadienne connaît de plus en plus de succès auprès des candidats potentiels à la migration internationale. L’année 2010 constitue une année record pour l’immigration aussi bien au niveau fédéral que provincial. En 2010, le Canada a accueilli 280 636 résidents permanents selon le rapport de Citoyenneté et Immigration publié en février 2011. La province québécoise a accueilli pour la même année 53 981 arrivants. Malgré la distance géographique, les températures et le climat canadien, la faiblesse des liens historiques entre le Canada et le continent africain (Maghreb et Afrique subsaharienne), pourquoi le Canada fait-il autant rêver des Africains et des Maghrébins? Dans un contexte de durcissement des conditions d’entrée et de séjour des étrangers dans la majorité des pays européens (France, Italie, Espagne, Belgique, Suisse etc.), le Canada devient-il par essence, par procuration ou par défaut un pays refuge?
Les universités et entreprises européennes forment des étudiants étrangers qui sont aussitôt recrutés par le Canada. L’immigration canadienne se démarque ainsi par un haut taux de scolarisation. L’Europe est devenue un tremplin des élites vers le Canada. Le Canada recrute ainsi des cerveaux qui ne lui ont rien coûté. Il profite de ce que nous appelons un produit fini dans le sens économique du terme ou un produit « clé en main ».
Une immigration permanente : un changement de statut et de paradigme
La plupart des immigrés africains et maghrébins (immigration non européenne) passent du statut d’étudiants étrangers en Europe à celui de travailleurs qualifiés, une catégorie économique de l'immigration canadienne. Le changement de statut entraîne par conséquent une différence fondamentale dans les paramètres d’accueil et d’intégration des nouveaux arrivants. En effet, les immigrants qui ont choisi le Canada sont entrés dans ce pays par des voies légales et normales en établissant un solide dossier leur permettant d’être sélectionnés parmi les meilleurs profils. Il faut préciser sur ce point que certains acteurs sociaux, politiques et économiques, notamment au Québec, demandent de plus en plus une meilleure évaluation de la grille de sélection en vue d’assurer une adéquation efficace entre les compétences des immigrants et les besoins réels de main-d’œuvre. Au Canada, les travailleurs qualifiés tout comme les étudiants étrangers ne sont pas confrontés à un système de changement de statut qui peut durer plusieurs années, contrairement à une situation souvent observée en Europe. Par exemple en France, et plus particulièrement sous des gouvernements de droite, un stress quotidien habite les demandeurs de changement de statut qui ne sont pas assurés de pouvoir résider sur le territoire même s’ils décrochent un contrat validé par l’employeur ( « circulaire du 31 mai relative à la maîtrise de l’immigration professionnelle »). Selon la chaîne de télévision française France 24, « le texte contesté [de Claude Guéant, ministre de l’Intérieur français] demande aux préfets d'instruire "avec rigueur" les demandes d'autorisation de travail des étudiants, et d'exercer un "contrôle approfondi" des demandes de changement de statut des étudiants étrangers. »
Même si la Circulaire Guéant a été récemment modifiée pour des raisons de maintien de «compétitivité des entreprises françaises (dans certains domaines nécessitant des compétences spécifiques de haut niveau)» et/ou des risques d’une image négative sur «l'attractivité du système d'enseignement supérieur [français] » , il demeure que les tracasseries administratives pour le renouvellement du titre du séjour ainsi que le «changement de statut d’étudiant étranger à salarié» irritent plusieurs diplômés étrangers originaires des pays colonisés. Tandis que le droit de résidence au Canada et la citoyenneté au bout de trois ans effectifs sur le territoire canadien placent les immigrants dans une position confortable. Le Canada étant par essence un pays d’immigration, il n’adopte pas des lois strictes et controversées sur l’immigration. La mentalité des Canadiens et leur vision positive de l’immigration sont complètement différentes de celles de certains Européens même si la politique canadienne d’intégration des immigrants n’est pas exempte de critiques. Des termes de délit d’immigration n’existent même pas ou presque pas dans le vocabulaire canadien contrairement aux pays cités plus haut.
Le Canada, une alternative au désenchantement sur l’Europe
Le Canada est le pays qui a été le plus épargné par la récession de 2008, ce qui confirme la solidité du modèle économique. La santé financière canadienne offre des possibilités d’intégration pour la catégorie de travailleurs qualifiés surtout ceux appartenant à des métiers techniques et spécialisés. Le Canada, contrairement à la France et l’Italie, n’est pas encore un pays saturé en matière d’immigration. Certains pays d’immigration à l’image de la France estiment avoir atteint leur niveau d’immigration. Le Canada devient ainsi l’alternative de fait pour la mobilité internationale. Dans certains pays européens, les gouvernements dirigés par les partisans de la politique de droite, pour détourner les véritables enjeux de leur société, pointent du doigt l'immigration perçue comme la source de tous les maux de la société (Insécurité, délinquance, taux de chômage élevé de leurs citoyens, menace de l’équilibre social etc.). Les pays européens ne sont plus des pays d’immigration comme cela a été dans les années soixante où ils avaient besoin d’une immigration prolétarienne pour construire des routes, des ponts, des chemins de fers. La vieille Europe pense plus à trouver des solutions aux problèmes des travailleurs locaux qui sont confrontés à des chômages endémiques. Par exemple, la France qui accueille environ par an 200 000 étrangers (immigration légale composée de l’immigration familiale, l'immigration professionnelle, les étudiants et le droit d’asile) et reçoit sur son sol 200 000 à 400 000 clandestins (chiffres difficiles à évaluer) connaît un taux de chômage inquiétant. Si l’on en croit à la chaîne française France 24, « en octobre, le nombre de demandeurs d’emploi a battu un record depuis douze ans en s’élevant à 2 814 900 chômeurs.» Le célèbre journal français Le Monde nous apprenait qu’ « en 2010, l'immigration légale en France a augmenté d'environ 10,6 % en un an, à 188 780 arrivants, sous l'effet notamment d'une forte hausse du nombre d'étudiants, d'après des statistiques de FTA et de l'Office français de l'immigration (OFII). Ce chiffre global comprend l'immigration familiale (81 100 personnes, 4 % de plus qu'en 2009), l'immigration professionnelle (31 500 personnes, stable), le droit d'asile (10 340, stable) et les étudiants (65 840 personnes, en augmentation de 28,5 %). »
Une perception positive de l’apport des immigrants à la croissance et à la productivité des entreprises
En dépit de la non-reconnaissance des diplômes et des acquis par certains ordres professionnels et employeurs, le Canada reconnaît l’apport de l’immigration sur le plan économique, démographique, linguistique et socioculturel. Le Canada admet plus que n’importe quel pays au monde la valeur ajoutée de l’immigration. M. Lehouillier, le député libéral provincial de Lévis est d’avis que l’immigration est une valeur ajoutée et martèle cette vérité « (. ...) qu'on arrête de charrier au niveau de l'immigration, parce que, nous, on est conscients que l'immigration, c'est une force économique exceptionnelle pour le Québec. Alors, qu'en est-il des immigrants investisseurs? 3,4 milliards sont entrés au Québec depuis 2000 grâce aux immigrants, 350 millions investis dans des entreprises québécoises, 4 200 emplois créés dans les régions du Québec, 1 000 stages financés par des immigrants en entreprise.»
Le titre révélateur de La Presse canadienne du 14 avril 2010 « Le salut du régime de pensions passe par l'immigration » nous apprenait que « le ministre des Finances, Jim Flaherty, [avait] lancé des consultations pour réformer le régime de pensions. [Selon toujours, la Presse canadienne], le Canada devra accueillir environ 100 000 immigrants de plus par année pour accroître la productivité et aider à payer pour le régime de pensions, a estimé [le 13 avril] l'économiste en chef [Glen Hodgson] du Conference Board du Canada. » Cet organisme canadien spécialisé dans la recherche et l'analyse économique, ainsi que l'analyse des performances des politiques publiques avait organisé un sommet sur l’avenir des pensions. Les immigrants qui font partie de la solution de la croissance de la main-d’œuvre pourraient contribuer à l’économie canadienne en sauvant le système des retraites à condition qu’on utilise davantage leur plein potentiel. En clair, le sous-emploi des immigrants ne permet pas l’utilisation d’un plein potentiel.
L’immigration canadienne est un modèle inspirant certes mais l’intégration en emploi dans leur domaine de compétences des personnes immigrantes pourrait être nettement plus améliorée. L’immigration est à la fois un processus complexe, déchirant mais aussi porteur d’espoir. Les personnes immigrantes qui ont choisi le Canada ont décidé de traverser un continent avec en toile de fond plusieurs espoirs (meilleure prospérité économique, meilleur cadre de vie, meilleure éducation des enfants, meilleur espace démocratique, meilleur respect des libertés individuelles, etc.). Les étudiants étrangers choisissent également des universités qui ont une très bonne réputation. Les valeurs canadiennes et ou québécoises se traduisant entre autres, par l’idéal démocratique, la liberté d’expression, la liberté, la diversité, le respect réciproque, la possibilité de refaire une nouvelle vie, la réorientation de carrière, font partie, entre autres, des critères qui attirent de plus en plus d’immigrants. En plus de la qualité de la formation et des perspectives professionnelles, les étudiants étrangers comme les immigrants espèrent toujours que leur situation pourrait s’améliorer au Canada. La qualité de vie ainsi que la qualité des études canadiennes poussent les diplômés étrangers à choisir également le Canada dans l’espoir de changer de statut à la fin de leur formation ou à tout le moins de bénéficier d’une formation reconnue mondialement. Malgré la cherté des études comparativement à l' Europe, les diplômés internationaux décident de perfectionner leurs connaissances au Canada. Ce que le gouvernement fédéral actuel a compris. Selon la journaliste de La Presse Canadienne, Heather Scoffield, « le Canada aurait (…) l'intention d'accueillir davantage de «cols blancs» qui ont déjà vécu ou étudié au Canada. Cette catégorie a été créée en 2008 et le gouvernement conservateur croit qu'elle a réussi à attirer des immigrants qui s'intègrent facilement à la vie canadienne et se trouvent rapidement un emploi. Ottawa aurait ainsi l'intention d'accueillir l'an prochain 7000 immigrants de cette catégorie, soit le nombre le plus élevé jamais accueilli, mais une hausse modeste de 8 pour cent par rapport aux 6500 accueillis en 2011. Le ministre Kenney[…] a aussi créé une nouvelle classe d'immigrants, qui permettra à un millier d'étudiants internationaux au doctorat de devenir des résidants permanents par le biais du Programme fédéral des travailleurs qualifiés, en autant qu'ils aient complété deux ans d'études en vue de l'obtention de leur doctorat. »
La différence de vision entre l’Europe et le Canada se manifeste dans la politique d'attractivité des étudiants internationaux : plus de 25 000 étudiants étrangers par année au Québec
Au moment où certains pays européens essaient de se débarrasser des étudiants étrangers, le Canada et en particulier le Québec leur font des yeux doux. Le Canada (5,5%) a certes un rattrapage à faire au niveau du recrutement des étudiants étrangers si l’on se fie au classement de « l'étude Regard sur l'éducation 2010 de l'Organisation de coopération et de développement économiques : États-Unis (18,7 %), le Royaume-Uni (10 %), l'Allemagne (7,3 %), la France (7,3 %) et l'Australie (6,9 %).»
En ce qui concerne la province de Québec, le programme de l’expérience québécoise (PEQ- étudiants étrangers et immigration temporaire), qui est en vigueur depuis le 14 février 2010 a délivré selon la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, Kathleen Weil, « 3 452 certificats de sélection dans le cadre de ce programme, dont 1 256 à des étudiants étrangers et 2 196 à des travailleurs temporaires » . Le gouvernement provincial libéral a compris l’avantage du recrutement des étudiants étrangers pour la société québécoise (élargissement du réseau, bonne connaissance de la culture organisationnelle, adéquation compétences et exigences des employeurs etc.). Il est certain qu’en regard de la politique européenne actuelle sur le durcissement des démarches administratives et financières pour l’obtention du visa, le renouvellement des titres de séjour ou les difficultés de changement de statut des étudiants étrangers, la destination québécoise sera encore privilégiée par ceux-ci. Pascale Breton du journal La Presse confirme cette tendance: « La proportion d'étudiants étrangers a bondi de 40% dans les universités québécoises au cours des dernières années. (…) La présence d'étudiants chinois, entre autres, s'est accrue de 161% entre 2001 et 2009, révèlent des données compilées par la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ). Les étudiants français, suivis de ceux des États-Unis, arrivent toutefois loin en tête. Une entente entre la France et le Québec, conclue il y a une quinzaine d'années, permet en effet aux étudiants français d'acquitter les mêmes droits de scolarité que les Québécois, au lieu des quelque 15 000$ par session (sic) généralement exigés aux étrangers. »
La journaliste Lisa-Marie Gervais, du quotidien indépendant Le Devoir soulignait dans un article «Portes ouvertes aux étudiants étrangers», la volonté du milieu de l’enseignement de cibler davantage le recrutement des étudiants internationaux : «(…) quelque 29 400 étudiants étrangers qui sont venus faire des études postsecondaires l'an dernier au Québec. C'est le double d'il y a cinq ans. Et cela ne s'arrête pas là. Les données préliminaires transmises par les différents établissements témoignent d'une forte augmentation de cette clientèle d'étudiants (non résidents) cette année, tant au cégep qu'à l'université. À telle enseigne que l'objectif de l'Initiative gouvernement-réseaux de l'éducation en matière de recrutement d'étudiants étrangers, établi en 2008, a été dépassé. Il est de 16 % alors qu'il était de 10 % sur trois ans. »
Les personnalités influentes qui sont favorables au recrutement massif des diplômés internationaux deviennent de plus en plus nombreuses. Le recteur de l’Université du Québec à Rimouski, Michel Ringuet, livrait une analyse pertinente sur la circulation des cerveaux (certains parleront de fuite des cerveaux) dans le cadre des audiences de la Commission de la consultation publique sur la planification de l’immigration au Québec pour la période 2012-2015. Selon lui, « la mobilité étudiante internationale (…) présente un énorme potentiel eu égard à l'immigration. De 2003 à 2008, cette mobilité a augmenté de 25 % mondialement parlant, atteignant 3 millions d'étudiants. Il y a 3 millions d'étudiants dans le monde qui circulent d'un pays à l'autre. Et, selon l'UNESCO, cette mobilité atteindra 7 millions d'étudiants en 2020. Les principaux critères privilégiés par les étudiants en mobilité sont la notoriété du pays, la langue d'enseignement, le coût des études, la réputation de l'institution, la possibilité d'immigration versus la complexité d'obtention de visas et la sécurité. »
L’ex-directrice du défunt Conseil des relations interculturelles, Patricia Rimok, abondait dans le même sens : « En ce qui concerne le cas des étudiants étrangers, nous considérons que c'est une source de croissance économique. En 2008, une étude identifiait le Canada comme l'un des pays de l'OCDE comptant le plus d'immigrants avec une scolarité universitaire, et ainsi la plus forte probabilité que des entrepreneurs immigrants créent des entreprises à succès. Le Québec fait bonne figure [poursuit-elle] quant à l'attraction des étudiants étrangers, une source importante de futurs entrepreneurs, si nous les incitons à s'établir avec leurs études. Environ 9 % des étudiants universitaires sont des étudiants étrangers, un tiers des étrangers qui viennent au Canada choisissent une université québécoise. [Mme Rimok exprime finalement son ardent souhait de voir le Québec poursuivre ses efforts dans le recrutement de la catégorie PEQ : - tout comme les étudiants étrangers, le Québec ne doit pas les [les immigrants investisseurs] laisser partir lorsque leur choix est de s'établir ailleurs que dans leur pays d'origine. »
Le Québec est gagnant sur toute la ligne avec le programme des étudiants étrangers qui confirme son rayonnement international. Il peut recruter les étudiants étrangers ayant un solide dossier et souligner leur intérêt à rester sur son territoire. Il pourra également bénéficier d’une bonne visibilité internationale. En clair, les étudiants étrangers deviennent des ambassadeurs du Québec à leur retour dans leur pays d’origine (transfert de connaissances et compétences, coopération interuniversitaire, possibilités de faire des affaires etc.). Le recrutement des étudiants étrangers est également une manne financière pour le gouvernement du Québec et les institutions d’enseignement. La journaliste Lisa-Marie Gervais est du même avis: « Il est vrai que les étudiants étrangers rapportent. Ils paient des droits de scolarité supérieurs — de 12 084 à 14 978 $ au total pour les universitaires étrangers et de 8000 à 15 000 $ pour les cégépiens, selon les programmes —, mais surtout, ils consomment. Selon une récente étude de la firme Roslyn Kunin and Associates, les étudiants étrangers génèrent 6,5 milliards de retombées économiques, dont environ un milliard au Québec. »
La comparaison du modèle d’immigration du Canada (Plus de 34 millions d'habitants) se fait souvent avec l’Australie (environ 18 millions d’habitants) et certains acteurs invitent même le Québec (8 millions d’habitants) à s’inspirer de plusieurs politiques de l’Australie pour son mode de sélection des travailleurs qualifiés et des travailleurs temporaires, sa politique d’attraction et de rétention des étudiants étrangers et des immigrants investisseurs, etc.
Sur le plan ethnoculturel, le recensement de 2006 indiquait la présence de plus de 215 origines ethniques au Canada. Ce qui prouve que ce pays considéré par certains comme le « Nouveau Monde » est multiculturel. La proportion de personnes nées à l’étranger qui est très élevée démontre la diversité ethnique de la population. Au Canada, une personne sur trois est d’une origine ethnique autre qu’anglaise ou française. « Démographie canadienne-Fort taux d'immigrants » (19,8 % de la population canadienne est née à l'étranger. Ce taux classe le Canada au deuxième rang des pays les plus multiculturels, derrière l'Australie, mais devant les États-Unis. Aux antipodes, 22,2 % de la population australienne est née à l'étranger tandis que chez nos voisins du Sud [États-Unis], cette proportion tombe à 12,5 %, conclue Radio-Canada.) Les projections démographiques d’ici 2031 annoncent une diversité ethnoculturelle encore plus grande de la population canadienne. Selon Statistique Canada, les groupes de minorités visibles représenteraient 63 % de la population à Toronto dans la province ontarienne, 59 % à Vancouver dans la province de la Colombie-Britannique et 31 % à Montréal pour le Québec.
En définitive, les Néo-Canadiens apprécient à sa juste valeur le fait que la population locale ne leur demande pas continuellement la date de retour définitif dans leurs pays d’origine, de croire en un avenir radieux pour leurs enfants et le fait d’être considéré comme citoyen à part entière. Les diplômés étrangers originaires des pays colonisés par la France et la Belgique préfèrent braver le fameux froid canadien (le choc thermique) au lieu d’être systématiquement pointés du doigt. Le durcissement des conditions d’entrée des immigrés, le discours anti-immigrés, la propagande de la droite populiste, la peur et la stigmatisation des minorités, la banalisation du racisme dans les pays européens inciteront davantage les immigrants à choisir le Canada comme pays d’installation participant ainsi au « mythe canadien ».
L’émission Un œil sur la planète de France 2 animée par Thierry Thuillier dont le thème était « Pourquoi le Canada fait-il rêver? » a beaucoup contribué à renforcer la destination Canada. Cette émission est de notre point de vue, l’un des meilleurs reportages sur le choix du Canada par les immigrants. À travers différents reportages (Le paradis de l’immigration?, Le nouvel eldorado?, Le modèle canadien, Nos cousins d’Amérique), cette émission décrit en effet, avec objectivité et sans complaisance, les opportunités économiques, la richesse de la diversité, les limites du multiculturalisme, les lacunes du système de santé, la dualité Canada-Québec tout comme la face cachée de l’immigration canadienne ou le mirage canadien.
Vous désirez commenter cet article? doudouqc@yahoo.ca
L’auteur est sociologue et conférencier.
L’immigration canadienne connaît de plus en plus de succès auprès des candidats potentiels à la migration internationale. L’année 2010 constitue une année record pour l’immigration aussi bien au niveau fédéral que provincial. En 2010, le Canada a accueilli 280 636 résidents permanents selon le rapport de Citoyenneté et Immigration publié en février 2011. La province québécoise a accueilli pour la même année 53 981 arrivants. Malgré la distance géographique, les températures et le climat canadien, la faiblesse des liens historiques entre le Canada et le continent africain (Maghreb et Afrique subsaharienne), pourquoi le Canada fait-il autant rêver des Africains et des Maghrébins? Dans un contexte de durcissement des conditions d’entrée et de séjour des étrangers dans la majorité des pays européens (France, Italie, Espagne, Belgique, Suisse etc.), le Canada devient-il par essence, par procuration ou par défaut un pays refuge?
Les universités et entreprises européennes forment des étudiants étrangers qui sont aussitôt recrutés par le Canada. L’immigration canadienne se démarque ainsi par un haut taux de scolarisation. L’Europe est devenue un tremplin des élites vers le Canada. Le Canada recrute ainsi des cerveaux qui ne lui ont rien coûté. Il profite de ce que nous appelons un produit fini dans le sens économique du terme ou un produit « clé en main ».
Une immigration permanente : un changement de statut et de paradigme
La plupart des immigrés africains et maghrébins (immigration non européenne) passent du statut d’étudiants étrangers en Europe à celui de travailleurs qualifiés, une catégorie économique de l'immigration canadienne. Le changement de statut entraîne par conséquent une différence fondamentale dans les paramètres d’accueil et d’intégration des nouveaux arrivants. En effet, les immigrants qui ont choisi le Canada sont entrés dans ce pays par des voies légales et normales en établissant un solide dossier leur permettant d’être sélectionnés parmi les meilleurs profils. Il faut préciser sur ce point que certains acteurs sociaux, politiques et économiques, notamment au Québec, demandent de plus en plus une meilleure évaluation de la grille de sélection en vue d’assurer une adéquation efficace entre les compétences des immigrants et les besoins réels de main-d’œuvre. Au Canada, les travailleurs qualifiés tout comme les étudiants étrangers ne sont pas confrontés à un système de changement de statut qui peut durer plusieurs années, contrairement à une situation souvent observée en Europe. Par exemple en France, et plus particulièrement sous des gouvernements de droite, un stress quotidien habite les demandeurs de changement de statut qui ne sont pas assurés de pouvoir résider sur le territoire même s’ils décrochent un contrat validé par l’employeur ( « circulaire du 31 mai relative à la maîtrise de l’immigration professionnelle »). Selon la chaîne de télévision française France 24, « le texte contesté [de Claude Guéant, ministre de l’Intérieur français] demande aux préfets d'instruire "avec rigueur" les demandes d'autorisation de travail des étudiants, et d'exercer un "contrôle approfondi" des demandes de changement de statut des étudiants étrangers. »
Même si la Circulaire Guéant a été récemment modifiée pour des raisons de maintien de «compétitivité des entreprises françaises (dans certains domaines nécessitant des compétences spécifiques de haut niveau)» et/ou des risques d’une image négative sur «l'attractivité du système d'enseignement supérieur [français] » , il demeure que les tracasseries administratives pour le renouvellement du titre du séjour ainsi que le «changement de statut d’étudiant étranger à salarié» irritent plusieurs diplômés étrangers originaires des pays colonisés. Tandis que le droit de résidence au Canada et la citoyenneté au bout de trois ans effectifs sur le territoire canadien placent les immigrants dans une position confortable. Le Canada étant par essence un pays d’immigration, il n’adopte pas des lois strictes et controversées sur l’immigration. La mentalité des Canadiens et leur vision positive de l’immigration sont complètement différentes de celles de certains Européens même si la politique canadienne d’intégration des immigrants n’est pas exempte de critiques. Des termes de délit d’immigration n’existent même pas ou presque pas dans le vocabulaire canadien contrairement aux pays cités plus haut.
Le Canada, une alternative au désenchantement sur l’Europe
Le Canada est le pays qui a été le plus épargné par la récession de 2008, ce qui confirme la solidité du modèle économique. La santé financière canadienne offre des possibilités d’intégration pour la catégorie de travailleurs qualifiés surtout ceux appartenant à des métiers techniques et spécialisés. Le Canada, contrairement à la France et l’Italie, n’est pas encore un pays saturé en matière d’immigration. Certains pays d’immigration à l’image de la France estiment avoir atteint leur niveau d’immigration. Le Canada devient ainsi l’alternative de fait pour la mobilité internationale. Dans certains pays européens, les gouvernements dirigés par les partisans de la politique de droite, pour détourner les véritables enjeux de leur société, pointent du doigt l'immigration perçue comme la source de tous les maux de la société (Insécurité, délinquance, taux de chômage élevé de leurs citoyens, menace de l’équilibre social etc.). Les pays européens ne sont plus des pays d’immigration comme cela a été dans les années soixante où ils avaient besoin d’une immigration prolétarienne pour construire des routes, des ponts, des chemins de fers. La vieille Europe pense plus à trouver des solutions aux problèmes des travailleurs locaux qui sont confrontés à des chômages endémiques. Par exemple, la France qui accueille environ par an 200 000 étrangers (immigration légale composée de l’immigration familiale, l'immigration professionnelle, les étudiants et le droit d’asile) et reçoit sur son sol 200 000 à 400 000 clandestins (chiffres difficiles à évaluer) connaît un taux de chômage inquiétant. Si l’on en croit à la chaîne française France 24, « en octobre, le nombre de demandeurs d’emploi a battu un record depuis douze ans en s’élevant à 2 814 900 chômeurs.» Le célèbre journal français Le Monde nous apprenait qu’ « en 2010, l'immigration légale en France a augmenté d'environ 10,6 % en un an, à 188 780 arrivants, sous l'effet notamment d'une forte hausse du nombre d'étudiants, d'après des statistiques de FTA et de l'Office français de l'immigration (OFII). Ce chiffre global comprend l'immigration familiale (81 100 personnes, 4 % de plus qu'en 2009), l'immigration professionnelle (31 500 personnes, stable), le droit d'asile (10 340, stable) et les étudiants (65 840 personnes, en augmentation de 28,5 %). »
Une perception positive de l’apport des immigrants à la croissance et à la productivité des entreprises
En dépit de la non-reconnaissance des diplômes et des acquis par certains ordres professionnels et employeurs, le Canada reconnaît l’apport de l’immigration sur le plan économique, démographique, linguistique et socioculturel. Le Canada admet plus que n’importe quel pays au monde la valeur ajoutée de l’immigration. M. Lehouillier, le député libéral provincial de Lévis est d’avis que l’immigration est une valeur ajoutée et martèle cette vérité « (. ...) qu'on arrête de charrier au niveau de l'immigration, parce que, nous, on est conscients que l'immigration, c'est une force économique exceptionnelle pour le Québec. Alors, qu'en est-il des immigrants investisseurs? 3,4 milliards sont entrés au Québec depuis 2000 grâce aux immigrants, 350 millions investis dans des entreprises québécoises, 4 200 emplois créés dans les régions du Québec, 1 000 stages financés par des immigrants en entreprise.»
Le titre révélateur de La Presse canadienne du 14 avril 2010 « Le salut du régime de pensions passe par l'immigration » nous apprenait que « le ministre des Finances, Jim Flaherty, [avait] lancé des consultations pour réformer le régime de pensions. [Selon toujours, la Presse canadienne], le Canada devra accueillir environ 100 000 immigrants de plus par année pour accroître la productivité et aider à payer pour le régime de pensions, a estimé [le 13 avril] l'économiste en chef [Glen Hodgson] du Conference Board du Canada. » Cet organisme canadien spécialisé dans la recherche et l'analyse économique, ainsi que l'analyse des performances des politiques publiques avait organisé un sommet sur l’avenir des pensions. Les immigrants qui font partie de la solution de la croissance de la main-d’œuvre pourraient contribuer à l’économie canadienne en sauvant le système des retraites à condition qu’on utilise davantage leur plein potentiel. En clair, le sous-emploi des immigrants ne permet pas l’utilisation d’un plein potentiel.
L’immigration canadienne est un modèle inspirant certes mais l’intégration en emploi dans leur domaine de compétences des personnes immigrantes pourrait être nettement plus améliorée. L’immigration est à la fois un processus complexe, déchirant mais aussi porteur d’espoir. Les personnes immigrantes qui ont choisi le Canada ont décidé de traverser un continent avec en toile de fond plusieurs espoirs (meilleure prospérité économique, meilleur cadre de vie, meilleure éducation des enfants, meilleur espace démocratique, meilleur respect des libertés individuelles, etc.). Les étudiants étrangers choisissent également des universités qui ont une très bonne réputation. Les valeurs canadiennes et ou québécoises se traduisant entre autres, par l’idéal démocratique, la liberté d’expression, la liberté, la diversité, le respect réciproque, la possibilité de refaire une nouvelle vie, la réorientation de carrière, font partie, entre autres, des critères qui attirent de plus en plus d’immigrants. En plus de la qualité de la formation et des perspectives professionnelles, les étudiants étrangers comme les immigrants espèrent toujours que leur situation pourrait s’améliorer au Canada. La qualité de vie ainsi que la qualité des études canadiennes poussent les diplômés étrangers à choisir également le Canada dans l’espoir de changer de statut à la fin de leur formation ou à tout le moins de bénéficier d’une formation reconnue mondialement. Malgré la cherté des études comparativement à l' Europe, les diplômés internationaux décident de perfectionner leurs connaissances au Canada. Ce que le gouvernement fédéral actuel a compris. Selon la journaliste de La Presse Canadienne, Heather Scoffield, « le Canada aurait (…) l'intention d'accueillir davantage de «cols blancs» qui ont déjà vécu ou étudié au Canada. Cette catégorie a été créée en 2008 et le gouvernement conservateur croit qu'elle a réussi à attirer des immigrants qui s'intègrent facilement à la vie canadienne et se trouvent rapidement un emploi. Ottawa aurait ainsi l'intention d'accueillir l'an prochain 7000 immigrants de cette catégorie, soit le nombre le plus élevé jamais accueilli, mais une hausse modeste de 8 pour cent par rapport aux 6500 accueillis en 2011. Le ministre Kenney[…] a aussi créé une nouvelle classe d'immigrants, qui permettra à un millier d'étudiants internationaux au doctorat de devenir des résidants permanents par le biais du Programme fédéral des travailleurs qualifiés, en autant qu'ils aient complété deux ans d'études en vue de l'obtention de leur doctorat. »
La différence de vision entre l’Europe et le Canada se manifeste dans la politique d'attractivité des étudiants internationaux : plus de 25 000 étudiants étrangers par année au Québec
Au moment où certains pays européens essaient de se débarrasser des étudiants étrangers, le Canada et en particulier le Québec leur font des yeux doux. Le Canada (5,5%) a certes un rattrapage à faire au niveau du recrutement des étudiants étrangers si l’on se fie au classement de « l'étude Regard sur l'éducation 2010 de l'Organisation de coopération et de développement économiques : États-Unis (18,7 %), le Royaume-Uni (10 %), l'Allemagne (7,3 %), la France (7,3 %) et l'Australie (6,9 %).»
En ce qui concerne la province de Québec, le programme de l’expérience québécoise (PEQ- étudiants étrangers et immigration temporaire), qui est en vigueur depuis le 14 février 2010 a délivré selon la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, Kathleen Weil, « 3 452 certificats de sélection dans le cadre de ce programme, dont 1 256 à des étudiants étrangers et 2 196 à des travailleurs temporaires » . Le gouvernement provincial libéral a compris l’avantage du recrutement des étudiants étrangers pour la société québécoise (élargissement du réseau, bonne connaissance de la culture organisationnelle, adéquation compétences et exigences des employeurs etc.). Il est certain qu’en regard de la politique européenne actuelle sur le durcissement des démarches administratives et financières pour l’obtention du visa, le renouvellement des titres de séjour ou les difficultés de changement de statut des étudiants étrangers, la destination québécoise sera encore privilégiée par ceux-ci. Pascale Breton du journal La Presse confirme cette tendance: « La proportion d'étudiants étrangers a bondi de 40% dans les universités québécoises au cours des dernières années. (…) La présence d'étudiants chinois, entre autres, s'est accrue de 161% entre 2001 et 2009, révèlent des données compilées par la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ). Les étudiants français, suivis de ceux des États-Unis, arrivent toutefois loin en tête. Une entente entre la France et le Québec, conclue il y a une quinzaine d'années, permet en effet aux étudiants français d'acquitter les mêmes droits de scolarité que les Québécois, au lieu des quelque 15 000$ par session (sic) généralement exigés aux étrangers. »
La journaliste Lisa-Marie Gervais, du quotidien indépendant Le Devoir soulignait dans un article «Portes ouvertes aux étudiants étrangers», la volonté du milieu de l’enseignement de cibler davantage le recrutement des étudiants internationaux : «(…) quelque 29 400 étudiants étrangers qui sont venus faire des études postsecondaires l'an dernier au Québec. C'est le double d'il y a cinq ans. Et cela ne s'arrête pas là. Les données préliminaires transmises par les différents établissements témoignent d'une forte augmentation de cette clientèle d'étudiants (non résidents) cette année, tant au cégep qu'à l'université. À telle enseigne que l'objectif de l'Initiative gouvernement-réseaux de l'éducation en matière de recrutement d'étudiants étrangers, établi en 2008, a été dépassé. Il est de 16 % alors qu'il était de 10 % sur trois ans. »
Les personnalités influentes qui sont favorables au recrutement massif des diplômés internationaux deviennent de plus en plus nombreuses. Le recteur de l’Université du Québec à Rimouski, Michel Ringuet, livrait une analyse pertinente sur la circulation des cerveaux (certains parleront de fuite des cerveaux) dans le cadre des audiences de la Commission de la consultation publique sur la planification de l’immigration au Québec pour la période 2012-2015. Selon lui, « la mobilité étudiante internationale (…) présente un énorme potentiel eu égard à l'immigration. De 2003 à 2008, cette mobilité a augmenté de 25 % mondialement parlant, atteignant 3 millions d'étudiants. Il y a 3 millions d'étudiants dans le monde qui circulent d'un pays à l'autre. Et, selon l'UNESCO, cette mobilité atteindra 7 millions d'étudiants en 2020. Les principaux critères privilégiés par les étudiants en mobilité sont la notoriété du pays, la langue d'enseignement, le coût des études, la réputation de l'institution, la possibilité d'immigration versus la complexité d'obtention de visas et la sécurité. »
L’ex-directrice du défunt Conseil des relations interculturelles, Patricia Rimok, abondait dans le même sens : « En ce qui concerne le cas des étudiants étrangers, nous considérons que c'est une source de croissance économique. En 2008, une étude identifiait le Canada comme l'un des pays de l'OCDE comptant le plus d'immigrants avec une scolarité universitaire, et ainsi la plus forte probabilité que des entrepreneurs immigrants créent des entreprises à succès. Le Québec fait bonne figure [poursuit-elle] quant à l'attraction des étudiants étrangers, une source importante de futurs entrepreneurs, si nous les incitons à s'établir avec leurs études. Environ 9 % des étudiants universitaires sont des étudiants étrangers, un tiers des étrangers qui viennent au Canada choisissent une université québécoise. [Mme Rimok exprime finalement son ardent souhait de voir le Québec poursuivre ses efforts dans le recrutement de la catégorie PEQ : - tout comme les étudiants étrangers, le Québec ne doit pas les [les immigrants investisseurs] laisser partir lorsque leur choix est de s'établir ailleurs que dans leur pays d'origine. »
Le Québec est gagnant sur toute la ligne avec le programme des étudiants étrangers qui confirme son rayonnement international. Il peut recruter les étudiants étrangers ayant un solide dossier et souligner leur intérêt à rester sur son territoire. Il pourra également bénéficier d’une bonne visibilité internationale. En clair, les étudiants étrangers deviennent des ambassadeurs du Québec à leur retour dans leur pays d’origine (transfert de connaissances et compétences, coopération interuniversitaire, possibilités de faire des affaires etc.). Le recrutement des étudiants étrangers est également une manne financière pour le gouvernement du Québec et les institutions d’enseignement. La journaliste Lisa-Marie Gervais est du même avis: « Il est vrai que les étudiants étrangers rapportent. Ils paient des droits de scolarité supérieurs — de 12 084 à 14 978 $ au total pour les universitaires étrangers et de 8000 à 15 000 $ pour les cégépiens, selon les programmes —, mais surtout, ils consomment. Selon une récente étude de la firme Roslyn Kunin and Associates, les étudiants étrangers génèrent 6,5 milliards de retombées économiques, dont environ un milliard au Québec. »
La comparaison du modèle d’immigration du Canada (Plus de 34 millions d'habitants) se fait souvent avec l’Australie (environ 18 millions d’habitants) et certains acteurs invitent même le Québec (8 millions d’habitants) à s’inspirer de plusieurs politiques de l’Australie pour son mode de sélection des travailleurs qualifiés et des travailleurs temporaires, sa politique d’attraction et de rétention des étudiants étrangers et des immigrants investisseurs, etc.
Sur le plan ethnoculturel, le recensement de 2006 indiquait la présence de plus de 215 origines ethniques au Canada. Ce qui prouve que ce pays considéré par certains comme le « Nouveau Monde » est multiculturel. La proportion de personnes nées à l’étranger qui est très élevée démontre la diversité ethnique de la population. Au Canada, une personne sur trois est d’une origine ethnique autre qu’anglaise ou française. « Démographie canadienne-Fort taux d'immigrants » (19,8 % de la population canadienne est née à l'étranger. Ce taux classe le Canada au deuxième rang des pays les plus multiculturels, derrière l'Australie, mais devant les États-Unis. Aux antipodes, 22,2 % de la population australienne est née à l'étranger tandis que chez nos voisins du Sud [États-Unis], cette proportion tombe à 12,5 %, conclue Radio-Canada.) Les projections démographiques d’ici 2031 annoncent une diversité ethnoculturelle encore plus grande de la population canadienne. Selon Statistique Canada, les groupes de minorités visibles représenteraient 63 % de la population à Toronto dans la province ontarienne, 59 % à Vancouver dans la province de la Colombie-Britannique et 31 % à Montréal pour le Québec.
En définitive, les Néo-Canadiens apprécient à sa juste valeur le fait que la population locale ne leur demande pas continuellement la date de retour définitif dans leurs pays d’origine, de croire en un avenir radieux pour leurs enfants et le fait d’être considéré comme citoyen à part entière. Les diplômés étrangers originaires des pays colonisés par la France et la Belgique préfèrent braver le fameux froid canadien (le choc thermique) au lieu d’être systématiquement pointés du doigt. Le durcissement des conditions d’entrée des immigrés, le discours anti-immigrés, la propagande de la droite populiste, la peur et la stigmatisation des minorités, la banalisation du racisme dans les pays européens inciteront davantage les immigrants à choisir le Canada comme pays d’installation participant ainsi au « mythe canadien ».
L’émission Un œil sur la planète de France 2 animée par Thierry Thuillier dont le thème était « Pourquoi le Canada fait-il rêver? » a beaucoup contribué à renforcer la destination Canada. Cette émission est de notre point de vue, l’un des meilleurs reportages sur le choix du Canada par les immigrants. À travers différents reportages (Le paradis de l’immigration?, Le nouvel eldorado?, Le modèle canadien, Nos cousins d’Amérique), cette émission décrit en effet, avec objectivité et sans complaisance, les opportunités économiques, la richesse de la diversité, les limites du multiculturalisme, les lacunes du système de santé, la dualité Canada-Québec tout comme la face cachée de l’immigration canadienne ou le mirage canadien.
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L’auteur est sociologue et conférencier.
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