En politique, dit-on, tous les coups sont permis. Même entre les militants de la première heure. Ceux qui ont fait les beaux jours d’une formation politique. Entre Ousmane Tanor Dieng et Khalifa Sall, c’était comme l’écorce et le bois. On n’y mettait jamais le doigt sans le regretter. Mais aujourd’hui, les relations se dégradent peu à peu, même si le discours est tout autre au sommet du Parti socialiste. Depuis quelque temps, on assiste à une véritable guerre froide entre les deux hommes. Une guéguerre que portent les jeunes selon qu’ils soient favorables à Khalifa Sall ou à Tanor. En atteste la récente sortie du Mouvement And Dolel Khalifa Sall qui demande au Secrétaire général du Parti socialiste de débarrasser le plancher au profit du Maire de Dakar. Raison de leur courroux, le Ps a besoin de faire sa mue. Une cure de jouvence qui exige une alternance générationnelle. Réponse du berger à la bergère, les socialistes favorables à Ousmane Tanor Dieng ne se sont pas fait prier pour apporter la réplique. Ils ont profité d’une visite de proximité que le Secrétaire général du Parti socialiste a effectuée dans la commune de Grand-Dakar pour demander à Ousmane Tanor Dieng de se représenter au prochain congrès du Ps. Toutefois, Khalifa Sall, a-t-il le charisme et les compétences pour présider aux destinées du Parti socialiste ? «Sur le plan purement administratif, l’homme s’inspire du Président Abdou Diouf. En politique, il a bien appris de Djibo Leyti Kâ et Boubacar Thioubou avant leur sortie du Ps», renseigne Ahma Diop, membre du Parti socialiste et témoin de la longue marche des socialistes. Quid des remous persistants au Parti socialiste? «Ce sont des militants venus au Ps dans les années 2000, précisément en 2004, qui veulent créer des problèmes au Parti, mais entre Khalifa Sall et Tanor Dieng, il ne peut y avoir de tiraillements», confesse notre interlocuteur. Depuis l’arrivée de Tanor au Parti socialiste, rappelle Ahma Diop, les deux hommes ont toujours regardé dans la même direction. «C’est à la faveur des renouvellements des instances du Parti dans les années 1990 que Tanor a pris les rênes de la coordination régionale de Thiès au détriment de André Sonko (ancien ministre de l’Éducation sous le Président Diouf), se souvient M. Diop. Entre 1995-96, poursuit-il, Khalifa Sall a été le maître-d’œuvre de l’installation de Ousmane Tanor Dieng comme Premier secrétaire du Ps. «Tout comme Khalifa Sall, Tanor Dieng a du mérite et c’est un homme qui sait bien s’inspirer du Président Abdou Diouf qui lui a tout donné», témoigne toujours Ahma Diop, qui cache mal son regret de voir son parti en proie aujourd’hui à des remous orchestrés par des jeunes favorables à tel ou tel autre responsable du Parti socialiste.
Le Ps guetté par le spectre de 2001
C’est l’histoire qui bégaie au Parti socialiste. On rappelle qu’aux lendemains de la débâcle des socialistes en 2000, de gros pontes du parti s’étaient donné rendez-vous au Méridien-Président pour exiger le départ de Tanor de la tête de leur formation politique. Parmi eux, des «amis» de l’actuel Secrétaire du Parti socialiste. Aux premières heures de la descente aux enfers du régime socialiste, des voix s’étaient élevées pour réclamer le départ de Tanor Dieng de la direction du Ps. Les contestataires n’étaient autres que les «amis» de l’ancien ministre des Affaires et services présidentiels. Khalifa Sall, Feu Pape Babacar Mbaye, Mme Cissé née Oulimata Diom, ancienne députée et Aminata Mbengue Ndiaye étaient les défenseurs inlassables du Premier secrétaire du Ps. Ces derniers se sont battus bec et ongles pour le maintien de l’ancien homme de confiance du Président Abdou Diouf à la tête du parti. Ils ont obtenu gain de cause, même si quelques responsables ont quitté la barque socialiste. Robert Sagna, Souty Touré, Mamadou Diop voguent aujourd’hui dans leurs propres eaux, avec des fortunes diverses. «Le Mouvement national des femmes avec Mme Aminata Mbengue Ndiaye et le Mouvement national des jeunesses socialistes, dirigé à l’époque par Feu Pape Babacar Mbaye ont joué un grand rôle pour la relance du parti», confesse Ahma Diop. Du sang neuf, des socialistes en réclament. Mais à quelques mois des élections locales de 2014, que gagnerait le Ps à se tirer dans les pattes? Les socialistes seraient-ils en train de secréter un venin qui ouvrira une ère d’incertitudes aux conséquences inestimables? Dans tous les cas, le dernier mot revient à la base qui devra choisir son leader. Ce qui n’est pas impossible avant les prochaines joutes électorales si le Congrès se tient à date échue.L'Observateur
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