DAKARACTU.COM Le Sénégal doit dédommager la société minière sud-africaine Kumba Resources, pour rupture abusive de contrat, à hauteur de 400 milliards de francs. Le cinquième de notre désuet budget national. Rien que ça. Comment en est-on arrivé là ? Par quelle turpitude un gouvernement a-t-il réussi à fâcher un partenaire stratégique aussi important que le groupe sud-africain en termes de minerai ? Amateurisme ? Veulerie ? Désinvolture ? Escroquerie ? Un peu de tout cela en fait. Tout commence le 7 juillet 2004, lorsqu’un contrat entre Kumba Resources et la Miferso établit un accord préalable régissant des recherches sur le minerai de fer dans la zone de Kédougou et Tambacounda. Tout de suite, 20 millions de dollars sont investis dans la prospection, Kumba Resources utilise son personnel le plus qualifié et des technologies de pointe. En janvier 2005, 6 tonnes de fer sont extraites, et 6 autres tonnes en février 2006. Mais tout d’un coup, Mittal Steel, qui s’était jeté dans la bataille en novembre 2005, déclare, nous sommes en février 2006, qu’il a signé avec le Sénégal un contrat d’exploitation avec la Miferso. Madické Niang est alors ministre des Mines. Mittal Steel met alors son poids dans la balance, avec son groupe Arcelor Mittal du richissime indien Lakshmi Mittal. Il offre 980 milliards et promet la construction de 311 kms de rails qui doivent aller du site de production à Tambacounda, plus le renforcement des 430 kms devant transporter le fer de la Falémé jusqu’à Bargny et son futur port minéralier. Les Indiens proposent de créer 4 000 emplois directs et 12 000 indirects. En fin novembre 2005, Madické Niang annonce aux Sud-africains de Kumba Resources, médusés, que l’option du gouvernement sénégalais est de travailler avec Mittal Steel, et propose de continuer à travailler avec eux dans une position minoritaire. Du coup, les choses s’accélèrent et, le 30 décembre 2005, la Miferso résilie son contrat avec Kumba Resources et contraint cette société sud-africaine à porter l’affaire en justice. Les deux parties vont au clash et l’arbitrage se termine par une condamnation du Sénégal qui demande à transiger en août 2010. L’arrangement transactionnel conclu entre l’état sénégalais et Kumba Resources laisse entrevoir pourtant que « Kumba Resources a pris en compte les intérêts du peuple sénégalais et précise qu’une part significative de la somme recouvrable sera engagée sur des projets sociaux et de développement au bénéfice du peuple sénégalais et ce sur une durée de cinq ans ». Ce qui devait s’élever à environ 11milliards. A quoi a-t-on joué (et perdu !!!) pour que tout cela capote et aboutisse à devoir régler en définitive une somme aussi astronomique ? Il semble que nos dirigeants de l’époque aient voulu faire un stupide bras de fer avec la société minière sud-africaine et n’aient pas pris en compte une donnée fondamentale : le poids de Kumba Resources et la puissance de frappe de son groupe, qui n’est autre que Anglo-American qui pèse pas moins de 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 60 milliards d’euros de capitalisation boursière, 200 000 employés dans 65 pays du monde et des filiales dans le diamant comme De Beers et Anglogold, sans compter des centaines d’avocats parmi les plus hargneux de la planète payés des millions de dollars, pour défendre de par le monde les intérêts de cette multinationale. Ce n’est pas faire injure à Me Elhadji Diouf et compagnie de dire que le Sénégal n’avait aucune chance de s’en sortir indemne. Qui va payer ? Continuité de l’Etat oblige, c’est nous qui allons débourser ces 400 milliards, à moins que quelques audités qui ont admis être pleins aux as et fiers de l’être, dans un accès de générosité patriotique, daignent faire un chèque au Trésor pour réparer cette grossière faute de gestion du régime libéral.
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