DAKARACTU.COM "C'est une situation très compliquée, nous avons fait toutes les démarches possibles, c'est le statu quo", a expliqué le consul honoraire du Sénégal à Monrovia.
Malick Sèye s'entretenait avec l'envoyé spécial de l'APS dans sa bijouterie implantée dans une avenue commerciale de Monrovia.
Trouvé sur les mêmes lieux, Edouard Nyafouna, qui fait office de porte-parole pour ces pêcheurs sénégalais, a rappelé que leur navire a largué les amarres en direction de la capitale libérienne le 6 novembre 2011.
"Nous avons signé un contrat dans lequel il était prévu que les captures soient débarquées tous les deux mois dans le port de Dakar", a indiqué le quadragénaire qui n'en est pas à sa première expérience avec cet armateur espagnol.
Ce dernier n'a "jamais respecté" le contrat, parce que les prises ont été débarquées à deux reprises à Abidjan (Côte d'Ivoire) et non à Dakar comme prévu, a souligné Edouard Nyafouna, qui conte son aventure avec force détails.
"Malgré ces manquements et d'autres encore, nous n'avons jamais soupçonné que ces problèmes nous tomberaient dessus", a-t-il dit, rappelant les assurances du consignataire sénégalais.
Arguant des problèmes de finances, le capitaine du bateau payait les salaires au compte-gouttes. En dépit de cela, les marins sénégalais et les autres, nantis de leur contrat à durée indéterminée, continuaient à faire leur travail correctement, a ajouté Nyafouna.
''L'activité de pêche se poursuivait aux larges de Monrovia et de Freetown", a-t-il poursuivi, rappelant que le groupe avait décidé de se plaindre au bureau de Dakar du retard des salaires et du non-respect du cahier des charges.
''Le bureau nous répondait que tout allait bien se passer et l'armateur espagnol s'engageait même à envoyer de l'argent dans des comptes bancaires au Sénégal pour nos familles'', a encore rappelé Edouard Nyafouna, relevant que tout cela n'a "jamais été respecté".
Mais le 14 février 2012, suite à des accusations de pêche illégale, la police sierra-léonaise, armée jusqu'aux dents, monte à bord du navire pour l'arraisonner sur ordre des autorités libériennes".
"Le 28 février de la même année, nous sommes arrivés sous forte escorte au port de Monrovia et malgré les tractations, les choses n'ont pas évolué jusqu'à nos jours", a-t-il indiqué, le regard vide, comme pour trouver un détail qui lui aurait échappé.
Malgré les nombreuses démarches, le bateau n'a pas été libéré et le capitaine qui était sur place, n'arrivait pas à faire bouger les choses, a-t-il ajouté, relevant que ce dernier a fait appel à ses responsables en Espagne.
''Quant à nous, en plus de nous devoir de l'argent, il n'arrivait plus à assurer notre dépense quotidienne", a-t-il relevé, avant de signaler que des démarches ont été entreprises auprès des autorités libériennes avec l'aide des ambassadeurs accrédités au Liberia.
Même le doyen du corps diplomatique, l'ambassadeur de Guinée, est intervenu auprès de la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf, mais rien n'a bougé. De même, le groupe a exigé le paiement intégral des salaires qui leur sont dus avant de rentrer sur Dakar.
Durant cette attente, deux marins ont perdu la vie, un Ghanéen le 19 août dernier et un Sénégalais (Séga Sow), suite à un accident du travail sur le bateau, quelques mois plus tard, a indiqué Edouard Nyafouna. Il a dit que malgré les démarches entreprises et l'arrivée du consignataire, le corps du Sénégalais est encore à la morgue de l'hôpital de Monrovia.
"Il est tombé dans les cales où étaient entreposés les fruits de la pêche et nous pensons que les produits chimiques qui servaient à la conservation du poisson sont à l'origine de son décès", a-t-il dit. Selon lui, deux marins sénégalais qui avaient tenté de le secourir s'étaient évanouis. Il a fallu l'intervention des secours pour les sauver.
"Nous dormions dans le bateau en hauteur à nos risques et périls, l'armateur étant rentré en catimini en Espagne faute d'avoir pu régler nos problèmes", a-t-il indiqué. La plupart des marins, viennent en ville le jour, pour tenter de trouver de quoi survivre, et la nuit, s'en vont dormir sur le bateau.
Edouard Nyafouna en appelle aux autorités sénégalaises pour qu'elles trouvent rapidement une solution à leurs difficultés afin qu'ils puissent retrouver leurs familles, sains et saufs.
Selon le consul honoraire du Sénégal à Monrovia, la complexité du problème s'explique notamment par le fait que l'armateur a déclaré ne pas pouvoir payer les sommes dues aux autorités libériennes.
"Nous essayons de faire ce qu'on peut pour nos compatriotes mais nos moyens d'intervention sont limités", a-t-il dit. Il a relevé, au sujet du marin décédé, que les autorités sanitaires libériennes attendent de faire une autopsie avant de rendre le corps à sa famille.
Le gouvernement libérien veut savoir les circonstances de sa mort, a précisé Malick Sèye. Or, a-t-il indiqué, le spécialiste n'étant pas présent actuellement à Monrovia, il attend l'arrivée autre expert du Ghana.
APS
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