Moroccoleaks : Sénégal-Maroc, commission rogatoire contre Karim Wade
En effet, dans une note adressée à la Très Haute Attention de Sa Majesté le Roi, publiée par le site : Diaspora Saharaui portant sur la commission rogatoire contre Karim Wade, le ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale marocain rappelle que «les autorités judiciaires sénégalaises ont saisi leurs homologues marocaines pour exécuter une commission rogatoire contre Mr. Karim WADE, fils de l’ex-Président du Sénégal et neuf de ses complices, aux motifs d’enrichissement illicite et corruption »….
«Selon ces autorités, les enquêtes menées ont révélé que Mr. Wade aurait bénéficié de la complicité de certaines personnes qui lui ont permis de prendre en totalité, ou une partie, le contrôle de plusieurs entreprises. La commission rogatoire cite entre autres, BMCE Capital », lit-on dans la même note qui précise «les autorités judiciaires sénégalaises demandent que la Commission rogatoire puisse être exécutée par la Justice marocaine avant fin septembre 2013 en procédant à : - l’identification et la saisie de l’ensemble des comptes et placements financiers sur lesquels les inculpés disposent directement ou indirectement d’un droit quelconque ; - la saisie de tous biens corporels ou incorporels, mobiliers ou immobiliers liés aux infractions commises par M. Wade et ses complices.
«Il est à noter à propos de cette affaire, que le Président Macky Sall n’est pas dans une position confortable. Il doit son ascension au Président Wade qui en avait fait son dauphin pour contrer les ambitions de l’ex Premier Ministre Idrissa Seck, avant de le faire démissionner de la présidence de l’Assemblée nationale à cause justement de Karim Wade. Il est obligé de donner des gages à son électorat et à l’opinion publique sénégalaise qui demandent des comptes sur la gestion du pays par le clan Wade. Mais la machine judiciaire qu’il avait mise en branle, semble aujourd’hui, lui échapper », informe la note.
Babacar DIALLO, un autre responsable sénégalais à la solde du Maroc
Il est le Directeur Général du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques de Dakar, Directeur de l’École Panafricaine d’Intelligence Économique et de Stratégie, et il a été recruté pour défendre à l'ONU la colonisation du Sahara Occidental par le Maroc.
« Monsieur DIALLO qui se trouve actuellement en France, sera de retour au Sénégal en début de la semaine prochaine. Une séance de travail est prévue avec lui, dès son arrivée, afin de mettre à sa disposition les informations nécessaires à l'enrichissement de son projet de déclaration, ainsi que le formulaire d'audience », dixit une note envoyée par le chargé d'affaires de l'ambassade du Maroc à Dakar, Hamid MECHINO.
Lors de son intervention devant l'Assemblée Générale de l'ONU en tant que pétitionnaire le 8 octobre 2014, « M. Babacar DIALLO, a déclaré que l’instrumentalisation du Front Polisario par une puissance étrangère constituait à son avis un facteur d’instabilité pour les régions du Maghreb et du Sahel, « d’autant que des informations font état d’une implication de ce groupe dans des trafics mafieux et de la symbiose de certains des membres du Front Polisario avec les groupes terroristes notamment AQMI ». Aucune organisation, à l’exception de l’Union africaine, n’a reconnu l’existence et la légitimité de cette « prétendue » République arabe sahraouie démocratique, proclamée par le Front Polisario, a-t-il souligné. Le pétitionnaire a, en conclusion, apporté son soutien au Maroc, qu’il considère comme un « acteur régional responsable et fiable».
Selon une autre note du ministère marocain des Affaires Étrangères, M. Diallo a été proposé par la DGED, les services de renseignements extérieurs du Maroc. Dakaractu avant publié en son temps le texte intégral du discours de Mr. Diallo (document du Ministère marocain des Affaires Étrangères)…
Quand Pierre Haski, Cofondateur du site Rue 89 publiait le 19/12/2014 à 11h39, un article intitulé «MarocLeaks : quand les barbouzes jouent à WikiLeak »
Depuis quelques semaines, le Maroc s’affole de révélations en cascade aux allures de WikiLeaks, avec une énorme différence : le lanceur d’alerte ressemble plutôt à un service de barbouzes. L’on se pose la question de l’alimentation de ce robinet à « fuites » sur le Makhzen, le pouvoir monarchique marocain. Pour la presse algérienne, il s’agit d’un « hacker marocain » ; mais pour le Maroc, ce sont les services de renseignement militaires algériens qui sont à la manœuvre.
Ce qui est sûr, c’est que contrairement à Edward Snowden ou Julian Assange, « Chris Coleman » reste anonyme, soigneusement caché derrière un pseudo de jazzman américain ou de... footballeur. Et que tout pointe plutôt vers les services algériens, engagés dans une opération de déstabilisation à l’ancienne du voisin, empruntant les habits neufs de la cyber-dissidence et des réseaux sociaux.
Les documents sont-ils authentiques ?
Les documents mis sur la place publique par « Chris Coleman » sont un mélange de mails privés et de documents issus du Palais royal et des institutions de la monarchie marocaine, y compris la mission marocaine à l’ONU, dont certains ont même concerné la vie privée de hauts responsables. Le gouvernement marocain a protesté, mais n’a pas nié leur authenticité, comme le fait observer sur Twitter, peut-être un peu vite, Ignacio Cembrero, un journaliste espagnol qui a eu maille à partir avec les autorités marocaines, et suit de près les affaires du Royaume :
« Cessez d’ergoter sur authenticité documents @chris_coleman24 ! Ils sont tous vrais. Pas de démenti du Maroc. » Manach décréta dans un deuxième temps, sur la base de l’étude technique d’« originaux » diffusés par « Coleman », qu’ils étaient « vraisemblablement » authentiques.
Piège d’hameçonnage
Un autre expert, marocain celui-là, El Mahdi El Mhamdi, polytechnicien et cofondateur du site Mamfakinch.com proche du mouvement du 20 Février né dans la foulée de la révolution tunisienne en 2011, analyse dans une chronique du site marocain Médias24 publiée jeudi la faiblesse de la sécurité informatique marocaine :
« Les différents échanges prouvent que Coleman avait réussi à infiltrer les boîtes e-mail des différents protagonistes marocains, chose rendue facile par leur souscription à des services de messagerie tels que yahoo.fr, et certainement par un piège d’hameçonnage pour vol de mot de passe qui leur aurait été tendu. Un tel piège est facile à mettre en place par toute personne ayant des connaissances rudimentaires en sécurité informatique, et l’éviter ne demande qu’un minimum de bonnes pratiques.
En 2011, on avait vu comment des membres du mouvement du 20 Février étaient tombés dans ce type de piège, et vu leur communication électronique publiée sur des sites confondant patriotisme zélé et presse à scandale. Il est aujourd’hui caricatural de voir de hauts commis de l’État tomber dans ce même piège soit directement, soit à cause de la vulnérabilité des boîtes e-mail d’un de leurs correspondants ».
Qui est derrière cette opération ?
« Chris Coleman » n’est vraisemblablement pas le « hacker marocain » que les médias algériens ont tenté de présenter. Il n’est pas non plus le pseudo du journaliste espagnol Ignacio Cembrero comme un journal algérien a tenté de le faire croire, sans doute un leurre pour brouiller les pistes.
Mercredi, une page Facebook nommée « Hawks Moroccan Sahara », se présentant comme des hackers « patriotiques » marocains, plus sûrement les services de renseignements marocains eux-mêmes, la DGED, a annoncé avoir pénétré les systèmes informatiques « adverses ». Ils estiment ainsi pouvoir affirmer que derrière ce pseudonyme se cachent des membres du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) algérien, le redoutable renseignement militaire, véritable État dans l’État. Selon eux, ce serait un agent algérien dénommé Mohamed Mahmoud Mbarek qui serait derrière cette opération. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Salah Eddine Mezouar, avait ouvertement accusé la veille les services algériens d’être derrière cette opération de « déstabilisation ».
Obsessions sahraouies et africaines
Il est évident que le Palais préfère une piste algérienne à celle d’opposants ou même d’un « lanceur d’alerte » marocain ; néanmoins, le comportement et le discours de « Chris Coleman » ne ressemblent guère à ceux d’un opposant de l’intérieur, mais plus aux obsessions sahraouies d’Alger (faisant écho à celles de Rabat...). C’est d’ailleurs sur un site pro-sahraoui et sur un quotidien algérien, Algérie patriotique, proche de l’ex-ministre de la défense et homme fort algérien Khaled Nezzar, que les révélations de « Chris Coleman » ont été initialement relayées. Ce n’est pas une découverte que les relations entre l’Algérie et le Maroc sont faites de sourde rivalité, avec d’occasionnels coups tordus et une frontière toujours fermée.
Ces derniers temps, cette rivalité politique et diplomatique a porté sur la zone sahélienne et la lutte anti-terroriste, qui font l’objet d’une lutte d’influence entre les deux pays, en particulier dans les pays d’Afrique subsaharienne. De quoi alimenter pour longtemps encore la rivalité entre les frères ennemis du Maghreb.
Qu’y apprend-on ?
Les révélations de « Chris Coleman » ont eu du mal à percer pendant plusieurs semaines, moins en raison d’une hypothétique autocensure des médias que de l’absence de révélations spectaculaires, et des ambiguïtés qui entourent ce personnage anonyme. On y trouve surtout la confirmation de l’énergie et des moyens déployés par le Maroc pour contrer tout ce qui pourrait affaiblir sa position diplomatique sur le conflit du Sahara occidental, qui a certes disparu depuis longtemps de l’écran radar du grand public, mais continue d’agiter les diplomaties à intervalles réguliers. Le Maroc déploie de grands efforts pour s’acquérir les soutiens, ou au moins la neutralité, de membres du Congrès américain, de pays éloignés de tout enjeu sahraoui mais disposant d’un vote-clé à l’ONU, et, évidemment, des médias. Cette diplomatie se fit souvent à coups de chèques, d’invitations, de cadeaux...
Le rôle d’Ahmed Charaï
C’est là qu’entre en scène le personnage d’Ahmed Charaï, l’homme qui, visiblement, a permis les fuites par ses imprudences informatiques (il utilise une adresse yahoo.fr dans ses échanges avec les services de renseignement ou de hauts responsables marocains). Ahmed Charaï apparaît dans ces documents que « Chris Coleman » a choisi de mettre en ligne, comme l’un des agents d’influence du Makhzen. Il s’est bâti en quelques années un petit empire de presse, avec une radio, un hebdomadaire, L’Observateur du Maroc, un temps la version francophone de la revue américaine Foreign Policy, et un réseau de contacts qu’il instrumentalise. Il fait partie, par exemple, du Board of Trustees de la revue Foreign Policy, aux États-Unis, une position qui s’achète à coups de dizaines de milliers de dollars, et lui donne accès au réseau des décideurs politiques et médiatiques américains en matière de politique étrangère.
Et c’est dans l’un de ses journaux que quatre journalistes français ont publié régulièrement des chroniques à sa demande. Il évoque dans un mail publié des sommes à verser aux journalistes, et se vante dans ses échanges avec les services de renseignement marocains que ses « amis » font du « bon boulot »…
Autant dire que cette nouvelle révélation sur le ministre Mankeur Ndiaye n’est pas une nouveauté… L’on est tenté de comprendre tous ces démentis des ministères des Affaires Étrangères des deux pays Sénégal et Maroc qui sont plus que jamais déterminés à préserver leurs relations diplomatiques ancestrales qui, accuse-t-on semblent faire des jaloux en Afrique Subsaharienne mais aussi en Afrique du Nord….
En effet, dans une note adressée à la Très Haute Attention de Sa Majesté le Roi, publiée par le site : Diaspora Saharaui portant sur la commission rogatoire contre Karim Wade, le ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale marocain rappelle que «les autorités judiciaires sénégalaises ont saisi leurs homologues marocaines pour exécuter une commission rogatoire contre Mr. Karim WADE, fils de l’ex-Président du Sénégal et neuf de ses complices, aux motifs d’enrichissement illicite et corruption »….
«Selon ces autorités, les enquêtes menées ont révélé que Mr. Wade aurait bénéficié de la complicité de certaines personnes qui lui ont permis de prendre en totalité, ou une partie, le contrôle de plusieurs entreprises. La commission rogatoire cite entre autres, BMCE Capital », lit-on dans la même note qui précise «les autorités judiciaires sénégalaises demandent que la Commission rogatoire puisse être exécutée par la Justice marocaine avant fin septembre 2013 en procédant à : - l’identification et la saisie de l’ensemble des comptes et placements financiers sur lesquels les inculpés disposent directement ou indirectement d’un droit quelconque ; - la saisie de tous biens corporels ou incorporels, mobiliers ou immobiliers liés aux infractions commises par M. Wade et ses complices.
«Il est à noter à propos de cette affaire, que le Président Macky Sall n’est pas dans une position confortable. Il doit son ascension au Président Wade qui en avait fait son dauphin pour contrer les ambitions de l’ex Premier Ministre Idrissa Seck, avant de le faire démissionner de la présidence de l’Assemblée nationale à cause justement de Karim Wade. Il est obligé de donner des gages à son électorat et à l’opinion publique sénégalaise qui demandent des comptes sur la gestion du pays par le clan Wade. Mais la machine judiciaire qu’il avait mise en branle, semble aujourd’hui, lui échapper », informe la note.
Babacar DIALLO, un autre responsable sénégalais à la solde du Maroc
Il est le Directeur Général du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques de Dakar, Directeur de l’École Panafricaine d’Intelligence Économique et de Stratégie, et il a été recruté pour défendre à l'ONU la colonisation du Sahara Occidental par le Maroc.
« Monsieur DIALLO qui se trouve actuellement en France, sera de retour au Sénégal en début de la semaine prochaine. Une séance de travail est prévue avec lui, dès son arrivée, afin de mettre à sa disposition les informations nécessaires à l'enrichissement de son projet de déclaration, ainsi que le formulaire d'audience », dixit une note envoyée par le chargé d'affaires de l'ambassade du Maroc à Dakar, Hamid MECHINO.
Lors de son intervention devant l'Assemblée Générale de l'ONU en tant que pétitionnaire le 8 octobre 2014, « M. Babacar DIALLO, a déclaré que l’instrumentalisation du Front Polisario par une puissance étrangère constituait à son avis un facteur d’instabilité pour les régions du Maghreb et du Sahel, « d’autant que des informations font état d’une implication de ce groupe dans des trafics mafieux et de la symbiose de certains des membres du Front Polisario avec les groupes terroristes notamment AQMI ». Aucune organisation, à l’exception de l’Union africaine, n’a reconnu l’existence et la légitimité de cette « prétendue » République arabe sahraouie démocratique, proclamée par le Front Polisario, a-t-il souligné. Le pétitionnaire a, en conclusion, apporté son soutien au Maroc, qu’il considère comme un « acteur régional responsable et fiable».
Selon une autre note du ministère marocain des Affaires Étrangères, M. Diallo a été proposé par la DGED, les services de renseignements extérieurs du Maroc. Dakaractu avant publié en son temps le texte intégral du discours de Mr. Diallo (document du Ministère marocain des Affaires Étrangères)…
Quand Pierre Haski, Cofondateur du site Rue 89 publiait le 19/12/2014 à 11h39, un article intitulé «MarocLeaks : quand les barbouzes jouent à WikiLeak »
Depuis quelques semaines, le Maroc s’affole de révélations en cascade aux allures de WikiLeaks, avec une énorme différence : le lanceur d’alerte ressemble plutôt à un service de barbouzes. L’on se pose la question de l’alimentation de ce robinet à « fuites » sur le Makhzen, le pouvoir monarchique marocain. Pour la presse algérienne, il s’agit d’un « hacker marocain » ; mais pour le Maroc, ce sont les services de renseignement militaires algériens qui sont à la manœuvre.
Ce qui est sûr, c’est que contrairement à Edward Snowden ou Julian Assange, « Chris Coleman » reste anonyme, soigneusement caché derrière un pseudo de jazzman américain ou de... footballeur. Et que tout pointe plutôt vers les services algériens, engagés dans une opération de déstabilisation à l’ancienne du voisin, empruntant les habits neufs de la cyber-dissidence et des réseaux sociaux.
Les documents sont-ils authentiques ?
Les documents mis sur la place publique par « Chris Coleman » sont un mélange de mails privés et de documents issus du Palais royal et des institutions de la monarchie marocaine, y compris la mission marocaine à l’ONU, dont certains ont même concerné la vie privée de hauts responsables. Le gouvernement marocain a protesté, mais n’a pas nié leur authenticité, comme le fait observer sur Twitter, peut-être un peu vite, Ignacio Cembrero, un journaliste espagnol qui a eu maille à partir avec les autorités marocaines, et suit de près les affaires du Royaume :
« Cessez d’ergoter sur authenticité documents @chris_coleman24 ! Ils sont tous vrais. Pas de démenti du Maroc. » Manach décréta dans un deuxième temps, sur la base de l’étude technique d’« originaux » diffusés par « Coleman », qu’ils étaient « vraisemblablement » authentiques.
Piège d’hameçonnage
Un autre expert, marocain celui-là, El Mahdi El Mhamdi, polytechnicien et cofondateur du site Mamfakinch.com proche du mouvement du 20 Février né dans la foulée de la révolution tunisienne en 2011, analyse dans une chronique du site marocain Médias24 publiée jeudi la faiblesse de la sécurité informatique marocaine :
« Les différents échanges prouvent que Coleman avait réussi à infiltrer les boîtes e-mail des différents protagonistes marocains, chose rendue facile par leur souscription à des services de messagerie tels que yahoo.fr, et certainement par un piège d’hameçonnage pour vol de mot de passe qui leur aurait été tendu. Un tel piège est facile à mettre en place par toute personne ayant des connaissances rudimentaires en sécurité informatique, et l’éviter ne demande qu’un minimum de bonnes pratiques.
En 2011, on avait vu comment des membres du mouvement du 20 Février étaient tombés dans ce type de piège, et vu leur communication électronique publiée sur des sites confondant patriotisme zélé et presse à scandale. Il est aujourd’hui caricatural de voir de hauts commis de l’État tomber dans ce même piège soit directement, soit à cause de la vulnérabilité des boîtes e-mail d’un de leurs correspondants ».
Qui est derrière cette opération ?
« Chris Coleman » n’est vraisemblablement pas le « hacker marocain » que les médias algériens ont tenté de présenter. Il n’est pas non plus le pseudo du journaliste espagnol Ignacio Cembrero comme un journal algérien a tenté de le faire croire, sans doute un leurre pour brouiller les pistes.
Mercredi, une page Facebook nommée « Hawks Moroccan Sahara », se présentant comme des hackers « patriotiques » marocains, plus sûrement les services de renseignements marocains eux-mêmes, la DGED, a annoncé avoir pénétré les systèmes informatiques « adverses ». Ils estiment ainsi pouvoir affirmer que derrière ce pseudonyme se cachent des membres du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) algérien, le redoutable renseignement militaire, véritable État dans l’État. Selon eux, ce serait un agent algérien dénommé Mohamed Mahmoud Mbarek qui serait derrière cette opération. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Salah Eddine Mezouar, avait ouvertement accusé la veille les services algériens d’être derrière cette opération de « déstabilisation ».
Obsessions sahraouies et africaines
Il est évident que le Palais préfère une piste algérienne à celle d’opposants ou même d’un « lanceur d’alerte » marocain ; néanmoins, le comportement et le discours de « Chris Coleman » ne ressemblent guère à ceux d’un opposant de l’intérieur, mais plus aux obsessions sahraouies d’Alger (faisant écho à celles de Rabat...). C’est d’ailleurs sur un site pro-sahraoui et sur un quotidien algérien, Algérie patriotique, proche de l’ex-ministre de la défense et homme fort algérien Khaled Nezzar, que les révélations de « Chris Coleman » ont été initialement relayées. Ce n’est pas une découverte que les relations entre l’Algérie et le Maroc sont faites de sourde rivalité, avec d’occasionnels coups tordus et une frontière toujours fermée.
Ces derniers temps, cette rivalité politique et diplomatique a porté sur la zone sahélienne et la lutte anti-terroriste, qui font l’objet d’une lutte d’influence entre les deux pays, en particulier dans les pays d’Afrique subsaharienne. De quoi alimenter pour longtemps encore la rivalité entre les frères ennemis du Maghreb.
Qu’y apprend-on ?
Les révélations de « Chris Coleman » ont eu du mal à percer pendant plusieurs semaines, moins en raison d’une hypothétique autocensure des médias que de l’absence de révélations spectaculaires, et des ambiguïtés qui entourent ce personnage anonyme. On y trouve surtout la confirmation de l’énergie et des moyens déployés par le Maroc pour contrer tout ce qui pourrait affaiblir sa position diplomatique sur le conflit du Sahara occidental, qui a certes disparu depuis longtemps de l’écran radar du grand public, mais continue d’agiter les diplomaties à intervalles réguliers. Le Maroc déploie de grands efforts pour s’acquérir les soutiens, ou au moins la neutralité, de membres du Congrès américain, de pays éloignés de tout enjeu sahraoui mais disposant d’un vote-clé à l’ONU, et, évidemment, des médias. Cette diplomatie se fit souvent à coups de chèques, d’invitations, de cadeaux...
Le rôle d’Ahmed Charaï
C’est là qu’entre en scène le personnage d’Ahmed Charaï, l’homme qui, visiblement, a permis les fuites par ses imprudences informatiques (il utilise une adresse yahoo.fr dans ses échanges avec les services de renseignement ou de hauts responsables marocains). Ahmed Charaï apparaît dans ces documents que « Chris Coleman » a choisi de mettre en ligne, comme l’un des agents d’influence du Makhzen. Il s’est bâti en quelques années un petit empire de presse, avec une radio, un hebdomadaire, L’Observateur du Maroc, un temps la version francophone de la revue américaine Foreign Policy, et un réseau de contacts qu’il instrumentalise. Il fait partie, par exemple, du Board of Trustees de la revue Foreign Policy, aux États-Unis, une position qui s’achète à coups de dizaines de milliers de dollars, et lui donne accès au réseau des décideurs politiques et médiatiques américains en matière de politique étrangère.
Et c’est dans l’un de ses journaux que quatre journalistes français ont publié régulièrement des chroniques à sa demande. Il évoque dans un mail publié des sommes à verser aux journalistes, et se vante dans ses échanges avec les services de renseignement marocains que ses « amis » font du « bon boulot »…
Autant dire que cette nouvelle révélation sur le ministre Mankeur Ndiaye n’est pas une nouveauté… L’on est tenté de comprendre tous ces démentis des ministères des Affaires Étrangères des deux pays Sénégal et Maroc qui sont plus que jamais déterminés à préserver leurs relations diplomatiques ancestrales qui, accuse-t-on semblent faire des jaloux en Afrique Subsaharienne mais aussi en Afrique du Nord….
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